La Presse Bisontine 79 - Juillet-Août 2007

La Presse Bisontine n°79 - Juillet-août 2007

DOSSIER

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En suivant les traces du temps… Besançon s’est auto-décrétée “capitale du temps”. La ville y a dédié un musée entier, abrité dans le somptueux palais Granvelle. Il existe, néanmoins, d’autres petites traces moins visibles qui mar- quent, depuis longtemps, l’attention de la ville au temps qui passe.

ZOOM Besançon à livres ouverts…

L a bibliothèque municipale de Besançon, rue de la Bibliothèque, est à elle seule un formidable but de visite. C’est la plus ancienne bibliothèque publique de France, créée en 1694. Y sont conservés environ 600 000 documents, dont certains tout à fait excep- tionnels, notamment une soixantaine demanus- crits médiévaux enluminés. La pièce la plus attachante de ce vrai musée est peut-être le splendide recueil de dessins élaboré parAudubon, un illustrateur français exilé aux États-Unis à la fin du XVIII ème siècle. Il a entrepris ce travail colossal de dessiner, grandeur nature, toutes les espèces d’oiseaux présentes sur le continent nord-américain à son époque. “Ce document est exceptionnel à

tous points de vue, explique le chargé du patri- moine à la ville de Besançon. Il est imprimé sur format “double éléphant”, le plus grand qui existe en imprimerie, il est entièrement aqua- rellé, édité dans les années 1820-1830 à moins de 300 exemplaires. Il n’y en a plus que trois exemplaires en France, dont un à Besançon. C’est sans doute un des livres les plus chers au monde, il vaut plusieurs millions de dollars. Aux États-Unis, c’est un ouvrage mythique, et pas seulement pour sa valeur scientifique. C’est presque un ouvrage patriotique là-bas.”

Une douzaine de cadrans solaires se dissi- mulent sur les façades des bâtiments publics ou privés bisontins. À gauche, on voit celui de la mairie, créé en 1806 dans un style simple, placé en parallèle de la rotation de la terre. À noter le 4, écrit IIII en chiffres romains, au lieu du traditionnel IV. Sur la photo de droite, le cadran solaire pla- cé sur le bâtiment du siège de l’Université, rue Goudimel. C’est un cadran récent, mais refait à l’identique. Il a été tracé par un astronome de l’observatoire de Besançon.

Les autres cadrans se situent dans la cour du temple du Saint-Esprit (rue Goudimel), à la faculté de médecine, au palais Gran- velle, à l’hôtel Boitouset (5, rue de la Conven- tion), au centre de documentation pédago- gique (6, rue des Fusillés de la résistance). On en trouve même un sur le fronton de la maison de quartier de Saint-Ferjeux. Mais le plus beau, bien méconnu lui aussi, est certainement celui qui orne le fort de Chau- danne.

Chaque planche des recueils d’Audubon vaut plusieurs millions de dollars.

Il faut pousser la porte de la boulangerie des Carmes, Grande rue, pour apercevoir cette inscription gravée sur un mur de l’ancienne chapelle des Carmes. Il s’agit d’un chrono- gramme dont le principe est astucieux lui aussi. Il forme une phrase où les majuscules permettent de lire la date (en chiffres romains bien sûr) du moment où l’inscription a été gravée. Curieux et savant à la fois.

Le gnomon est un cadran solaire primitif. Celui que l’on découvre en baissant les yeux sur le sol de l’église de la Madeleine est pour le moins étonnant. Il s’agit d’une méridienne, c’est-à-dire un cadran solaire qui ne donne l’heure qu’à midi. L’astuce vient du fait que le soleil qui indique midi selon les saisons, passe par un minuscule œilleton percé dans une plaque au milieu de vitraux. Lors d’une réfection de l’église, les plaques de tôle dans lesquelles est percé le trou avaient été jetées à la décharge ! Avant d’être récupérées à temps quand on s’aperçut de l’utilité de ces plaques.

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