La Presse Bisontine 171 - Décembre 2015

LE PORTRAIT

39 La Presse Bisontine n° 171 - Décembre 2015

QUINGEY

Une pièce pour les résidents de la maison de retraite Le coup de théâtre de Jacqueline Henry-Leloup

Elle est connue à Quingey parce qu’elle est élue. Mais c’est au théâtre que Jacqueline Henry-Leloup a donné sa vie. Une passion dévorante qui la tient depuis son plus jeune âge et qu’elle partage en ce moment avec des résidents de la maison de retraite qu’elle met en scène.

gique, volontairement discrète sur son âge, la comédienne a un parcours atypique. Née à Charbonnières-les-Sapins, elle est arri- vée à 7 ans à Quingey avec sa famille. “En 6 ème , j’ai écrit ma première pièce, “Le Tri- bunal”. Depuis toute petite j’ai voulu faire du théâtre.” Une passion qui la conduira jusqu’aux portes de l’école supérieure d’art dramatique du théâtre national de Stras- bourg. Elle en réussira le concours d’entrée, mais elle renoncera pour des raisons fami- liales. “J’ai oublié Strasbourg à contre- cœur, mais pas le théâtre” sourit-elle. Finalement, c’est en Afrique, où elle sui- vra son mari de l’époque, qu’elle vivra sa grande aventure théâtrale. Son C.A.P.E.S. en poche, elle commencera par enseigner dans le secondaire. Des opportunités vont se présenter à elle. Alors qu’elle faisait partie d’une troupe, Jacqueline Henry- Leloup se verra proposer la création du Théâtre de l’Alliance Française à Abidjan. Elle jouera d’ailleurs aux côtés de Laurent Gbagbo qui deviendra plus tard président de la République de Côte-d’Ivoire. “J’ai vécu quatre ans dans ce pays. Ensuite, je suis partie au Cameroun ou je suis restée 18 ans. Là-bas, j’ai pu enseigner à la facul- té grâce à un doctorat sur la littérature africaine et francophone que j’avais passé. J’ai enseigné le théâtre et j’ai créé le théâtre universitaire àYaoundé. C’était formidable ! Nous avons même eu l’occasion de venir jouer en Europe.” Son périple d’expatriée s’arrêtera au Congo où elle assurera la direction du théâtre national tout en étant conseillère auprès du ministre de la Culture. “Je suis rentrée en France en 1993 pour des raisons per- sonnelles et parce que le contexte politique devenait instable.” Un déchirement. Ses vingt ans passés en Afrique ont marqué sa vie, piquée d’anecdotes et de bons sou- venirs. Changement de décors, choc des cultures : Jacqueline Henry-Leloup sera parachutée au collège d’Ornans pour ensei- gner en classe théâtre. C’est par ce biais qu’elle va sceller les fondations de la com- pagnie Les menteurs d’Arlequin qu’elle va créer avec le soutien de Jean-François Lon- geot, le maire d’Ornans. Lorsqu’on feuillet- te avec elle le grand livre de sa vie, on se dit qu’il abrite suffisamment d’histoires pour en extraire une pièce de théâtre. T.C.

L a troupe s’appelle “Les Chamber- land’s Baladins”, un nom qui claque prononcé à l’américaine. Ce petit côté Broadway donne une touche de fantaisie à une compagnie de théâtre sin- gulière. Mais après tout, à cet âge, tout est permis ! Nous sommes à Quingey, au Pavillon Chamberland de la maison de retraite. Depuis quelques mois, une dou- zaine de résidents jouent la comédie tous les mercredis après-midi, entraînés par Jacqueline Henry-Leloup et Thomas Per- soneni, deux amoureux de théâtre qui se côtoient au sein de la compagnie Les men- teurs d’Arlequin à Ornans. Ils préparent un spectacle sur mesure avec leurs comé- diens atypiques qui monteront sur scène le 6 janvier à la Maison de Retraite. “On travaille sur le thème de la mémoire d’hier et d’aujourd’hui” résume Jacqueline Hen- ry-Leloup.

Bio express Née à Charbonnières-les- Sapins (elle est volontairement discrète sur sa date de naissance) 1965 : Elle réussit le concours de l’école supérieure d’art dramatique du théâtre national de Strasbourg. Début des années soixante-dix : Elle s’envole pour l’Afrique où elle vivra plus de vingt ans. Elle fondera notamment le théâtre de l’Alliance Française à Abidjan en Côte- d’Ivoire. 1993 : Elle rentre en France et enseigne au collège d’Ornans. 2001 : Première élection à la mairie de Quingey.

Jacqueline Henry-Leloup vit une passion pour le théâtre qu’elle communique encore.

se à l’E.H.P.A.D. devenue l’Établissement pour personnes âgées élégantes et distin- guées. L’intrigue : une nouvelle résidente vient d’arriver. Son regard est triste. Ses nouveaux amis vont tout faire pour lui redonner le sourire… “Nous sommes par- tis de leur enfance, de leur jeunesse. En dis- cutant avec eux, j’ai découvert que la guer- re était très présente dans la vie de ces femmes et de ces hommes.À partir de bribes de leur mémoire, nous avons écrit une peti- te pièce. L’objectif de ce travail est de libé- rer leur parole.” Ce projet original est né d’une discussion entre Monique Declerc, directrice de l’E.H.P.A.D. et Jacqueline Henry-Leloup qui est aussi première adjoin- te à Quingey - c’est son 3ème mandat - et à ce titre, membre du conseil de la vie socia- le de la maison de retraite. L’initiative a reçu l’aval de l’Agence régionale de santé et de la Direction régionale des affaires culturelles. En s’embarquant dans cette aventure, Madame Henry-Leloup ne savait pas à quoi s’attendre. C’est d’ailleurs pour cela

que la metteuse en scène s’est lancée dans ce projet. “Je n’avais jamais travaillé avec des personnes âgées. J’ai eu envie de le fai- re. Elles ont chacune leur caractère, ce n’est pas toujours facile, mais l’expérience est extraordinaire. Je sors de chaque répéti- tion à la fois joyeuse et bouleversée. Je ne m’attendais pas à être impliquée aussi inti- mement et si profondément” confie-t-elle. Le théâtre a révélé la personnalité aux facettes parfois insoupçonnées des rési- dents impliqués dans le projet. C’est le cas d’André, l’ancien instituteur, musicien, qui récite Aragon, ou Maria l’éternelle opti- miste, qui malgré une vie difficile, ne ces- se de répéter que la vie est belle ! “C’est une leçon de vie très forte” s’émeut Jac- queline Henry-Leloup qui va renouveler l’expérience en 2016. Mais cette fois, elle sera épaulée par Julien Lopez qui rem- placera Thomas Personeni. Sans doute n’imaginait-elle pas se laisser prendre au jeu à ce point, elle qui a vécu tant de chose au théâtre, un art auquel elle a voué sa vie. Femme élégante et éner-

Le registre n’est donc pas celui de la comédie de bou- levard avec une pièce en trois actes, des répliques qui fusent et des portes qui cla- quent. S’engager dans une telle entreprise était de tou- temanière illusoire. Lesmet- teurs en scène se sont mis à la portée de leurs comé- diens qui n’avaient jamais fait de théâtre jusque-là. Ils ont entre 80 et 90 ans. La plupart sont en fauteuil. Leur mémoire leur joue des tours, mais ils ont l’expérience d’une vie à raconter. C’est en allant puiser dans leur histoire qu’ils ont ima- giné une histoire,“les copains d’abord”, dont l’action se pas-

“Nous avons

même eu l’occasion de venir jouer en Europe.”

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ELIE SEMOUN

LE CIRQUE DE PÉKIN

MA BELLE-MÈRE, MON EX & MOI

LE BOUFFON DU PRÉSIDENT

JEU 21 JANVIER - 20H30 KURSAAL - Besançon

MER 27 JANVIER - 20H30 KURSAAL - Besançon

MER 24 FÉVRIER - 20H30 KURSAAL - Besançon

SAM 5 MARS - 20H00 MICROPOLIS - Besançon

NG Productions 1 bis rue de la Madeleine 25000 Besançon 03 81 54 20 47

YVES JAMAIT

ISSA DOUMBIA

HUGUES AUFRAY

JACQUES HIGELIN

JACQUES HIGELIN

SAM 19 MARS - 20H30 THÉÂTRE LEDOUX - Besançon

MER 9 MARS - 20H30 KURSAAL - Besançon

JEU 17 MARS - 20H30 KURSAAL - Besançon

SAM 19 MARS - 20H30 KURSAAL - Besançon

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