Journal C'est à dire 220 - Avril 2016

D O S S I E R

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POLLUTION : LES RIVIÈRES TOUJOURS EN DANGER

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L’abondance d’eau en ce début de printemps est trompeuse et masque une réalité toujours présente : les cours d’eau du Haut-Doubs restent menacés par diverses sources de pollution : rejets des stations d’épuration dont de nombreuses sont encore défectueuses, micro-polluants d’origine industrielle ou enco- re effluents agricoles. Cette photo prise le 8 avril au bord du Dessoubre à hauteur de Rosureux montre à quel point la situation n’est pas encore satisfaisan- te. Au-delà des quelques faits divers qui défraient la chronique comme ces épandages sauvages que continuent de réaliser quelques agriculteurs peu scru- puleux, les acteurs de terrain ont compris l’intérêt de travailler ensemble. Associations, instances agricoles, collectivités locales engagent enfin les actions nécessaires. En espérant que la situation, aussi grave soit-elle, ne soit pas pour autant désespérée. Pollution des sols et des rivières, rapport d’étape.

Rivières “La situation ne s’est pas améliorée”

Malgré un hiver très pluvieux qui a permis de régénérer l’eau des rivières du Haut-Doubs, l’état sanitaire des cours d’eau est loin d’être revenu à la normale. Les vigies des rivières veillent toujours.

(voir aussi l’interview en page 21). Les canards boiteux existent toujours : les cas de Vaufrey et de Cour-Saint- Maurice en 2014, plus récemment de Tarcenay où un exploitant a vidé en toute impunité sa fosse à lisier, en témoignent. Les agriculteurs, il faut s’en réjouir, sont passés du déni à la compréhension de l’impact que leurs pratiques peuvent avoir sur les sols. Des mesures sont prises : la couver- ture des fumières, l’augmentation des capacités de stockage de lisier sur les exploitations, la mise en place de plans d’épandage, etc.Au moment où la filiè- re comté engage la réflexion sur son avenir, le débat ne peut plus être élu- dé, même si, estime le collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises, “les mesures courageuses engagées ne compensent pas les augmentations de volumes de lait liées à l’anticipation et à la fin des quotas laitiers. Le retour à l’autono- mie alimentaire du bétail avec une montbéliarde plus rustique commen- ce à s’imposer peu à peu comme la démarche à suivre pour revenir à un équilibre avec le territoire et pour conso- lider l’avenir des A.O.P.” Il apparaît aujourd’hui primordial que l’ensemble de la société se mobi- lise au-delà des associations mili- tantes si la profession agricole veut concrétiser son projet de Territoire d’Excellence. Une note d’espoir : asso- ciations de protection de l’environ- nement, pêcheurs et profession agri- cole ne se tournent plus le dos et ont compris tout l’intérêt de travailler désormais main dans la main. n J.-F.H. Christian Triboulet est président de l’association de pêche la Franco-Suisse et animateur du collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises.

U n hiver particulièrement arrosé, un début de prin- temps frais et humide : rien de tel apparemment pour redonner du tonus à nos cours d’eau, Doubs et Dessoubre notamment. Mais le bel aspect actuel des rivières du Haut-Doubs ne serait qu’un leurre à entendre les acteurs de terrain qui veillent au grain. Parmi eux, le col- lectif S.O.S. Loue et rivières comtoises continue à être sur le pied de guerre.

sur le Dessoubre, le collectif avait exa- miné à la loupe le fonctionnement des 35 stations d’épuration situées sur le bassin-versant du Dessoubre. Le résul- tat était sans appel : 90 % d’entre elles présentaient des dysfonctionnements. “Nous avons fait ce travail pour mon- trer aux administrations et aux élus qu’il y avait un réel problème. Ils ont fini par reconnaître que les sta- tions n’étaient pas si vaillantes que cela. Résultat : le syndicat mixte du Dessoubre a pris la compéten- ce assainissement et les choses vont pouvoir enfin avancer dans le bon sens. Je me réjouis de cet- te collaboration” note Christian Triboulet qui ajoute : “Mainte- nant, nous souhaiterions être impliqués en amont des prises de déci- sions. ” Le syndicat mixte a d’ailleurs prévu l’embauche d’un ingénieur qui serait spécifiquement affecté à cet- te question. En résolvant les dys- fonctionnements des stations d’épu- ration inadaptées et ce, grâce à des financements d’État garantis par l’Agence de l’eau, M. Triboulet esti- me qu’on “est capable d’abattre 80 % de la pollution en cinq ans.” Une des autres sources d’inquiétude est d’ori- gine industrielle avec les micro-pol- luants de l’industrie qu’il convien- drait de traiter à la source. Enfin, les pratiques agricoles restent une des principales préoccupations des associations ou des collectifs envi- ronnementalistes. Sur ce point, les choses ont évolué dans le bon sens

“Tant qu’il y a de l’eau, la pol- lution est diluée. Mais sitôt que nous sommes en situa- tion d’étiage, toute la pollu- tion présente se dépose. Les épandages qui ont été réali- sés ces dernières semaines ont

Les canards boiteux existent toujours.

forcément un impact. Le souci, c’est que les épandages qui ont été faits à 900 ou 1 000 m d’altitude étaient trop précoces, la végétation n’était même pas repartie et les effluents partent directement dans les nappes” consta- te Christian Triboulet, qui cumule la triple casquette de président de l’as- sociation de pêche la Franco-Suisse, vice-président de la fédération de pêche du Doubs et co-animateur du collectif S.O.S. Loue et rivières com- toises. Le spectacle des cours d’eau en ce mois d’avril n’était guère réjouis- sant : des algues brunes gavées d’azo- te et de phosphate, qui laisseront la place si les températures se réchauf- fent à une prolifération d’algues vertes. Après les graves mortalités de pois- sons constatées en 2014 notamment

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