Journal C'est à Dire 139 - Decembre 2008

D O S S I E R

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Bâtiment La concurrence s’intensifie entre les entreprises À une époque où les marchés publics se raréfient, les sociétés du Haut-Doubs doivent faire face à une concurrence venue du pays de Montbéliard, de la région de Besançon voire de Nancy.

L e bâtiment a déjà connu des périodes difficiles. “En 1990 et 1995, nous avons vécu de grandes crises. Elles sont venues pro- gressivement. Ce qu’il y a d’inquiétant dans celle que l’on traverse, c’est que la conjonc- ture s’est dégradée en trois mois” observe Alain Boissière, le pré- sident de la fédération du bâti- ment et des travaux publics du Doubs. Le marché de la construction neuve s’écroule, et celui de la rénovation et de l’entretien est soumis à la volonté des ménages et des entreprises de concréti- ser ou non leur projet de tra- vaux. Or, actuellement, les inves- tisseurs ont tendance à décaler les chantiers voire à les annu- ler. Les demandes de devis s’effondrent dans les sociétés du bâtiment, ce qui fait craindre le pire aux professionnels du secteur pour l’année 2009. “Les gens attendent. Ils n’ont plus confiance. D’une certaine maniè- re, ils entretiennent la crise, per- suadés que les prix vont enco- re baisser. Ils sont convaincus qu’il est préférable d’épargner

Pour les P.M.E. du Haut-Doubs, l’effet de la crise est accentué par la proximité de la Suisse. Ces dernières années, pour pré- server leur personnel, elles ont dû consentir un effort sur le salaire de leurs collaborateurs pour éviter que ceux-ci aillent proposer leurs services de l’autre côté de la frontière. Les ouvriers du bâtiment sont donc mieux payés ici qu’en Haute-Saône par Doubs. À une période où les mar- chés se raréfient, elles ont du mal à tirer leur épingle du jeu face à une concurrence qui s’intensifie. “Il y a six mois, on cherchait du personnel à tout rompre. Nous avons mieux rému- néré nos salariés pour qu’ils res- tent dans l’entreprise. Malheu- reusement aujourd’hui, quand des collectivités locales lancent des appels d’offres pour des chan- tiers publics, des sociétés de Besançon, Montbéliard et même de Nancy répondent à la com- exemple. Le différentiel est de l’ordre de 10 à 15 %. Cet écart sur les salaires rend moins compétitives les entreprises du Haut-

en ce moment. On nage dans une psychose complète” poursuit Alain Boissière qui dirige à Pon- tarlier une entreprise du bâti- ment forte de soixante ans d’existence et qui emploie 25 salariés. Il ne se fait pas d’illusions pour l’année à venir qui est d’ores et déjà mal engagée si les pou- voirs publics ne parviennent pas à débloquer la situation par un bâtiment et de l’automobile. Mal- gré tout, la récession est là. Alain Boissière s’est fixé comme objec- tif pour 2009 “de trouver suffi- samment de marchés pour conserver le personnel.” Il fait une croix sur d’hypothétiques bénéfices. “L’entreprise qui par- viendra à passer 2009 en hono- rant ses dettes et en préservant son personnel aura réussi un tour de force.” Le commentaire donne une idée des problèmes qui se présentent aux profes- sionnels du bâtiment. plan de relance mas- sif. Le gouvernement doit annoncer dans les prochains jours des mesures pour oxygé- ner les secteurs du

“Des prix 20 % moins élevés.”

Alain Boissière : “L’entreprise qui parviendra à passer 2009 en honorant ses dettes et en pré- servant son personnel aura réussi un tour de force.”

sionné. Les tarifs sont revus à la baisse par rapport à l’année dernière. Même chose à Saint- Gorgon-Main, un bailleur social qui avait lancé des appels d’offres pour aménager trois logements dans un bâtiment communal a reçu 50 dossiers de candidature ! C’est exception- nel. Les entreprises du bâtiment se ruent sur les chantiers qui se présentent pour couvrir au moins leurs charges courantes. “Ce que je redoute, c’est que les jeunes

mande. Elles affichent des prix 20 %moins élevés que les nôtres. Nous ne pouvons pas nous ali- gner. Les communes vont peut- être générer du travail mais cela ne veut pas dire que ces initia- tives serviront le tissu économique local” déplore Alain Boissière. Récemment, à Fournets-Lui- sans, pour son chantier d’assainissement d’un montant de 370 000 euros, la commune a reçu la réponse de nombreuses entreprises qui ont soumis-

sociétés nous fassent du mal en prenant des chantiers à n’importe quel prix” estime le président de la F.F.B.T.P. L’erreur d’appréciation dans l’estimation financière de l’opération les conduira de toute manière dans une impasse à court terme. En attendant, ce sont des chantiers qui échappent aux sociétés du bâtiment qui sont bien implan- tées. Celles-ci devront ménager leur trésorerie pour passer le mauvais cap.

Retournement de situation en septembre Emploi Après une baisse quasi continue depuis le début de l’année, le nombre de demandeurs d’emploi est en progression.

E n septembre 2008, le bassin d’emploi Pon- tarlier (qui comprend notamment le Val de Morteau) comptait 1140demandeurs d’emploi de catégorie 1, soit une hausse de 3,2 % par rap- port à septembre 2007. C’est la plus forte progres- sion observée au cours de l’année qui fut globalement plutôt favorable à l’emploi dans leHaut-Doubs.Si l’on s’en tient aux chiffres bruts,on constate que le nombre de deman- deurs d’emploi varie de janvier à septembre dans une fourchette allant de 1 066 enmai au1 198 enmars.Cemois est d’ailleurs celui où la baisse fut la plus notoire : - 16 % par rapport à mars 2007. Septembre marque un renversement de tendance sur plusieurs les plans. Le nombre de demandes enregistrées a augmenté de + 17,3 % par rapport à septembre 2007. “On a constaté par exemple que tous les intérimaires sont revenus dans nos

fichiers. C’est flagrant” , commente Blandine Ber- trand, la directrice adjointe de l’A.N.P.E. du Haut- Doubs. Inversement, le nombre de demandeurs d’emploi qui ont retrouvé du travail ou cessé de s’inscrire diminue de 8,9 % toujours par rap-

port au même mois de l’année précé- dente. Le phénomène s’amplifie chez les chômeurs longue durée avec - 22,4 %. “En période de ralentissement, le public en difficulté ou précarité est toujours plus exposé.” L’évolution de l’effectif salarié sur le

Les intéri- maires sont revenus dans nos fichiers.

Haut-Doubs est en régression depuis janvier. Les offres d’emploi suivent la même tendance. Elles baissent de 11,5 % entre janvier et septembre 2008. “Il n’y a pas eu de licenciements massifs mais un recul de l’embauche, d’où la baisse des emplois sortis et le retour en force des intérimaires dans nos fichiers.”

Depuis septembre, les demandeurs d’emploi ont afflué

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