Cliff_30_ans

TRIMESTRIELS

Un éditorial du 15 mars 1968, demeuré célèbre, énonçait à la Une du Monde : « La France s’ennuie ». Vrai, elle manquait de soucis en cette fin des Trente Glorieuses. L’être humain ayant besoin d’événements, quand il n’y en a pas, il en crée. La pratique des publications trimestrielles est née en Europe peu avant l’an 2000, dans la frénésie qui caractérise une bulle. Une bulle est un événement en soi, se nourrissant d’une multitude d’événements effervescents (d’où son nom, peut-être ?). Faire patienter six mois un investisseur pour l’informer du nombre de boulons ou de pots de crème ultra-hydratante sortis des usines devient soudain impensable et dangereux pour le cours de Bourse : ne rien dire revient à cacher une mauvaise surprise. Depuis, tous les trois mois, équipes de relations investisseurs, analystes financiers et investisseurs recréent l’événement. Annonces, préannonces, quiet period ou avertissements se succèdent, se précèdent ou se juxtaposent, personne ne sait plus bien. Les publications trimestrielles ne sont plus obligatoires depuis le 30 décembre 2014. Peut-être sont-elles supplantées par la multiplication des événements de l’information permanente. L’investisseur est-il ainsi rassasié ?

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