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ÉDITO NUMÉRO 200 14

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P A R L E Z - M O I D ’ A M O U R …

Philipppe Roy / Détours en France

Pour les gens d’ici, rien de choquant à évoquer son amour pour les courbes suggestives, toutes de lan- gueur et de clarté, du Cul du Bassin. Un genre de passion qui vous met facilement le « cul par-dessus tête »… Andernos, Arès, Audenge, Taussat, Claouey, Biganos, toutes communes d’un pays de Buch. Un conseil : n’arrivez pas dans le delta du Teich, à Biga- nos, par la route mais par l’eau, pas celle salée de la petite mer intérieure, et en vous laissant porter dou- cettement par le courant de l’Eyre (ou la Leyre). Une rivière – pardon, un fleuve – légère, teintée d’une cou- leur ambrée façon whisky tourbé, qui se tortille de- puis les profondeurs de la Haute Lande pour se couler dans le bassin qui fut son estuaire préhistorique. À progresser sous les frondaisons de sa forêt gale- rie, la belle se la joue bayous louisianais, où visons d’Europe, loutres et genettes ont trouvé un terrain de jeu. Cette sauvageonne débouche donc à Biganos, dont les deux petits ports abritent encore d’authen- tiques pinasses. Ce bateau typique du Bassin était uti- lisé pour le cabotage, la pêche et par les ostréiculteurs pour se rendre sur leurs parcs à huîtres. Aujourd’hui, les pinasses peuplent la lagune à des fins de plai- sance. Si vous n’avez pas l’heur de naviguer à bord de l’une d’elles, la « petite mer » offre d’autres plaisirs. Comme celui, à marée basse, de la pêche à pied. Un de ces bonheurs de la vie qui n’ont pas de prix ! Devant vous, l’immensité luisante, onctueuse, odorante des

crassats, la vase où s’enfouissent les coutoyes (atten- tion, la cueillette est réglementée), palourdes char- nues qui crépiteront à l’heure de l’apéritif dans une poêle tapissée de beurre-ail-persil. Pour ne pas trop vous enfoncer et protéger les herbes et petits crusta- cés de surface, surtout chaussez les patins (deux planchettes de bois sous vos pieds)! Au Cul, libre à vous de préférer la tête du Bassin, côté Ferret, côté presqu’île. L’ambiance est autre. Dès le début des années folles, Arcachon a hissé haut ses lettres de noblesse, la bonne société attirant dans ses villas huppées écrivains et artistes. Pour rejoindre le cap, une voie unique (enfer automobile estival !) cabotant au fil de petits ports ostréicoles (Pi- quey, Jacquets, Piraillan, Le Canon, L’Herbe), où les cabanes attisent les convoitises… De la pointe de Fer- ret, panorama grandiose sur le banc d’Arguin et la duneduPilat.Un incroyabledésert desabledoré, aussi

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Les cabanes tchanquées de l’île aux Oiseaux, à La Teste- de-Buch. Une certaine idée du bonheur…

mouvant que les eaux du bassin. Le bonheur, c’est encore loin? « Le soleil a définitivement plongé dans l’Océan, le ciel au-dessus du Ferret brûle. Pourquoi était-ce, pourquoi est-ce toujours le bon- heur par là-bas? » (Michèle Per- rein, LesCotonniersdeBassalane). P A R D O M I N I Q U E R O G E R RÉDACTEUR EN CHEF

Bertrand Rieger / Détours en France

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www.detoursenfrance.fr / Avril 2019 / 214

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