La Presse Bisontine 80 - Septembre 2007

L’ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n°80 - Septembre 2007

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ANALYSE

Une étude préoccupante La Suisse : “une machine de guerre” économique L’inquiétude des acteurs de l’économie

Repères Les écarts de

fiscalité entre la France et la Suisse Impôt sur les sociétés 24,1 % en Suisse 34,33 % en France Charges sociales Moins de 10 % en Suisse Plus de 40 % en France

franc-comtoise est palpable. Ils redoutent que la Suisse ne poursuive son développement au détriment du Haut-Doubs en particulier.

D ans le Doubs, plus d’une entreprise sur deux ayant un projet de déve- loppement industriel en Europe envisage de le concréti- ser en Suisse. “C’est le gros para- doxe de la Franche-Comté, où les sociétés ont tendance à délocali- ser dans ce territoire riche qu’est la Suisse et non pas dans des pays à bas coût” observe Marc Quentier qui a participé à la réa- lisation d’une étude présentée par la C.C.I. en juillet, dont les résultats ont été qualifiés de “sai- sissants” par Jean-Louis Dabrowski. Le président de la chambre de commerce et de l’industrie du Doubs (et industriel mortuacien) n’a pas manié la langue de bois pour commenter la situation de recul industriel dans lequel se trouve l’ensemble de la bande frontalière par opposition à un territoire helvétique en effer- vescence. “La proximité de la Suisse a été un atout, mais est- ce que cette proximité n’est pas devenue une menace ?” interro- ge-t-il avant d’ajouter sans détour : “Nos voisins suisses et amis décident de l’avenir de notre navire en s’appuyant sur notre savoir-faire. Et maintenant ils s’appuient sur nos capitaux en attirant nos entreprises.” Le constat est amer et l’avenir

duHaut-Doubs bien sombre pour Jean-Louis Dabrowski qui ren- contre par ailleurs des difficul- tés dans le Val de Morteau avec la société Immi (une des filiales du groupe D.B.S. Investissement qui compte dans son giron Alti- tude et Barostar). La situation industrielle helvétique est enviable. “Les Suisses ont mis en place une machine de guerre qui est gagnante. Si aujourd’hui nous ne définissons pas une stra- tégie pour l’équipe France, je crois que nous allons droit dans le mur” insiste le président de la C.C.I. qui estime dire désormais

T.V.A. 7,6 % en Suisse 19,6 % en France

Temps de travail 42/46 heures en Suisse 35/38 heures en France Les Frontaliers et l’emploi Nombre de frontaliers en Franche-Comté

11 000 en 1998 18 000 en 2007

“tout haut ce que beaucoup d’en- trepreneurs pen- sent tout bas.” Gérard Courlet, ancien directeur de Schrader à Pontarlier (filia- le du groupe amé- ricain Tomkins) depuis peu en retraite, est aus- si virulent dans son analyse. “Je présentais depuis longtemps ce dia- gnostic. J’ai sou- vent dit que le Haut-Doubs allait devenir une réserve d’Indiens,

gie du Doubs). Cet organisme se rallie à son tour à un constat d’échec qui a débuté à la fin de l’épopée horlogère il y a une ving- taine d’années, qui a laissé der- rière elle un vide industriel dans lequel les derniers rescapés ten- tent de tirer leur épingle du jeu. “On connaît depuis longtemps la situation. Mais en 20 ans, rien n’a été fait pour l’enrayer.” T.C. Jean-Louis Dabrowski : “Si nous ne définissons pas une stratégie pour l’équipe France, nous allons droit dans le mur.”

“La situation est intenable.”

je crois qu’on y est presque.” Une réserve où, selon l’entrepreneur, les usines suisses viennent désor- mais recruter les derniers irré- ductibles jusque “sur le parking de l’entreprise” pontissalienne. L’appareil industriel tricolore est trop bridé pour rivaliser face à une Suisse décomplexée, com- pétitive, qui veut tenir son rang dans un système mondialisé. “Que va-t-on faire de la jeunes-

production. En 2006, les investissements directs en Franche-Comté ont permis de créer et de maintenir 446 emplois. “C’est peu, compa- ré à la Suisse où les besoins de main-d’œuvre se comptent par centaine d’emplois” estiment cer- tains experts. “La situation est intenable” esti- me L’U.I.M.M. (union des indus- tries et métiers de la métallur-

se dans le Haut-Doubs dans 20 ans ? Il faut implanter des entre- prises qui créent de la valeur ajoutée et de l’emploi” martèle Gérard Courlet rappelant “qu’à un coût de travail égal, un sala- rié suisse perçoit 40 % de plus sur son salaire qu’un Français.” C’est devenu un lieu commun de dire que sur la bande frontaliè- re les emplois sont davantage des emplois de service que de

PROJET Vers une “robotic valley” ?

Suisse voisine : un Robot-Parc en 2010 Un parc de loisirs dédié à la robotique. Une association de La Chaux-de- Fonds compte créer une “robotic valley” au cœur des montagnes neuchâ- teloises. Le dossier est soutenu au plus haut niveau par la Confédération.

P oitiers a son Futuroscope, La Chaux-de- Fonds-Le Locle pourraient avoir leur Robot- Parc. Le secteur du Crêt-du-Locle devrait devenir dans les années futures un nouveau but de visite pour les touristes en mal de sensations et de découvertes scientifiques. Le site de 13 000m 2 occupé actuellement par La Poste (face à l’aé- rodrome des Éplatures) a été choisi pour accueillir ce pôle d’excellence dédié à la robotique. Pour le grand public, le Robot-Parc prendra la forme d’un parc à thème où sera présentée la robotique sous toutes ses formes, de la plus scien- tifique à la plus ludique. “On expliquera l’his- toire de la robotique, nous montrerons les robots du futur, il y aura de nombreuses expositions régulièrement renouvelées, nous y organiserons des spectacles, des films seront projetés, il y aura

tra le même boom que l’informatique. Ce secteur est en train de se démocratiser et d’entrer dans tous les foyers” ajoute M. Bringolf, évoquant notamment les robots aspirateurs ou tondeuses à gazon qui existent déjà sur le marché. Il exis- te aussi des robots peintres, des robots inter- prètes musicaux et même des robots spéciale- ment programmés pour apprendre à jouer au golf ! “Ce n’est pas étonnant si Bill Gates est en train de reconvertir ses investissements dans la robotique mobile” ajoute le concepteur, persua- dé du succès de ce parc à thème. Il se dit aussi intimement convaincu que la robotique “est une formidable opportunité pour toute la région de l’Arc jurassien franco-suisse, jusqu’à Besançon.” L’association PromoRobo, porteuse du projet, est désormais soutenue par la Confédération qui lui a octroyé 800 000 F.S. pour financer les phases préparatoires. L’initiateur a noué des contacts fructueux avec le secteur privé, de grandes entre- prises suisses ont déjà donné leur feu vert pour le suivre dans sa démarche. Il se donne jusqu’à la fin 2008 pour boucler le montage du projet, la mise en chantier et le recrutement du personnel se dérouleraient en 2009 pour une ouverture du Robot-Parc avant la fin de l’année 2010. Une nou- velle fois, la Suisse voisine innove et avance. J.-F.H.

un auditorium, etc.” énumère Ser- ge Bringolf, l’initiateur du projet. Mais le Robot-Parc ira bien au- delà de l’aspect “parc d’attraction”. Son concepteur veut en faire éga- lement un centre de ressources international destiné àmettre en réseau tous les acteurs industriels de la robotique ainsi qu’un centre de documentation, d’archivage, une médiathèque internationale liée à ce secteur de pointe. “Je suis persuadé que la robotique connaî-

Serge Bringolf compte

Le futur Robot-Parc doit prendre place à quelques kilomètres de la frontière.

attirer plus de 40 000 visiteurs.

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