Cliff_30_ans

ANALYSTES

Ah, qu’il est difficile pour l’informateur financier que je suis en 1987 de faire comprendre à mon dirigeant les attentes des analystes ! La marge opérationnelle, la variation de chiffre d’affaires ? Ils connaissent tout cela bien mieux que moi. Non, ce qu’ils attendent, ce sont les détails croustillants, les risques, l’écosystème… Mais je n’y ai pas accès, je n’assiste pas à toutes les réunions stratégiques. L’entreprise est encore une forteresse inviolable, qui défend bec et ongles ses secrets. Je suis tout juste identifié comme l’interlocuteur officiel des marchés financiers. Les analystes sont parvenus jusqu’à ma ligne par le standard, en tâtonnant. Mais comme tout se sait très vite dans notre petit milieu, je suis vite apparu comme la bonne personne, la ressource fiable et rigoureuse. Ce serait bien que ma Direction prenne le pouls de la Bourse, par moments. En 2017, nous travaillons main dans la main. D’ailleurs, avant d’être Investor Relations , j’étais analyste de mon secteur, comme un quart des membres du Cliff. L’obsession du modèle à construire, ça me parle. Je sais que mes anciens collègues courent les routes, qu’ils suivent un nombre déraisonnable de valeurs, avec moins de moyens. Leurs clients les jugent – trop souvent peut-être – sur leurs recommandations à court terme ou sur leur capacité à les mettre en relation avec nous, plus que sur leur analyse des fondamentaux. Alors je m’adapte : je fournis des informations quantifiables, nous parlons stratégie, je rencontre les investisseurs avec eux. Les différences culturelles se sont gommées avec le temps, un autre effet de la mondialisation ! Tous, nous voyons poindre à l’horizon une nouvelle turbulence : MIFID II. Mi-figue mi-raisin, nous attendons de vivre le « one-to-one » nouvelle mouture. Recadré, effacé, remplacé ? Nous allons tous y travailler…

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