La Presse Bisontine 80 - Septembre 2007

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n°80 - Septembre 2007

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AGRICULTURE La différence devient minime La filière comté face à l’embellie des cours du lait standard

La demande en lait standard n’a jamais été aussi forte qu’aujour- d’hui. L’écart de prix avec le lait à comté se réduit. Comment profi- ter d’une aubaine sans mettre à mal une dynamique de filière ?

plémentaires servent à faire de la poudre de lait” , explique le président d’une coopérative fro- magère du Doubs. Le taux de lait spot varie d’une coop à l’autre en fonction de sa référence plaques vertes. “On parle beaucoup de lait spot. Mais finalement ce n’est pas grand-chose car en Franche- Comté cela représente environ 3,5 % du volume global” , rela- tivise un transformateur. Toujours est-il que ce lait spot a atteint cet été son plus haut niveau et peut donc constituer une source de revenu non négli- geable. “Je pense qu’il faut pro- fiter de cette aubaine pour l’in- vestir dans le fonctionnement des coops mais pas de là à four- voyer nos filières A.O.C. au simple titre d’une valorisation” , précise Martial Marguet, vice- président de la Fédération Nationale des Produits Lai- tiers. Une position partagée par Bernard Marmier. “Une modification profonde de la stratégie laitière franc-comtoi- se se profile. La priorité c’est d’abord de stabiliser les A.O.C. Il faut ensuite s’organiser de façon collective en créant par exemple un G.I.E. Il servira à commercialiser du lait spot vers des marchés rémunérateurs.

D epuis plusieurs années, la production laitière mondiale diminue. Des pays traditionnellement expor- tateurs comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande ont consi- dérablement réduit leur chep- tel laitier. “Au niveau européen, on observe une orientation mar- quée vers les céréales” , indique Bernard Marmier, le président de la Fédération Départemen- tale des Coopératives Laitières. Alors que la production s’in- fléchit, la demande en poudre

de lait continue à progresser notamment dans les pays émer- gents comme la Chine ou l’In- de qui ont des besoins crois- sants en produits laitiers. Conséquence, les cours s’envo- lent. Ils atteignent 300 à 400 euros les 1 000 litres. En France, beaucoup de gros transformateurs cherchent du lait sur le marché intérieur pour satisfaire leurs engage- ments vis-à-vis des distribu- teurs. La filière comté ne suit pas tout à fait la même logique.

La production ayant évolué plus vite que la consommation, l’in- terprofession a adopté une poli- tique de modération. Pour main- tenir les prix, elle a limité le nombre de plaques vertes cor- respondant aux volumes à réa- liser d’une campagne sur l’autre. “Si l’on produit plus que la réfé- rence plaques vertes, on est obli- gé de faire du lait de dégage- ment qu’on appelle également du lait spot. Comme on ne peut pas remettre ce lait sur des filières A.O.C., ces volumes sup-

La différence entre le prix du lait à comté et le lait standard se réduit.

Cela signifie d’avoir un outil capable d’envoyer des citernes de 25 000 litres de lait refroidi à 4 °C. C’est aussi une façon de se positionner sur l’après-quo- tas. En agissant de la sorte, on s’engage vers un besoin de contractualisation entre les pro- ducteurs et les transformateurs. On va passer d’une stratégie plutôt défensive vers quelque chose de plus offensif. Se pose également la question d’asso-

cier la Savoie dans ce disposi- tif, ça permettrait de mutuali- ser les moyens et d’assurer une certaine régularité sachant qu’on a des pics de dégagements dif- férents suivant les produits. Le grand chantier de l’automne pour la F.D.C.L. sera de trou- ver des solutions pour ces laits spot en respectant l’esprit col- lectif des filières A.O.C.”

F.C.

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