Journal C'est à Dire 192 - Octobre 2013

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P O L I T I Q U E

Le président des maires de France “Les maires ont encore une crédibilité” Député-maire de Lons-le-Saunier et président de l’association des maires de France, l’U.M.P. Jacques Pélissard estime que les élus locaux bénéficient d’une crédibilité que les élus nationaux n’ont plus. Selon lui, la parole publique doit retrouver ses lettres de noblesse.

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C’ est à dire : Les 19, 20 et 21 novembre aura lieu le 96 ème congrès des maires et présidents de com- munautés de communes de France. Quelles sont actuel- lement les principales préoc- cupations des élus locaux ? Jacques Pélissard : Elles sont de plusieurs natures. Il y a notamment des problématiques financières puisqu’on assiste à une baisse des dotations d’État de 840 millions d’euros. Elle se conjugue à une augmenta- tion des charges des communes, ce qui crée un effet ciseau infer- nal. Mais il y a également d’autres questions qui font débat en matière d’organisation ter- ritoriale par exemple et la mise en place des P.L.U.I. (plan local d’urbanisme intercommunal).

maires sont-ils si peu favo- rables au projet de loi sur les plans locaux d’urbanisme intercommunaux (P.L.U.I.) dont le but est de donner plus de cohérence encore à l’aménagement des terri- toires ?

J.P. : En général, 40 % des maires ne se représentent pas. On le sait. Certains d’entre nous sont découragés. Certes le contex- te est difficile, mais pour l’instant il n’y a pas de “vague” de désen- gagement. Néanmoins, ceux qui sont candidats à la fonction, ont

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Càd : Parmi les sujets qui pré- occupent les élus locaux, il y a la réforme des rythmes sco- laires. L’association des maires de France a envoyé un questionnaire aux 4 000 communes qui ont appliqué la réforme à la rentrée 2013 afin d’avoir un retour sur l’expérience. Avez-vous déjà les résultats de cette enquê- te ? J.P. : Non, nous n’avons pas les retours. En revanche, on a des remontées de terrain, sur le taux d’encadrement ou sur le finan- cement, et là, le compte n’y est pas. J’ai obtenu justement que soit mis en place un groupe de travail sur la question de l’encadrement qui est ubuesque.

En effet, pour les mêmes enfants, le taux d’encadrement est diffé- rent en fonction des heures. C’est absurde. Càd : Récemment vous avez rencontré Jean-Marc Ayrault au sujet de la réforme des rythmes scolaires. Vous avez obtenu du Premier ministre une reconduction pour 2014 du fonds d’amorçage… J.P. : Pour les communes qui appliqueront la réforme à par- tir de la rentrée 2014, j’ai obte- nu qu’elles puissent bénéficier d’aides identiques à celles ver- sées en 2013. Ces aides, en fonc- tion de la situation de la com- mune, iront de 50 à 140 euros par enfant. J’ai obtenu encore du Premier ministre que toutes les communes qui basculeront me cela était prévu. Ce délai supplémentaire doit permettre aux communes d’organiser la concertation. Càd : Êtes-vous personnelle- ment favorable à cette réfor- me ? J.P. : Les spécialistes disent que le temps idéal pour l’enfant est la semaine de quatre jours et demi. Cela a été dit par Vin- cent Peillon et par Luc Chatel avant lui. Nous sommes ouverts à cette réforme à condition qu’elle s’accompagne de compensations financières et que le principe de liberté des communes soit res- pecté. Elles doivent pouvoir choi- sir de ne pas organiser les trois heures de périscolaire qui sont une charge pour elles, au même titre que les familles peuvent décider de ne faire participer leurs enfants à ces activités. Cet- te réforme est beaucoup plus dif- ficile à appliquer dans les zones rurales qu’en milieu urbain. Il faut donc laisser aux communes le choix. Càd : Dans quelle mesure, selon vous, le contexte natio- nal peut-il faire basculer de gauche à droite une ville com- me Besançon ? J.P. : Je ne connais pas en détail la situation de Besançon. Mais je remarque que les questions politiques ne sont pas essen- tielles dans le débat municipal. Des communes peuvent voter à droite lors de la présidentielle et à gauche pour un maire, et inversement. Lors des munici- pales, les électeurs prennent en au nouveau rythme en 2014 puissent commu- niquer aux académies leur calendrier de retour à la semaine de quatre jours et demi début janvier et non pas le 15 octobre com-

compte la qualité des hommes et des femmes qui se présentent. Ils tiennent compte du bilan, des projets, c’est avant tout un rapport de confiance. Càd : L’U.M.P. est un parti sous tension depuis plusieurs mois. Que pensez-vous des querelles intestines entre François Fillon et Jean-Fran- çois Copé ? J.P. : Il y a des tensions. Un parti politique tel que le nôtre ne devrait pas connaître une addition d’appétits personnels. Il devrait proposer une vision de redressement de notre pays, une vision de société et ne pas faire plaisir à quelques-uns. Nous avons besoins aujourd’hui de retrouver une crédibilité dans la parole publique. Cela vaut élus ne sont plus crédibles car beaucoup d’engagements n’ont pas été pris, et il y a eu trop de promesses non tenues. Càd : Vous êtes maire de Lons- le-Saunier, député U.M.P. et favorable au cumul des man- dats. Pourquoi ? J.P. : La réforme sur le non- cumul ne présente pas d’intérêt. Le cumul permet à un élu d’avoir du poids à Paris. Si nous étions dans un système décentralisé, les choses seraient sans doute différentes car nous pourrions porter notre message à Besan- çon par exemple, ou à Dijon. Or, ce n’est pas le cas. Pour être audible à Paris, il faut un man- dat de parlementaire. Le cumul permet encore d’avoir les élus qui conservent un pied sur le terrain. Càd : N’avez-vous pas le sen- timent que le Jura est un peu le parent pauvre le la région Franche-Comté ? J.P. : Nous sommes un peu oubliés en effet. Mais ce n’est pas nouveau. Lorsque j’étais jeu- ne maire j’avais dit à Pierre Chantelat président de Région à l’époque : “Nous sommes les Francs-Comtois du sud. Ne nous transformez pas en sudistes de la Franche-Comté, car on risque de faire sécession.” Nous sommes moins pris en considération que le Nord Franche-Comté. On a sans doute une part de respon- sabilité. Il faut qu’on affirme davantage notre présence. Propos recueillis par T.C. pour tous les partis. En revanche, les maires ont encore une crédibilité, car ils sont jugés sur des résul- tats concrets, sur des projets. Mais au niveau national, les

J.P. : Nous sommes vent debout contre le P.L.U.I. car il est pré- vu de l’imposer de façon systématique, alors qu’il devrait

chevillée au corps une passion pour leur com- mune. En revanche, si les marges de manœuvre des maires continuent de s’atténuer,

“Une addition d’appétits personnels.”

s’appliquer sur la base du volon- tariat. Nous sommes franche- ment hostiles à ce principe d’automaticité. Càd : Nous sommes en pério- de pré-électorale. Redoutez- vous que les difficultés à gérer une commune finissent par décourager les élus locaux, voire à engendrer une crise de l’engagement ?

alors oui, nous pourrions assis- ter à une crise de l’engagement dans les années à venir. Càd : Vous êtes maire de Lons- le-Saunier. Comptez-vous vous représenter ? J.P. : Je ne le sais pas encore. Je me prononcerai sur cette ques- tion d’ici la fin de l’année. Pour l’instant, je suis dans l’action.

Càd : Pour quelle raison les

“Pour être audible à

Paris, il faut être parlementaire.”

Jacques Pélissard annoncera d’ici la fin de l’année son intention de se représenter ou non à la mairie de Lons-le-Saunier.

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