Journal C'est à dire 220 - Avril 2016

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Les chiffres de l’emploi frontalier en trompe-l’œil Le canton de Neuchâtel annonce une diminution de son taux de chômage (6 %) alors que des annonces de licenciements se multiplient. Astuce : les frontaliers ne sont pas comptabilisés par la Suisse, mais par Pôle emploi en France. Certains terminent leur “dédite”. Le chômage devrait grimper… en France. Emploi

Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr t Retrait F t Épar HF t 1MB cement t 1 révoyanc F t Aut P t .P t P t )BCJU ation t L PJTJST t Commerc FT t &OU reprise

C omment expliquer la baisse du taux de chô- mage dans le canton de Neuchâtel (6 %, soit - 0,4 % entre février et mars) alors que les exemples de frontaliers licenciés depuis le début de l’an- née ne cessent de se multiplier (lire ci-dessous) ? Parce que les statistiques cantonales pren- nent en compte uniquement les Suisses. Les frontaliers (fran- çais) remerciés pointent en effet à Pôle emploi Morteau ou Pon- tarlier selon où ils résident. Ils ne sont pas inscrits à Neuchâ- tel si bien qu’ils échappent aux statistiques de nos voisins… qui oublient parfois de le mention- ner. “Je peux vous assurer que le chiffre des demandeurs d’em- ploi augmentera car j’ai posté depuis le début d’année environ 200 P.D.U. 1, document néces- saire pour pointer à Pôle emploi en France, uniquement pour La Chaux-de-Fonds. Les chefs d’en- treprise de l’horlogerie naviguent à vue et beaucoup d’entreprises ont terminé avec les R.H.T. (réduction d’horaires de travail). Les carnets de commandes ne sont pas remplis. La fin des R.H.T. - qui permettait de lais- ser passer l’orage - est une bom- be à retardement !” commente Sylvain Schwab, du syndicat U.N.I.A. à La Chaux-de-Fonds. Le syndicaliste négocie avec les entreprises horlogères conven- tionnées les plans de licencie-

ments économiques ou collec- tifs. Son but : les réduire. Autre explication qui tend à montrer que les chiffres du chô- mage ne représentent pas tou- jours la réalité à l’instant “T” : c’est la période dite de “dédite” (la carence en France) que les frontaliers licenciés doivent res- pecter. Elle peut varier de 1 à 3 mois selon la durée passée dans l’entreprise. Durant cette pério- de, le licencié est chez lui mais n’a pas encore pointé. “Cela déca- le donc les chiffres du chôma- ge de 3 à 6 mois” poursuit U.N.I.A. Le service cantonal de l’emploi à Neuchâtel est conscient du phénomène. Il a pu délivrer la statistique des fron- taliers dans le canton au 4 ème trimestre 2015, moment des pre- mières dépressions économiques. Premier point : l’effectif de fron- taliers n’a jamais été aussi éle- vé avec 12 047 employés (+ 1,3 %), soit 7 689 hommes (+ 1,9 %) et 4 358 femmes (+ 0,2 %). Ce dernier confirme néanmoins un élément qui n’a échappé à personne : “À fin 2015, la crois- sance annuelle s’est toutefois ralentie. En effet, les évolutions annuelles précédentes 2012-2013 (+ 3,6 %) et 2013-2014 (+ 4,4 %) étaient les plus importantes.” En clair, l’activité demeure soute- nue mais n’explose plus les compteurs contrairement aux trois années dernières.

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Les districts du bas du canton affichent toujours un rythme de croissance annuel plus élevé en recrutement de frontaliers : + 7,2 % à Boudry et + 6,9 % à Neuchâtel contre + 2,5 % au Locle et un recul plus net à La Chaux-de-Fonds (- 2,2 %). Alors que le taux de chômage

suisse baisse, celui du bassin mortuacien est de 7,8 % au der- nier trimestre 2015 (+ 0 % sur un an). Il devait évoluer à la hausse… À écouter les profes- sionnels, la crise horlogère 2015- 2016 sera plus forte que celle de 2009. n E.Ch. Projets de suppression l 12 février 2016 : suppression de 750 partenaires chez Zürich assurances (toute la Suisse) l 23 février : projet de 20 postes chez Faude et Hugue- nin (Le Locle). Au final, 12 licen- ciements selon un syndicat. l 24 février : 19 postes chez Johnson et Johnson (médical). l 19 mars : Richemont a annoncé la suppression de 300 postes. Les chiffres finaux seront en deçà notamment pour Cartier (qui avait annon- cé 95 suppressions au Crêt- du-Locle, 20 aux Brenets). concernées. Cartier devait annoncer (à l’heu- re où nous bouclions ces lignes) le nombre de licenciements pour son site du Crêt-du-Locle. Ce ne sera pas 130 emplois comme pré- vu mais en deçà d’après une source proche du dossier. Cela passe par des départs à la retrai- te anticipés ou départs volon- taires. n Une procédure de licenciement est annoncée chez Cartier à La Chaux-de-Fonds.

L’heure de la récession dans l’horlogerie ? Licenciements L’activité n’a pas redémarré pour l’horlogerie et ses sous-traitants. Toutefois, le plan de licenciement annoncé chez Cartier pourrait être moins impor- tant que prévu.

Licenciements d’octobre à ce jour (source La Frontalière) l 30 octobre 2015 : 5 postes supprimés chez Decovi l 4 novembre : 123 postes seront supprimés chez Tetra- Pak d’ici un an l 5 novembre : 12 postes sup- primés chez Prototec l 5 novembre : 4 postes sup- primés à La Joux-Perret l 28 novembre : 20 postes sup- primés chez Monnier 60 personnes chez Petitjean (Brenets) sur 270 employés. 35 entreprises dont 500 sala- riés étaient concernés par du chômage partiel fin 2015.

L’ horlogerie aurait man- gé son pain blanc. “Elle n’a en tout cas pas mesu- ré les conséquences de la crise” indique l’U.N.I.A. Pour Alain Marguet (Amicale des fronta- liers) “l’avenir est inquiétant si bien que les frontaliers sont pessimistes. Il y a bien une réces- sion” confirme le président. En 2015, les grandes firmes ont

tenté d’écouler leurs stocks dans un marché atone. En 2016, elles

rappelle que des entreprises pré- voient d’embaucher comme Tag Heuer pour sa montre connectée. “Les grandes entreprises tirent enco- re leur épingle du jeu mais il faut qu’elles innovent” témoigne un spécia- liste Le syndicat est informé des licen- ciements économiques et col-

lectifs. Il tente de négocier avec les chefs d’entreprise. Le syndicat est conventionné en Suisse, c’est-à-dire que les entre- prises du secteur de l’horloge- rie doivent l’informer (ainsi que le canton) en cas de licencie- ments collectifs ou économiques. Une période de consultation se déroule entre le syndicat et la direction des entreprises

licencient ou rapatrient dans leurs ateliers du travail jadis sous-trai- té. Conséquence : les sous-traitants trin-

Des départs à la retraite anticipés.

quent. “On suppute que des entre- prises tentent de les maintenir à flot” rassure toutefois la branche horlogère d’U.N.I.A. qui

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