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L’importance des forêts mondiales dans les initiatives internationales de réduction des émissions

de carbone ne peut être sous-estimée. Alors que les forêts sont vitales pour réduire les émissions de

carbone dans l’atmosphère, la déforestation représente, selon les estimations, 17 % des émissions

mondiales, soit environ 1,5 fois plus que le total des émissions produites par les transports aérien,

routier, ferroviaire et maritime.

La déforestation et l’exploitation illégale se produisent majoritairement dans les forêts tropicales d’Ama-

zonie, d’Afrique centrale et d’Asie du Sud-Est. Selon des études récentes sur l’étendue de l’exploitation

illégale, celle-ci représenterait 50 % à 90 % de l’ensemble des activités forestières dans les principaux

pays tropicaux producteurs et 15 % à 30 % de la production forestière mondiale (Interpol-Banque mon-

diale 2009). Faire reculer la déforestation, en particulier l’exploitation illégale, est par conséquent le

moyen le plus rapide, le plus efficace et le moins controversé d’atténuer les émissions de gaz à effet de

serre dans le monde.

INTRODUCTION

Les programmes REDD et REDD+ soutenus par les Nations

Unies sont les principaux instruments de protection des forêts

visant à réduire ces émissions. Ils fournissent des cadres juri-

diques nationaux et internationaux, notamment des accords,

des conventions et des dispositifs de certification pour réduire

l’exploitation illégale et encourager les pratiques durables. Avec

l’investissement de milliards de dollars américains pour éviter

la déforestation tropicale, les enjeux de la corruption et du blan-

chiment de bois abattu illégalement deviennent un obstacle

majeur à surmonter pour réduire l’exploitation illégale et son

rôle dans les émissions de gaz à effet de serre, enrayer la perte

de la biodiversité et assurer la sécurité humaine (PNUE 2007,

2010 ; 2011 ; SIKOR et To 2011).

Alors que ces dernières années ont été marquées par un souci

accru de gérer durablement les forêts, seules 8 % des forêts

du monde sont certifiées comme étant gérées de manière

durable, plus de 90 % d’entre elles se situant en Amérique

du Nord et en Europe (PNUE 2009). Par ailleurs, il est esti-

mé que l’exploitation illégale a toujours cours dans de nom-

breuses forêts officiellement protégées, en particulier dans les

pays tropicaux (PNUE 2007). Si l’exploitation illégale ne peut

être contrôlée, les actions de la communauté internationale

visant à réduire et compenser les émissions de carbone seront

inévitablement anéanties.

Outre les dégâts environnementaux, la perte de revenus et de

recettes fiscales sur le bois récolté de manière illégale est esti-

mée à au moins 10 milliards de dollars par an (Interpol-Banque

mondiale 2009). Le commerce de bois récolté de manière illé-

gale, également très lucratif pour les criminels, est évalué à au

moins 11 milliards de dollars, ce qui est comparable à la valeur

de production des drogues, estimée à environ 13 milliards de dol-

lars (Interpol-Banque mondiale 2009 ; PNUE 2011). Toutefois,

la plupart des estimations se concentrent sur les écarts entre

les importations et les exportations et sur d’autres statistiques

officielles, sans tenir compte des importantes sous-déclarations

résultant des activités de blanchiment et des sous-estimations

délibérées. Dans certains cas, cela correspond à plus de 30 fois

les volumes officiels déclarés et c’est donc une manière non né-

gligeable d’accroître la rentabilité des activités criminelles.

La valeur officielle du commerce mondial du bois est évaluée

à environ 327 milliards de dollars (FAO 2007 ; PNUE 2009).

Rien qu’en Indonésie, l’exploitation illégale représenterait entre

600 millions et 8,7 milliards de dollars par an (Luttrell et al. 2011).

Si l’exploitation illégale représente entre 10 % et 30 % de l’exploi-

tation mondiale totale (certaines estimations annonçant même de

20 % à 50 % lorsque l’on inclut le blanchiment de bois illégaux),

alors la valeur de cette activité est d’au moins 30 à 100 milliards

de dollars (BCN-Rome 2008 ; Interpol-Banque mondiale 2009).