Journal C'est à dire 220 - Avril 2016

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D O S S I E R

Agriculture “Les changements de comportements doivent concerner tout le monde”

Christian Morel est vice-président de la chambre d’agri- culture du Doubs et Territoire-de-Belfort. Pour lui, l’agri- culture, souvent montrée du doigt, est bien conscien- te des enjeux et prend sa part aux efforts nécessaires.

les “emmerde”.

Càd : Les choses progressent tout de même selon vous ? C.M. : Les choses vont dans le bon sens. C’est aussi une ques- tion d’état d’esprit à changer auprès des agriculteurs, et du grand public. Il faut expliquer que les effluents, ce ne sont pas des déchets, mais avant tout des engrais et que ces engrais, il faut savoir les utiliser correctement. A ce propos, la chambre d’agri- culture diffuse auprès de tous les agriculteurs du département des guides des bonnes pratiques de gestion des effluents d’éle- vage en milieu karstique. Ce sont des documents pédago- giques très bien faits qui encou- ragent les pratiques respon- sables. On travaille également

Christian Morel,

vice-président de la chambre d’agriculture : “Agriculteurs, communes, forestiers, pêcheurs, tout le monde a sa part.”

C’ est à dire : La quali- té des sols et des rivières est-elle réel- lement une des préoccupa- tions de la filière agricole ? Christian Morel : Nous sommes actuellement en train de modifier notre projet agrico- le départemental avec le projet de faire du Doubs une terre d’ex- cellence. Cela passe donc forcé- ment par la prise en compte de la qualité des sols et des rivières. On a bien conscience que nous sommes ici sur des sols fragiles et sur une logique éco- nomique autour des A.O.P. et des I.G.P. Les efforts sont indis- pensables. Càd : Quelles actions concrètes la profession met- elle en place ? C.M. : Il y a des actions que nous avons mises en place il y a déjà longtemps comme les plans d’épandage qui sont préparés en concertation avec les com- munes qui ont des réseaux d’as- sainissement. Sur les 2 200 exploitations du Doubs, la moi- tié déjà ont intégré un tel plan d’épandage. Plus récemment, on

s’est mis à travailler plus pré- cisément selon les secteurs où on est, par rapport notamment à la profondeur de terre. L’idée est d’épandre de manière de plus en plus précise et ciblée en fonc- tion de la nature des sols. Càd : Il n’empêche que mal- gré ces efforts et ces mesures, il reste des agriculteurs inconscients qui déversent leur lisier n’importe comment et n’importe où ! C.M. : L’arrivée du portable fait, d’un côté, énormément de bien à notre profession car il ne peut

lement sur la limitation des désherbants et autres insec- ticides ? C.M. : Oui, c’est le deuxième axe de notre politique. On a mis en place des essais sur Arcier et le plateau de Saône cette fois-ci, destinés à changer de pratiques, ce qui a permis de constater une forte baisse de la pression phy- tosanitaire. Ceci dit, si on par- le des glyphosates (le fameux Roundup), on constate aussi que là où on en trouve le plus, c’est à la sortie des stations d’épu- ration, ce qui signifie que ce sont aussi les particuliers qui en uti- lisent et qui sont responsables d’une partie des rejets. Les chan- gements de comportements doi- vent concerner tout le monde. Agriculteurs, communes, fores- tiers, pêcheurs, tout le monde a sa part. Le retour des charrues

dans nos champs est aussi une réalité, comme il y a 50 ans, on peut se remettre à traiter les herbes comme ça. Il existe des aides de l’État qui permettent de pallier le manque de renta- bilité liée au retour de telles pra- tiques, mais le problème est que les agriculteurs en sont parfois à se désengager parce que fau- te de moyens de l’État, ces dis- positifs ne deviennent plus inté- ressants du tout. Il ne faut pas que l’administration nous impo- se des conditions inatteignables. Càd : La solution est-elle au passage des exploitations en bio ? C.M.: Pour moi, le bio, c’est la cerise sur le gâteau. Il y a de plus en plus d’exploitations qui passent au bio, elles sont aujour- d’hui 7 à 8 %. Seulement, il faut

mettre en garde. Les gens ne doivent pas partir au bio par seule opportunité financière et qu’en suite on soit obligés de les ramasser à la petite cuillè- re parce qu’ils n’auraient pas réussi. Ensuite, quand on veut passer en bio, il faut être très pointu techniquement. Ce n’est pas donné à tout le monde. Et enfin, il faut que ça réponde à un marché. On ne peut pas répondre au marché du bio uni- quement avec les filières locales. Il faut que les filières longues, les grosses coopératives s’intè- grent dans ce mouvement. C’est ce que nous les encourageons à faire. Dans un marché mondial, l’agriculture française se dis- tinguera par sa qualité et la recherche de créneaux à valeur ajoutée. n Propos recueillis par J.-F.H.

plus y avoir d’impuni- té en la matière. Au moindre dérapage, il y a désormais toujours quelqu’un pour prendre une photo. Le temps où on pouvait épandre en toute discrétion est

en relation avec la fédé- ration des C.U.M.A. pour avoir du matériel le plus sophistiqué pos- sible qui permettre d’épandre en quantités plus réduites et à le fai- re à des moments où la

“Ne pas partir au bio par seule opportunité financière.”

révolu et c’est tant mieux. Ceci dit, il y aura toujours ceux qui enfreindront la loi. Je les com- pare à ces automobilistes qui, malgré les interdictions, conti- nuent à rouler à 170 km/h. Ils savent pertinemment que c’est interdit mais la réglementation

végétation en a besoin, pas n’im- porte quand. Nous avons mis en place à ce sujet des essais du côté de Bonnevaux-Trepot qui donne des résultats très inté- ressants.

Càd : Travaillez-vous éga-

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