Journal C'est à dire 234 - Août 2017

R E T O U R S U R I N F O

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“On ne dénature pas les paysages, on les entretient”

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. C’est à dire revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Haut-Doubs. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Après un bel été, la “colo du Barboux” prépare son avenir

ÉDITORIAL

Intérêts Trois ans à peine après avoir subi le chamboule-tout provoqué par le gouvernement de François Hol- lande qui a imposé d’en haut, au nom d’une fumeuse idéologie, le retour aux quatre jours et demi de classe, qu’avait supprimé quelques années auparavant le gouverne- ment de Nicolas Sarkozy, voilà que l’équipe Macron, conformément à son programme de candidat, fait à nouveau marche arrière en pro- posant aux écoles la possibilité de revenir au rythme des quatre jours de classe. Alors même que per- sonne n’a encore été en mesure de confirmer, trois ans après son application aux forceps, les bien- faits d’une semaine de cinq jours d’école, ou alors son inefficacité, on détricote une nouvelle fois la pelote des rythmes scolaires. En à peine quelques semaines, mairies, conseils d’écoles et administrations ont dû se creuser la tête pour réor- ganiser pour la énième fois le temps scolaire et tout ce qui en décou- le : transports, organisation fami- liale, devenir des salariés du péri- scolaire, etc. Certaines villes ont eu la chance de pouvoir saisir cet- te opportunité au bond, sans devoir buter sur des difficultés majeures. C’est le cas de plusieurs communes du Haut-Doubs comme Morteau, Maîche ou Villers-le-Lac. D’autres hélas ont dû renoncer face à l’am- pleur de la tâche et aux consé- quences trop lourdes d’une appli- cation précipitée. Si la philosophie de laisser libres les communes de choisir le meilleur système pour elles va dans le bon sens, celui de plus d’autonomie et de moins de dirigisme, cette réforme expres- se aboutit, une nouvelle fois, à une dichotomie entre ceux qui ont pu et les autres. Bien loin de l’idée généreuse que se font les parti- sans d’une école de la République égalitaire et uniforme. Le principal reproche reste cependant qu’avec cette nouvelle réforme, un élément essentiel a été oublié : l’intérêt des enfants dont personne, de réfor- me en réforme, ne se préoccu- pe. C’est exactement le même- constat pour un sujet qui semble pourtant faire l’unanimité mais qu’on évacue au nom d’autres inté- rêts, économiques ceux-là : la durée beaucoup trop longue des vacances d’été. Tout le monde souscrit, jamais personne n’agit. n Jean-François Hauser est édité par Publipresse Médias 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Contact commercial : Anthony Gloriod au 03 81 67 90 80 Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Frédéric Cartaud, Jean-François Hauser. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1275-8825 Dépôt légal : Août 2017 Crédits photos : C’est à dire, Biennale de Charquemont, Y. Droz, M.J.C. Morteau, Ville de Morteau. Mots fléchés : Jean-Marie Steyner. A collaboré à ce numéro : David Aubry.

“J’ ai décidé de reconstrui- re le musée” déclarait Joseph Simonin dans notre édition de mars 2015, quelques jours seulement après l’incendie qui avait dévasté le bâti- ment et toutes les collections dédiées à la culture franc-com- toise qu’il abritait. À l’époque, certains n’osaient pas croire le propriétaire au regard de l’am- pleur de la tâche qui l’attendait. Surmonterait-il l’émotion laissée par ce sinistre ? Ceux qui ont pen- sé cela ont sous-estimé la volon- té et la détermination de Joseph Simonin qui a relevé le défi. Il a reconstruit le Musée de la vie d’antan qui a ouvert officiellement ses portes le 22 juillet ! En le découvrant, on mesure l’énergie qui a été investie dans ce projet pour reconstruire le bâti- ment de 2 000 mètres carrés, identique au précédent, et recons- tituer les collections dont celle des tracteurs qui en compte déjà 45 ! “J’ai été bien entouré par ma S’il ne nie pas l’utilisation de cet engin dans nos prairies, l’exploi- tant agricole rappelle qu’elle concerne la plupart du temps de très petites zones. Autre point : il rappelle que l’agriculture dans notre zone A.O.P. est en sym- biose avec la spécificité des terres jurassiennes. Le cahier des charges imposé par la filière interdit par exemple l’utilisation de produits phytosanitaires ou multiplie les contrôles sur le lait pour une meilleure qualité et traçabilité. L’ article évoquant l’utilisation massive du casse-cailloux par certains agriculteurs, paru dans le numéro de l’été du jour- nal C’est à dire, a suscité de nom- breuses réactions chez les agri- culteurs, premiers concernés, et dans la sphère environnementa- liste. Cette dernière a mis en gar- de sur une pratique potentielle- ment nuisible aux sols. Dans le courant de l’été, le préfet a convo- qué le monde agricole à une réunion autour de ce sujet. Damien Sauge, agriculteur (36 ans) ins- tallé à Grand’Combe-Chateleu, délégué F.D.S.E.A. pour le Val de Morteau, apporte certaines explications.

famille, et par les amis. Tout le monde a participé au projet. C’était un défi à relever !” reconnaît Jose- ph Simonin qui a été épaulé par ses deux complices Charles Hir- chy et Bernard Tschanz. Il lui res- te encore quelques collections à étoffer, mais globalement on retrouve les mêmes ambiances que dans le précédent musée. “Les collections couvrent une période qui va de 1900 à 1960. Le début du siècle dernier donc, jusqu’au moment ou le tracteur a commencé à remplacer le che- val. Il y a plusieurs thèmes qui permettent d’appréhender la cul- ture comtoise.” L’école, l’habitat, la forêt, l’agriculture, le travail du bois… On passe ainsi d’un uni- vers à l’autre en déambulant dans ce vaste musée chaleureux. Quelques améliorations ont été apportées afin de faciliter le sens de la visite. Le Musée de la vie d’antan vous accueille à nou- veau. Il est à découvrir ou à redé- couvrir. n L’utilisation du casse-cailloux n’est d’ailleurs pas proscrite : “Si je prends mon exemple, j’ai utilisé le casse-cailloux pour enlever quelques têtes de chat (rochers affleurant le sol) dans le but d’amé- liorer le potentiel agricole d’une parcelle. Deux ans plus tard, je peux vous dire que des gentianes ont repoussé à l’endroit où l’opé- ration a été menée. L’enracine- ment profond est préservé et notre flore du massif jurassien est bien là ! J’ai encore par exemple 15 hectares de terrain avec des lapiaz et de la gentiane. À l’époque, nos prédécesseurs enlevaient les pierres des champs et construi- saient des murgers. On ne déna- ture pas les paysages. Au contrai- re, on les entretient. Sans nos inter- ventions, nous perdrions la typi- cité de notre massif. Nous n’avons rien à cacher de nos pratiques qui respectent un cahier des charges. Nous respectons l’environnement” témoigne l’exploitant qui produit du lait à comté et à mont d’or. Au-delà des éléments agrono- miques, le monde agricole rap- pelle que son intervention évite aux paysages du Haut-Doubs de se fermer. n

L a fin d’été approche. Bien- tôt, les couloirs de la colo- nie du Barboux vont son- ner creux après un été 2017 d’un très bon millésime en termes de fréquentation. Près de 80 enfants sont venus respirer l’air frais du Haut-Doubs en juillet puis une centaine en août. Cela a repré- senté l’embauche de 60 per- sonnes. Depuis 1978, jamais le centre de vacances perché à 1 037 mètres d’altitude n’aura réalisé autant de journées de vacances dans un contexte peu favorable aux colonies qui per- dent en moyenne 10 % de parts de marché. La “colo du Barboux”, institution née en 1939, a besoin de cette activité pour préparer au mieux son avenir. Dans le numéro de l’été 2016 du journal C’est à dire, nous avions révélé le projet de l’association : construire un nou- veau bâtiment (entre les deux fermes), développer le nombre de couchages entre 40 et 60 lits supplémentaires pour assurer

La colonie du Barboux recherche actuellement des finance- ments avant de lancer de grands travaux de modernisation.

l’accueil de classes vertes et créer un espace dédié aux personnes handicapées (polytraumatisées). Ce projet, s’il aboutit, est asso- cié à la nécessaire remise aux normes du bâtiment, obligatoi- re mais coûteuse. L’association et son conseil d’administration ont récemment rencontré les élus du Pays Horloger et sollicité plu- sieurs banques pour financer la construction. Une partie des travaux sera assurée par l’auto- financement.

D’après “la légende”, c’est le curé de la paroisse Saint-Clau- de à Besançon, le Père Bernard, qui remporta la ferme lors d’une partie de cartes en 1939. L’agri- culteur, Narcisse Buliard et le curé avaient alors dans l’idée d’emmener des enfants de la vil- le s’aérer à la montagne. 78 ans plus tard, la colo ne s’en remet pas à la chance mais à sa noto- riété pour se moderniser et deve- nir un véritable centre de loisirs, ouvert à tous. n

Le Musée de la vie d’antan renaît de ses cendres à Montlebon

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Joseph Simonin, 71 ans, a reconstruit son musée comme il l’avait promis.

MORTEAU Z

ONE COMMERCIALE Rue du Bief

Renseignements au 03 81 67 30 72

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