La Presse Bisontine 127 - Décembre 2011

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 127 - Décembre 2011

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COMMERCE L’adjoint au maire Jacques Mariot : “Stop à la dérégulation commerciale !” L’adjoint au commerce pousse un coup de gueule contre les nouvelles règles en

L a Presse Bisontine : Vous participez régulièrement aux commissions départementales d’aménagement commercial (C.D.A.C.) qui autorisent ou non l’implantation de nouveaux commerces. Des commissions dans lesquelles les élus n’ont plus aucun poids selon vous. Expliquez-vous ? Jacques Mariot : La loi de modernisation de l’économie (L.M.E.) entrée en vigueur en août 2008 a transformé les C.D.E.C. (équipement commercial) en C.D.A.C. (aménagement commercial). Cette loi a complètement changé la donne en terme de régulation commerciale, elle a pour conséquence de libéraliser le commerce en estimant que plus il y a de commerces et plus il y a d’emplois. L.P.B. : Et c’est faux ? J.M. : Complètement. Prenons l’exemple du Super U de Roche-lez-Beaupré qui a en effet permis la création d’emplois, mais en même temps, il y a eu des conséquences directes sur le Carre- four de Chalezeule qui a dû suppri- mer des emplois. Cette loi aboutit à une véritable dérégulation du com- merce. Auparavant, un passage en C.D.E.C. était obligatoire pour une sur- face commerciale à partir de 300 m 2 . Désormais, avec les C.D.A.C., c’est à partir de 1 000 m 2 seulement. Ce qui laisse la porte ouverte à de nombreuses implantations sans qu’on n’ait notre mot à dire. Je le dis souvent mais ce n’est pas parce qu’il il y aura un super- marché tous les 200 m qu’on mange- ra deux fois plus ou qu’on aura deux frigos ! Cette L.M.E. a eu pour seule conséquence la dérégulation. Je dis stop à cette tendance. Il y a assez de commerces alimentaires dans le sec- teur de Besançon. L.P.B. : La Ville de Besançon n’a donc plus son mot à dire sur le commerce à Besançon ? J.M. : En C.D.E.C., il fallait recueillir quatre voix sur six pour créer un mètre matière d’implantations commerciales qui selon lui aboutissent à des aberrations. Il met aussi les choses au point avec l’Union des commerçants.

Jacques Mariot est adjoint au commerce depuis 2001. “Mon C.D.D. s’arrête en 2014” sourit-il.

Eiffage comment en avril. Et dans la foulée on commencera la commercia- lisation des 15 000m 2 de surface (moins les 2 000 m 2 de Monoprix). Concernant la F.N.A.C., on a toujours leur “cour- rier d’intention”, mais avec ce qu’on voit ailleurs en France avec les F.N.A.C., je crois qu’il faut garder les pieds sur terre… D’autres enseignes sont bien engagées comme H et M et Zara par exemple. L.P.B. : L’équilibre commercial entre l’Est et l’Ouest bisontin est aussi un cheval de bataille des élus locaux. Avec le dossier récent de l’agrandissement de Kiabi, on a l’impression que Châteaufarine renforce encore sa supré- matie. Jusqu’à quand Châteaufarine se déve- loppera ? J.M. : Il est clair qu’on est loin de l’équilibre avec 110 000 m 2 à Châ- teaufarine contre 36 500 à Chalezeu- le. Sur Châteaufarine néanmoins, il ne reste plus que 30 ares appartenant à Casino, du côté de Go Sport, entre l’ancien marchand de piscines et le bâtiment Masnada. Après, il n’y aura plus un mètre carré sur la commune de Besançon. Plus loin, on tombe sur Avanne (N.D.L.R. : où Leroy-Merlin aurait un projet d’extension). Les tra- vaux d’accès à Châteaufarine rue René- Char seront terminés au plus tard le 1 er décembre, avant les fêtes. Ils per- mettront d’augmenter les flux de voi- tures de 20 %. Propos recueillis par J.-F.H.

panneaux photovoltaïques, leds , récu- pération de l’eau de pluie, etc. Le seul hic, c’est que tout cela est basé uni- quement sur du déclaratif. Jamais per- sonne ne viendra vérifier si les enga- gements des enseignes en la matière sont tenus. Et c’est là-dessus que les gens doivent voter et forcément, il n’y a jamais de refus. On ne s’occupe plus du contenu des enseignes mais seule- ment du contenant. C’est une dérive. L.P.B. : Vous estimez qu’il y a assez de sur- faces alimentaires dans le Grand Besançon. Mais il faut comprendre les gens d’Avanne- Aveney, de Pirey, de Franois ou encore de Mise- rey-Salines désireux d’avoir une surface ali- mentaire sur leur commune ! J.M. : L’exemple d’Avanne est très bon. Évidemment que je comprends unmai- re qui dit à ses concitoyens : “Je vais vous offrir une grande surface.” Sauf que, il y a des moments où il faut réflé- chir à jouer collectif. Le Colruyt d’Avanne est situé à la sortie de la com- mune, à proximité de la zone de Lafayet- te et de Planoise. C’est une surface de 999 m 2 qui a été faite, juste en dessous du seuil de C.D.A.C. et ce, contre l’avis de tous les élus de la C.A.G.B. Déjà qu’il est difficile de dynamiser le com- merce à Cassin, avec ce genre d’implantations, on va contribuer à attirer les gens de Cassin à faire leurs courses à Avanne. Cassin n’avait pas besoin de cela. Même chose quand ED est venu à Fra-

nois. C’était encore au temps des C.D.E.C. où on avait encore notre mot à dire. À l’époque, on leur a dit : “D’accord, vous venez à Franois, mais à une condition, c’est de venir aussi à la Grette.” Le problème, c’est que les surfaces s’implantent non pas où les gens vivent mais là où ils passent. L’offre commerciale ne fait que croître en périphérie alors que les porte-mon-

ce de la librairie Cart ? J.M. : Les 600 m 2 de surface alimen- taire des Galeries Lafayette qui dis- paraissent sont remplacés par les 297m 2 de Casino-Shop. Ce sera de plain-pied, a priori c’est une bonne chose. Il faut maintenant que Casino trouve une complémentarité avec le Petit Casino de la rue des Granges. L.P.B. : À propos de l’ex-librairie Cart, on dit que les rapports entre vous adjoint au com- merce et Jérôme Cart le président de l’Union des commerçants, sont au point mort. Est-ce vrai ? J.M. : J’attends de ses nouvelles et avant tout des excuses de sa part. Quand il affirme des choses fausses, il faut assu- mer. Jamais il m’a demandé directe- ment de participer à leur assemblée générale par exemple et quand il met en cause la “méthode mairie” dans les journaux (N.D.L.R. : voir La Presse Bisontine n° 125), j’attends des excuses. J’ai toujours épaulé les commerçants depuis dix ans, sans compter mon temps. La balle est désormais dans son camp. L.P.B. :Avant la fin du mandat devraient ouvrir les Passages Pasteur, long feuilleton com- mercial du centre-ville. Où en est-on, et peut- on encore croire réellement à la venue de la F.N.A.C. ? J.M. : La deuxième phase archéologique se termine fin mars, 24 500 m 3 de gra- vats seront déblayés. Les 85 logements

“J’attends des excuses de Jérôme Cart.”

carré commercial. En C.D.A.C. aujourd’hui, la voix du maire de Besançon est seule contre onze autres votants et les critères sont désormais quali- tatifs : une implanta- tion est jugée selon son impact sur l’aménagement du ter- ritoire et le dévelop- pement durable. Ce qui donne lieu à des aberrations. L.P.B. : Lesquelles par exemple ? J.M. : Certaines enseignes nous pré- sentent de beaux concepts de dévelop- pement durable, avec

“Il y a assez de commerces alimentaires.”

naie restent ce qu’ils sont. La straté- gie des enseignes peut aboutir à des drames sociaux car aujourd’hui on n’a plus aucun levier sur le maillage du territoire en matière de commerce. L.P.B. :Trop d’alimentaire donc. Vous avez des chiffres ? J.M. : Évidemment qu’il y en a trop. Il y a encore un Lidl qui va arriver à Beu- re. La population de l’agglomération bisontine croît de 0,5 % par an, c’est environ 1 000 bouches à nourrir de plus. Alors que la surface alimentaire globale augmente de 5 %. Il y a forcé- ment des commerces qui vont en fai- re les frais. Je trouve cette évolution dramatique. L.P.B. : À ce propos, vous vous réjouissez de l’arrivée de Casino-Shop rue Moncey à la pla-

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