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viron 115 gorilles (représentant 1/3 de la population de gorille de
Cross River) ainsi que d’autres espèces rares.
L’initiative de la forêt du Mayombe est la plus récente des initia-
tives transfrontalières engageant des Etats abritant des gorilles.
En 2009, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour
l’environnement, l’Angola, la République Démocratique du Congo
et la République Populaire du Congo signèrent une déclaration tri-
partite qui confirme leur engagement en faveur de l’établissement
d’une aire protégée transfrontalière comprenant d’importants bio-
Figure 19: collaborations transfrontalières dans les parcs du bassin du Congo.
La réserve communautaire des gorilles de Walikale, située dans
l’est de la RDC et forte de 70 000 hectares, a été crée en 2001
par les villageois locaux et leurs chefs (mwamis) dans le but
d’obtenir des compensations en échange de leur protection
des populations de gorilles voisines. A l’époque, selon les mwa-
mis, les villageois vivant à proximité des parcs nationaux des
Virunga et de Kahuzi-Biega paraissaient bénéficier des projets
de l’Institut congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN)
et des ONG du fait de leur proximité avec les gorilles, alors que
lesWalikale étaient oubliés car situées en dehors du système des
parcs nationaux.
L’année suivante, le comité Walikale, nouvellement créé, invita
la Gorilla Organization à soutenir leur initiative visant à protéger
la zone, recenser les populations de gorilles et développer des
initiatives communautaires. Un accord fut trouvé avec le comité
et le travail débuta en mars 2003.
Initialement, le projet engagea et forma des gardes forestiers
afin de conduire des sondages de base de la population de go-
rilles de plaine oriental (Gorilla beringei graueri) connue pour
habiter dans la région. A ce jour, les éléments de preuve rassem-
blés montrent qu’il pourrait y avoir jusqu’à 750 gorilles vivant au
sein de 80 familles, rien que dans la région immédiatement ac-
cessible de la réserve. La difficulté d’accès des zones les plus rec-
ulées (la réserve est à quatre jours de marche de Pinga, la ville la
plus proche) couplée à l’insécurité due aux activités incessantes
des rebelles Mai-Mai et Interahamwe et au manque de ressourc-
es financières impliquent que seules les parties immédiatement
accessibles de la réserve ont été sondées. Les indicateurs lais-
sent à penser que cette région pourrait abriter l’une des plus im-
Les Réserves communautaires – une nouvelle approche de la conservation des gorilles
portantes populations de gorilles de plaine oriental au monde.
Le projet emploie actuellement 34 gardes forestiers qui surveil-
lent les gorilles, collectent les données GPS afin de réaliser une
carte de base de la zone et, en association avec l’Institut Max
Planck, collectent des échantillons de selles afin de réaliser des
analyses ADN dans les laboratoires de l’Institut en Allemagne.
De plus, à travers son organisation partenaire locale PROMID-
OWAL, le projet a construit des écoles élémentaires dans deux
villages et assuré la fourniture du matériel d’enseignement ainsi
que les salaires des enseignants. Enfin, le projet appuie égale-
ment le comité Walikale dans la gestion de ses affaires.
Dès le départ, l’Organisation des Gorilles encouragea les autori-
tés de RDC à obtenir une meilleure reconnaissance officielle de
la réserve, en particulier à travers le réseau mondial de réserves
de biosphère dans le cadre du Programme de l’UNESCO sur
l’homme et la biosphère (MAB) qui semblait bien plus approprié
pour la zone que son classement en Parc national. Couvrant une
superficie relativement importante, Walikale comprend les vil-
lages et les fermes existants ainsi que les exploitations minières
artisanales d’or, de cassitérite et de coltan. En tant que proces-
sus de dialogue et de négociation, le Programme sur l’homme
et la biosphère intègre de telles considérations et permet la pro-
tection de l’environnement à côté de la protection des moyens
de subsistance, au moyen d’un zonage négocié. Toutefois, en
raison de l’insécurité qui prévaut dans la région, le processus
de candidature au MAB est suspendu. Mais quand le moment
sera venu, il pourrait contribuer à alimenter cette initiative de
conservation communautaires novatrice.
Jillian Miller, Directrice de la Gorilla Organization, septembre 2009
topes de gorille au Cabinda et dans les forêts adjacentes des deux
autres pays.
Ces initiatives s’insèrent dans une tendance mondiale
d’accroissement des zones protégées transfrontalières. Alors qu’il
existait 59 aires protégées transfrontalières en 1990, on en recen-
sait 227 en 2007 (PNUE-WCMC, 2007). Une grande partie de
l’expérience plus technique des initiatives transfrontalières précé-
dentes comme celle des Virunga est reprise dans le plan technique
de mise en œuvre de l’accord CEM pour la protection des gorilles
(
voir p. 74
).