La Presse Bisontine 80 - Septembre 2007

ECONOMIE

La Presse Bisontine n°80 - Septembre 2007

Le responsable C.F.D.T. au C.H.U. de Besançon

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SANTÉ Le manque de praticiens 35 heures : l’épineux problème de l’hôpital Selon un rapport rendu public cet été, il manque près de 300 millions d’euros pour faire face à la facture des heures supplémentaires à l’hôpital. Besançon n’échappe pas à la règle.

Vincent Maubert : “Le problème devrait être raisonnablement marginal” La Presse Bisontine : Le rapport sur le compte épargne temps est critique avec le dispositif. Com- ment cela se passe-t-il à Besançon ? Vincent Maubert. : Quels que soient les établissements, on ne peut pas imposer au personnel de souscrire un compte épargne temps, c’est une démarche volon- taire. Par contre, le problème se pose pour les gens qui ont choisi le C.E.T. Ce fonds est solvable dans dix ans, on aura alors des personnes qui pourront partir en retrai- te anticipée grâce à leurs jours cumulés mais qui ne seront pas remplacées pen- dant ces quelques mois anticipés. C’est un problème mais je pense qu’il devrait être raisonnablement marginal à Besan- çon. Il n’y a pas eu un engouement terrible pour ce système. V.M. : Au C.H.U. de Besançon, nous avons négocié pour que les remplacements des personnels en R.T.T. soient de 90 % dans les services de soins. Les remplacements de postes n’ont pas été linéaires. Tout ce qui était secteur logistique et technique a souffert, c’est vrai. Mais le protocole à Besan- çon est quand même l’un des plus avanta- geux de Franche-Comté. Ce n’est pas tout rose certes, mais cela ne va pas si mal non plus. Je vois en tout cas très mal comment on pourrait revenir en arrière. L.P.B. : Comment se passe l’application des R.T.T. au C.H.U. de Besançon ?

L’ application des 35 heures coince à l’hô- pital. C’est en tout cas ce que montre dans un rapport rendu public courant juillet, la conseillère générale des établissements de santé DominiqueAcker, chargée d’éva- luer le dispositif. L’hôpital bénéficie d’un régime particulier. Pour pallier le manque de personnel soignant, estimé entre 35 000 et 45 000 personnes, le personnel peut travailler plus que la durée léga- le du temps de travail. Le sur- plus d’heures effectué est alors “épargné” et versé sur un comp-

te épargne temps (C.E.T.), pour être réutilisé plus tard. Problème : faute de personnel suffisant dans les services, les hospitaliers sont contraints de cumuler leurs heures. Au 31 décembre 2005, près de 2,2 millions de journées avaient déjà été épargnés, selon le rap- port. Les quelque 30 000 méde- cins ont un million de jours de repos “en stock” tandis que les infirmières et le personnel non médical en comptent 1,2 mil- lion de jours. Un casse-tête en perspective. Car l’ensemble de ces repos pris simultanément représentent l’équivalent de

4 800 postes à plein-temps pour le personnel médical et 5 800 emplois environ. Alliée au départ à la retraite des “baby boomers”, la question pourrait devenir cruciale dès 2012. Retraites et congés posés devraient représenter sur un an “l’équivalent de 12 000 postes de praticiens, c’est-à-dire un tiers des effectifs” , relève le rapport. “On peut s’attendre dès cette période à de grandes difficultés dans les établissements, notam- ment sur les disciplines défici- taires comme la radiologie ou la psychiatrie, qui cumulent des taux importants de départs en retraite et de postes vacants.” Le financement de ces heures représenterait quant à lui plus de 530 millions d’euros, pour les heures cumulées fin 2005. Et dans cette perspective, “il manque a minima , compte tenu des provisions en cours entre 300 et 370 millions d’euros par rapport aux engagements consti-

Qui va payer les R.T.T. liées aux 35 heures à l’hôpital ?

tués” , relève le rapport. Qui au final va payer le dispo- sitif ? Les établissements hos- pitaliers ont pour la plupart des finances plus qu’incertaines. Pour résorber le problème, le rapport remis au ministère de la Santé avance ses solutions : le financement d’une partie des heures via un fonds pour l’em- ploi hospitalier, la possibilité de transformer les congés en temps partiel ainsi que - en contre- partie -, l’amélioration du sys- tème des remplacements des soignants en congé.

186 postes vacants en Franche-Comté Selon le rapport remis cet été, il manquait 186 postes de prati- ciens hospitaliers à temps plein dans les établissements de Franche-Comté en 2004. Un taux de vacances de 21,9 %, légè- rement supérieur à la moyenne nationale. 67 postes à temps partiel étaient également en attente de postulants.

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