Journal C'est à dire 234 - Août 2017

L E P O R T R A I T

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Maîche

Zoom Quand la connerie n’a pas de frontières… D ans ses nombreuses lectures, il n’a pas dû échapper à Ilvio Girar- di, citoyen français à qui les grands-parents italiens ont légué une double culture qu’il revendique, que le genre humain est parfois complexe. Et que quelques-uns de ses spéci- mens sont au comble de la stupidi- té. Par exemple quand, au moment de l’élection présidentielle, un hom- me entre dans sa boutique, crache par terre et lui promet un retour pro- chain dans son pays quand un cer- tain parti sera arrivé au pouvoir. Ou quand le drapeau italien qu’il avait sorti au moment de l’Euro de foot a été brûlé par des individus qui lui ont promis de lui réserver le même sort, comme aux juifs. Enfin, quand, enten- dant son épouse prononcer un mot en italien à sa fille dans une grande surface du secteur, un énergumène se baisse vers l’enfant pour lui expli- quer qu’elle et sa maman vont bien- tôt être renvoyées chez elles dans leur pays. Vous avez bien lu et vous ne rêvez pas… Ces faits se sont produits ces derniers mois et pas dans les années quarante. Sur le plateau de Maîche. On n’empêchera jamais les cons d’être cons car ils osent tout paraît-il et c’est même à cela qu’on les reconnaît. Mais des fois, ça fait du bien de dire qu’ils existent et qu’il faut surtout s’en méfier. n

Ilvio Girardi, le libraire aux multiples talents Il aurait pu être musicien professionnel et parcourir le monde en jouant de la trompette. Ou exercer le métier d’ingénieur en France, en Suisse ou en Ita- lie. Mais ce touche à tout aux talents multiples choi- sit de devenir libraire justement pour allier toutes ces passions. Parcours atypique d’un personnage émi- nemment sympathique.

S i ses études se dérou- lent dans le domaine scientifique, c’est bien la musique qui a ryth- mé la jeunesse d’Ilvio Girardi. Depuis le plus jeune âge en effet, il choisit la trompette qui va le mener vers le conserva- toire de La Chaux-de-Fonds : “J’y ai fait mon entrée à 7 ans. C’était tôt en effet mais comme j’ai l’habitude de dire, j’ai su déchiffrer des notes de musique avant de savoir lire” souligne-

avec des orchestres sympho- niques” se souvient-il. Une période forcément mémorable qu’il va décider d’interrompre pour lancer avec un ami une société d’informatique. Une aventure de trois années à l’is- sue de laquelle un choix de vie va se présenter : “Je pouvais exercer un métier technique en rapport avec ma formation d’in- génieur ou reprendre la musique, en France, en Suisse ou en Italie.” Mais au même

Quel meilleur métier pouvait-il exercer pour assouvir sa curiosité et ses multiples connaissances ?

t-il en précisant éga- lement que le rêve d’en faire un métier est venu dès cette époque. La médaille d’or obtenue, il pour-

moment, une oppor- tunité se présente à Maîche où la librairie L’Encrier est à vendre… “Même si j’avais opté

qu’il s’agisse des sciences, de la musique, de la philosophie… ou encore du foot. “Je suis en effet abonné au stade de Turin où je vais régulièrement voir jouer la Juventus.” Pas éton- nant qu’il soit capable dans sa librairie de conseiller ses clients sur de si nombreux sujets avec en plus un contact sympathique reconnu de tous. Et rien ne dit que cet heureux papa d’une petite fille de deux ans n’ait pas encore d’autres domaines professionnels à explorer… n D.A.

j’aime bien, et aussi d’être au contact des gens.” Une immer- sion dans une toute nouvelle vie, non sans avoir participé à un dernier concert au festi- val de musique de Cluny aux côtés de la référence des trom- pettistes, Maurice André. “Depuis, je n’ai plus rejoué sauf au baptême de ma fille il y a un an” glisse-t-il avant d’évo- quer ce métier de libraire qu’il a fallu apprendre : “Notamment pour gérer les stocks, car une librairie ne fonctionne pas com- me un autre commerce en la

matière.” Il a aussi fallu qu’Ilvio Girar- di élargisse ses centres d’in- térêt, certes déjà nombreux. “J’ai rencontré beaucoup de monde dans l’édition et dans le milieu culturel.” Cette curio- sité naturelle et ce contact faci- le lui permettent aujourd’hui de pouvoir obtenir pour ses clients tout ce qui est édité par 98 % des éditeurs franco- phones ! Un parcours éclectique, fait de multiples rencontres et de centres d’intérêt diversifiés,

De nouvelles pages à écrire.

suit son cursus musical à Bel- fort en parallèle de ses études pour devenir ingénieur en Génie Mécanique. Son talent de trompettiste l’amène sur des scènes prestigieuses de festi- vals comme Montreux ou Clu- ny ou encore en Allemagne et en Hongrie : “J’ai en effet eu la chance d’intégrer un groupe de jazz professionnel et de jouer

pour des études scientifiques, j’ai toujours été passionné aus- si par la philosophie notam- ment et par la lecture en géné- ral” confie-t-il. C’est donc cet- te passion pour la culture au sens large qui va guider ce choix “avec l’idée aussi d’être à mon compte, de gérer ma société notamment en assumant la comptabilité, un domaine que

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