Journal C'est à Dire 113 - Août 2006

L E P O R T R A I T

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Le jeune vice-président Philippe Monnet Depuis le mois de juin, Philippe Monnet a été nommé vice-président national des jeunes agriculteurs. En charge du dossier de l’implantation des jeunes, il travaille trois jours par semaine dans les couloirs des ministères et des administrations parisiennes. Jeunes agriculteurs

D epuis deux semaines déjà, Philippe Monnet n’est pas monté à Paris. Vacances syndicales obli- gent. Le reste du temps, ses semaines s’égrènent toujours selon le même rythme. Trois jours à Paris, quatre dans le Haut-Doubs à s’occuper de la ferme familiale isolée des environs de Trévillers. Presque une double vie, entre les tractations dans les bureaux feu- trés des ministères et les mont- béliardes à soigner dans la fer- me comtoise. Mais Philippe Monnet aime cela et n’envisage pas d’abandonner l’une de ses vies pour l’autre. “Quand on a pris des engagements, qu’on veut défendre “la cause”, on va jusqu’au bout. Je m’inté- ressais au niveau national, j’y suis allé. Mais mon métier, cela reste agriculteur” , dit-il d’un ton badin. C’était en juin dernier. Au congrès des Sables d’Olonne, ses pairs l’ont élu vice-président du syndicat natio- nal des jeunes agriculteurs - ils sont quatre en tout - pour deux ans. Une responsabilité nationa- le de plus, pas totalement nouvelle. Avant cela, Philippe Monnet avait déjà été deux ans durant le secré- taire général adjoint du mouve- ment syndical, proche de la F.N.S.E.A. et membre du bureau national. Entré dans le mouvement des jeunes agriculteurs à 18 ans, le gar- çon de 32 ans au visage encore pou- pin, a patiemment et rapidement gravi tous les échelons. “J’ai com- mencé par le groupe cantonal des jeunes agriculteurs de Maîche. On

la retraite, continue un petit éle- vage de porc. “Quand je suis à Paris, c’est souvent eux qui vien- nent voir si tout se passe bien, me donnent un petit coup de main” , dit-il. Pour le travail agricole, il a un remplaçant qui vient lorsqu’il n’est pas là. Dans le syndicat, le jeune homme a pris à bras-le-corps le dossier de l’installation des jeunes agricul- teurs. Son cheval de bataille. Chaque année, ce sont 16 000 agri- culteurs qui s’installent en Fran- ce, dont 10 000 ont moins de 35 ans, raconte le syndicaliste. Ces derniers mois, il a lutté pour que beaucoup de questions de finan- cement. On est en pleine période de renouvellement des plans État- Régions. Il faut faire le point avec les collectivités, voir ce qui a mar- ché” , énumère-t-il. À Paris, il enchaîne alors les ren- dez-vous dans les ministères de l’Agriculture et des Finances et les réunions du syndicat tous les mar- dis matin. Dans trois ans, Phi- lippe Monnet aura atteint la limi- te d’âge des jeunes agriculteurs. Poursuivre sa carrière à la F.N.S.E.A. ? “On verra. Il est pos- sible que je continue, mais cela fera déjà près de six ans que je serai au niveau national. J’ai aussi un tra- vail, une vie de famille…” S.D. la dotation dont béné- ficient les jeunes agri- culteurs lorsqu’ils s’im- plantent ne soit plus soumise à l’impôt sur le revenu. “En ce moment, on s’occupe

organisait des rencontres dans les collèges pour promouvoir les produits, des dimanches à la fer- me. Et comme souvent, plus on s’en- gage et plus les gens en demandent. Comme j’étais celui qui passait le plus de temps à s’occuper de ces choses-là, onm’a nommé président du groupe” , se souvient-il. Traditionnellement, le Doubs four- nit une bonne partie des bataillons du syndicalisme agricole. “On est toujours aumoins une personne ori- ginaire du Doubs dans le bureau. Àcertaines réunionsde laF.N.S.E.A., on est parfois quatre Franc-Com- tois sur vingt participants” , recon- naît-il. dix a fonctionné comme unmoteur aussi. Une meurtrissure. “Voir ce qui était dit et qui n’était pas vrai, c’était dur. Quand on travaille dur au quotidien et qu’ensuite les médias racontent que vous faites de la “merde”, ce n’est pas facile. C’est vrai que l’on n’arrive pas tou- jours à faire parfaitement, mais on ne méritait pas tout ça. Cela don- ne des forces pour s’engager” , affir- me Philippe Monnet. Il y a quelques années, le jeune homme, mordu par “la fièvre de l’agriculture” depuis l’enfance, a repris la ferme de ses parents. 37 hectares d’herbe, une cin- quantaine de montbéliardes pour 170 000 litres de lait par an. Jus- te à côté, sa mère, pas encore à Dans la famille Mon- net aussi, les parents ont un peu touché au syndicalisme. La crise de la vache folle des années quatre-vingt-

“J’ai commencé par le groupe cantonal des jeunes agriculteurs.”

À 32 ans, Philippe Monnet a repris la ferme de ses parents, près de Trévillers.

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