DFA ETUDIANT CADIF

AVOIRDESPROJETS # reconversion

FAIRE SON RETOUR À LA TERRE ILS ONT QUITTÉ LEUR MÉTIER POUR VIVRE LEUR PASSION DE L’AGRICULTURE ET ÉLABORER DES PRODUITS DE QUALITÉ, DANS LE RESPECT DE LA NATURE. NÉORURAUX OU LOCAUX, LEUR VIE A PRIS UN NOUVEAU TOURNANT. POURQUOI PAS LA VÔTRE ? Par Yves Deloison - Photographies: Lucie Mach, Karoll Petit/Hans Lucas, Felix Ledru.

’époqueoù les fermes se transmettaient de père en fils est en passe d’être révolue. Aujourd’hui, un tiers des nouveaux paysans démarre hors cadre

d’élevage bovin pour le lait et la viande ou de chèvres pour la vente directe de fromage. » VIABILISER L’EXPLOITATION « Souvent, les projets agricoles partent de l’envie d’avoir un lien direct avec le consommateur, constate Lysiane Jarno, coordinatrice de l’association Terres de Liens Bretagne. Depuis une dizaine d’années, la tendance va vers des productions plus qualitatives. » La demande croissante des consommateurs en produits sains et en circuits courts y est pour beaucoup. « Cela offre des opportunités prometteuses pour des modèles moins productivistes », ajoute-t- elle. Nombre de porteurs de projets choisissent aussi d’intégrer la transformation de leur propre production. Une polyvalence payante: elle augmente lesmarges et compense les faibles surfaces exploitées. « Côté investissement, une personne qui bénéficie des aides à l’installation a besoin d’environ 50000 euros pour se lancer » , assure Raymond Vial. Mais pour réussir, beaucoup préconisent un investissement a minima, en louant le foncier ou en s’associant avec d’autres afin de réduire les frais et le montant de l’emprunt. « C’est aussi lemoyen de garder lamain sur son outil de production » , ajoute Lysiane Jarno. TROUVER LES TERRES La plupart des candidats à l’installation n’ont pas de terres au départ. « Et ils s’imaginent à tort que la plupart des exploitations existantes ne sont pas adaptées à leur projet, regrette Raymond Vial. Or une ferme bovine peut abriter un élevage caprin ou une unité de transformation. » L’accès au foncier reste

familial. « C’est la vraie nouveauté du secteur , lance Raymond Vial, président de la chambre d’agriculture de la Loire. Dans les lycées agricoles, beaucoup d’élèves ne sont pas issus dumilieu. Heureusement, car demoins enmoins d’enfants d’agriculteurs optent pour cemétier. » Il assure que dans la prochaine décennie, un agriculteur sur deux sera à la retraite: « Si on veut garder un tissu agricole capable de nourrir

la population française, il faut soutenir l’arrivée de néoruraux dans les campagnes. » Selon les dernières données de la Mutualité sociale agricole (MSA), 35%des personnes qui s’installent ont plus de 40 ans, une proportion élevée, d’autant que cette catégorie a franchi l’âge limite pour bénéficier des dotations jeunes agriculteurs (prêts à taux réduits, exonérations de cotisations et abattements fiscaux).

DES IDÉES QUI DÉCOIFFENT! Culture de légumes asiatiques, type mizuna ou naménia, d’algue spiruline ou de safran, élevage de serpents, de perroquets, d’écrevisses, production de lait d’ânesse pour le savon, fabrication de chips de chou kale ou de légumes anciens: l’agriculture aussi a ses productions originales.

Autre révolution, la profession se féminise: 41,5%des nouveaux exploitants sont des femmes. «Quant aux types de projets, ils sont plutôt innovants et sur des surfacesmodestes : un hectare pour dumaraîchage, par exemple, note Raymond Vial. On voit aussi des exploitations

LUCIEMACH/HANSLUCAS -DAVIDLEMASSON,CULTIVATEURDEPOMMESETFABRICANTDECIDREETCALVAENNORMANDIE.PHOTOGRAPHIÉELE5JUILLET2018ÀCAMETOURS (50570)

52 DOSSIER FAMILIAL

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