La Presse Bisontine 200 - Juillet-Août 2018

LE DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 200 - Juillet-août 2018

l Suisse voisine Le patrimoine horloger “Nous n’avons jamais cru que l’inscription nous apporterait un tourisme de masse” Les villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle sont classées site Unesco pour leur patrimoine horloger depuis 2009. Quel bilan ?

Théo Huguenin- Élie, conseiller communal en charge de l’urbanisme

(photos A. Henchoz).

L a Presse Bisontine : 9 ans que La Chaux-de-Fonds et Le Locle sont ins- crits au patrimoine mondial de l’Unes- co pour leur patrimoine industriel et horloger. Qu’en retenez-vous ? Théo Huguenin-Élie (conseiller communal de La Chaux-de-Fonds en charge de l’urbanis- me) : Tout d’abord, je me souviens de l’annonce qui fut une nouvelle extra- ordinaire, dûment fêtée avec une mani- festation organisée au pied levé. La population s’était réunie spontanément. Nos concitoyens avaient connaissance

nel dans la mesure où nous notre patri- moine est unique. Cela a suscité de l’incrédulité, une grande fierté. Cette inscription a fait prendre conscience de la nécessité à préserver notre ville. Ce n’est pas évident. À Besançon, la Citadelle est un site clairement cir- conscrit que les pouvoirs publics peu- vent protéger. Nous, nous sommes une accumulation d’éléments de détails qui en font une valeur inestimable. Il nous faut travailler avec les privés et les convaincre de faire l’effort de conser- ver par exemple la porte ancienne de leur maison et ne pas la remplacer. L.P.B. : Cela veut-il dire que les deux villes sont désormais sous cloche ? T.H.-E. : La ville continue de bouger ! De nombreux programmes de travaux avec des requalifications de friches et des travaux de densification en centre- ville sont menés. Il y aurait une anti- thèse qui ne trouverait pas de solution dans des villes sous cloche car nous sommes deux cités fonctionnelles conçues pour l’industrie et qui entre- tiennent toujours leurs liens avec cet- te dernière. L’inscription nous a per-

de vivre dans une ville industrielle, dans un urbanisme très fonctionnel (rues larges, immeubles tournés vers le soleil, cours, jardins),mais ne voyaient pas forcément cette originalité. L.P.B. : L’inscription a-t-elle changé le regard sur votre cité ? T.H.-E. : Nous étions, La Chaux-de-Fonds et le Locle, des villes qualifiées d’aus- tères. Et soudain, l’Unesco sur le plan mondial a élevé sa voix pour dire que nous vivions dans un lieu exception-

T.H.-E. : C’est plus difficile bien sûr à valoriser que Lavaux (village suisse inscrit à l’Unesco pour son cadre pay- sager magnifique au bord du Léman) parce que la qualité ne s’impose pas pour le non spécialiste au premier coup d’œil. C’est plus difficile à valoriser que la Citadelle de Besançon car enco- re une fois, vous avez un site circons- crit. L.P.B. : Quels liens entretenez-vous avec le voisin bisontin en matière de tourisme ? T.H.-E. : Des liens excellents mais nous n’avons pas encore réussi à dévelop- per des convergences suffisamment fortes. Il faut y travailler. La Chaux de Fonds et Le Locle sont à équidistance de Berne et Besançon, deux centres urbains. Il nous faut trouver notre pla- ce dans cet axe. Nous organiserons des événements pour le 10 ème anniver- saire l’an prochain. Pour comprendre le sens du site classé, il faut entrer dans notre premier accueil à “L’espa- ce urbanisme horloger”. n Propos recueillis par E.Ch.

mis de sauver des bâtiments dont le plus emblématique par exemple est situé rue du Parc numéro 1. Il fait la jonction entre deux rues qui corres- pond au plan à damier. Il a été victi- me d’un incendie en 2011, nous avons réussi à le reconstruire à l’identique. L.P.B. : Quel est le bilan touristique tirez-vous ? Vous n’avez pas explosé les chiffres ! T.H.-E. : Nous n’avons jamais cru que l’inscription nous apporterait un tou- risme de masse. Nous n’en n’avons pas les qualités. Néanmoins, nous avons un public touristique avisé qui vient chez nous et notamment beaucoup d’ar- chitectes urbanistes. Beaucoup de visi- teurs qui viennent se sont renseignés au préalable et sont quelque part d’un certain niveau socio-culturel. Nous avons beaucoup de Suisse-allemands. Notre tourisme n’offre pas d’immé- diateté. Comme en amour, il faut que celui-ci s’ouvre à vous. L.P.B. : Un tourisme horloger difficile à valo- riser donc…

Les rues parallèles, les façades face au soleil : l’urbanisme commence par là.

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