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Achim Steiner

Sous-secrétaire général des

Nations Unies et directeur

exécutif du PNUE

Ronald K. Noble

Secrétaire général d’Interpol

PRÉFACE

Les atteintes à l’environnement et l’accaparement illégal des ressources naturelles de-

viennent de plus en plus sophistiqués et obligent les autorités nationales et les forces de

l’ordre à élaborer des réponses proportionnelles à l’ampleur et à la complexité du défi qui

consiste à garder une longueur d’avance.

Le présent rapport « Carbone vert, marché noir » du PNUE

et d’Interpol met l’accent sur l’exploitation illégale du bois et

ses conséquences sur la vie et les moyens de subsistance de

certaines des populations les plus pauvres au monde, sans par-

ler des dégâts environnementaux. Il souligne comment les cri-

minels recourent à une combinaison de méthodes anciennes,

telles que les pots-de-vin, et de méthodes de pointe, telles que

le piratage informatique, pour obtenir des permis de transport

ou autres. Il se concentre en outre sur les techniques de plus en

plus sophistiquées utilisées pour blanchir des grumes illégales

grâce à un réseau de plantations de palmiers à huile, d’axes

routiers et de scieries.

Il explique clairement que l’exploitation illégale ne diminue

pas, bien au contraire, car les cartels sont mieux organisés et

déplacent notamment leurs activités illégales afin d’échapper

aux services de police locaux ou nationaux. Selon certaines esti-

mations, entre 15 % et 30 % des volumes de bois commercia-

lisés dans le monde sont obtenus de manière illégale. Si rien

n’est fait, les actes criminels de quelques-uns pourront compro-

mettre non seulement les perspectives de développement de

beaucoup d’autres, mais aussi certaines des initiatives créatives

et inspiratrices qui sont introduites et destinées à récompenser

les pays et les communautés pour les services écosystémiques

offerts par les forêts.

L’un des principaux instruments permettant d’initier un chan-

gement environnemental positif et un développement durable

est l’initiative de réduction des émissions liées à la déforestation

et à la dégradation de la forêt (REDD ou REDD+). Si l’on veut

que l’initiative REDD+ soit pérenne à long terme, cela exige,

d’une part, que tous les partenaires ajustent leurs opérations

et veillent à respecter les normes de rigueur les plus élevées

et, d’autre part, que les efforts de réduction de la déforestation

dans une zone donnée ne soient pas contrebalancés par une

augmentation ailleurs.

Pour s’assurer du succès du programme REDD+, les montants

versés aux communautés pour leurs actions de conservation

doivent être plus importants que les gains tirés d’activités

qui dégradent l’environnement. L’exploitation illégale est une

menace pour ce système de paiement si les sommes illégales

passant de mains en mains sont plus importantes que les ver-

sements effectués au titre dudit programme.

Les forêts mondiales représentent l’un des piliers les plus impor-

tants pour lutter contre le changement climatique et assurer le dé-

veloppement durable. Selon les estimations, la déforestation, qui

concerne principalement les forêts tropicales humides, est à l’ori-

gine de 17 % de l’ensemble des émissions induites par l’homme,

soit 50 % de plus que les émissions générées par les transports

maritime, aérien et terrestre combinés. Aujourd’hui, il ne reste

qu’un dixième de la surface mondiale des forêts primaires.

Les forêts préservent la biodiversité et fournissent également

des ressources en eau, des produits médicinaux, des nutri-

ments recyclés pour l’agriculture et elles jouent un rôle dans la

prévention des inondations ; elles sont cruciales pour la tran-

sition vers une économie verte dans le contexte du développe-

ment durable et de l’éradication de la pauvreté.

Une collaboration internationale renforcée en matière de législa-

tion environnementale et de son application n’est par conséquent

pas qu’une option parmi d’autres. C’est en réalité la seule réponse

pour lutter contre une criminalité internationale organisée qui me-

nace les ressources naturelles, la soutenabilité environnementale

et les efforts visant à sortir des millions de personnes de la misère.