AFD - Document de référence 2018

PRÉSENTATION DE L’AFD

Activités du groupe Agence Française de Développement en 2018

dans le cadre du programme avec le FMI. L’économie argentine devrait ainsi connaître encore une année de récession en 2019. L’activité économique au Mexique est soutenue par les exportations et les transferts de migrants mais le pays reste vulnérable aux turbulences sur les marchés financiers du fait de son intégration financière et au resserrement de la politique monétaire américaine. Parmi les risques auxquels fait face la région, la détérioration de la situation économique et sociale au Venezuela a conduit à une crise humanitaire et à la hausse de l’émigration en direction de la Colombie et du Brésil, notamment. L’évolution de la conjoncture dans les pays d’intervention de l’AFD au Sud et à l’Est de laMéditerranée n’a pas été épargnée par les risques liés aux tensions commerciales et au durcissement des conditions financières sur les marchés internationaux au deuxième semestre 2018. La Turquie a ainsi vu ses perspectives de croissance fortement révisées à la baisse depuis avril, du fait de la dépréciation soudaine et massive de la lire turque en août 2018 et de la contraction du crédit qui s’en est suivie. L’économie turque devrait entrer en récession en 2019, d’après le FMI. Le besoin de financement externe conséquent du pays (25 % du PIB) l’expose à un risque de refinancement important alors que ses réserves de change sont limitées. En Tunisie, la dynamique de croissance de l’économie reste insuffisante pour répondre aux défis socio-économiques du pays, malgré une légère accélération à 2,4 % en 2018. La position dégradée des finances publiques et du secteur externe exacerbent les tensions sur le dinar tunisien et l’inflation, et les réserves de change s’amenuisent en conséquence. Le programme conclu avec le FMI en mai 2016 pourrait être remis en cause par de nouveaux dérapages budgétaires à l’approche des élections générales de 2019 (hausse des salaires dans la fonction publique) alors que la dette publique s’élève à plus de 70 % du PIB. L’impact des conflits régionaux continue de peser sur l’activité économique au Liban et en Jordanie, alors que les marges de manœuvre budgétaires de ces deux pays sont contraintes du fait d’un endettement important et que leurs vulnérabilités macro-financières s’accroissent. Le poids de la dette égyptienne constitue également un facteur de vulnérabilité. Pour autant, les réformes menées dans le cadre du programme avec le FMI commencent à porter leurs fruits avec une hausse de la croissance, une réduction des déficits budgétaire et du compte courant et une baisse de l’inflation. Dans un environnement régional mouvementé, le Maroc se distingue par sa relative stabilité même si sa croissance reste dépendante du secteur agricole et est insuffisante pour permettre une réduction du taux de chômage. L’ Afrique sub-saharienne devrait voir sa croissance accélérer légèrement à 3,5 % en 2019. Les pays exportateurs de pétrole sont vulnérables à la nouvelle baisse des cours du pétrole, avec un taux de croissance bien inférieur aux tendances passées et un endettement en hausse. Dans plusieurs pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Ghana, Guinée, Sénégal et Tanzanie), la croissance s’est établie à 5 % ou plus en 2018 et devrait rester vigoureuse à moyen terme, soutenue par les investissements publics, la bonne santé de la production agricole. En revanche, l’Afrique du Sud voit son économie tourner au ralenti depuis plusieurs années, ce qui pèse fortement sur la croissance régionale. Après avoir atteint 1,3 % en 2017, la croissance de l’Afrique du Sud devrait s’établir à 0,8 % en 2018 selon le FMI. Depuis le début de l’année, le rand s’est fortement déprécié alors que le besoin de financement externe de l’économie s’est accru.

Celui-ci est essentiellement couvert par des flux de capitaux de court terme volatiles tandis que le niveau des réserves de change est inférieur au niveau préconisé par le FMI. La dette publique s’établit en hausse, à 53 % du PIB fin 2017. Le Nigeria devrait enregistrer une croissance de 1,9 % en 2018, contre 0,8 % en 2017, principalement grâce à de moindres perturbations de la production de pétrole et à un redressement de l’économie non pétrolière. Grâce à la hausse des cours des matières premières, les déséquilibres extérieurs se sont globalement réduits, mais les résultats sont plus mitigés en matière d’assainissement des finances publiques et les vulnérabilités liées à l’endettement s’aggravent : environ 40 % des pays à faible revenu de la région sont surendettés ou présentent un risque élevé de le devenir. Plusieurs pays de la région (Côte d’Ivoire, Nigeria et Sénégal) ont émis des Eurobonds pour un total de 7,5 Mds$ en 2017, soit dix fois le niveau constaté en 2016 et le rythme des émissions s’est poursuivi en 2018. Fin 2017, le niveau médian de la dette publique de l’Afrique subsaharienne dépassait 50 % du PIB. L’augmentation de l’encours de la dette va de pair avec celle des paiements d’intérêts, qui absorbent une part croissante des recettes. Pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, le ratio paiements d’intérêts/recettes médian a pratiquement doublé, passant de 5 % à près de 10 % entre 2013 et 2017, et, pour les pays exportateurs de pétrole, il est passé de 2 % à plus de 15 % pendant lamême période. On observe les hausses les plus fortes en Angola, au Bénin, au Congo, au Gabon, au Mozambique, au Nigeria, en Ouganda, au Tchad et en Zambie. Le recours accru à l’emprunt en devises constitue une autre source de vulnérabilité. La dette publique libellée en devises représentait en moyenne environ 60 % du total de la dette publique en 2017. Si les taux d’intérêt de la dette libellée en devises sont généralement inférieurs aux taux domestiques dans la région, le recours à l’emprunt en devises expose les pays débiteurs à la volatilité des taux de change et accroît les risques liés au refinancement. Dans plusieurs pays, l’exposition du secteur bancaire au souverain, conjuguée à l’accumulation d’arriérés vis-à-vis des créanciers intérieurs pèse sur le bilan des banques et sur la croissance du crédit (Angola, Congo, Mozambique et Zambie). Le ralentissement du crédit au secteur privé menace la reprise dans les pays concernés, surtout ceux où l’espace budgétaire est contraint du fait de la charge croissante de la dette publique. La situation économique en zone CEMAC demeure tendue même si le FMI table sur une amélioration progressive avec une croissance moyenne projetée à 2,7 % en 2018 pour des déficits public et courant respectivement de 1,3 % et 2,6 % du PIB. La reconstitution des réserves de change de la zone est plus lente que prévu (2,4 mois d’importations à fin 2017). En UEMOA, la dynamique de croissance est sensiblement plus élevée que celle observée dans le reste des pays de l’Afrique sub-saharienne depuis 2012, tirée notamment par la hausse de l’investissement public. Celle-ci génère de fortes pressions sur les équilibres macroéconomiques : en 2017, le déficit budgétaire régional a atteint 4,7 % du PIB, la dette publique a augmenté de près de 12 points de PIB depuis 2012 à 48,2 % et le déficit courant s’est creusé à hauteur de 6 % du PIB. En conséquence, les marges de manœuvre extérieures de l’UEMOA s’affaiblissent, comme en témoigne l’érosion persistante des réserves de change mutualisées, compensée en 2017 par des émissions d’Eurobonds. Celles-ci couvraient 4,2 mois d’importations à fin décembre 2017.

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DOCUMENT DE RÉFÉRENCE 2018

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