Journal C'est à Dire 139 - Decembre 2008

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D O S S I E R

L’étau se resserre sur Cofreco Bâtiment Placé en redressement judiciaire, le fabricant de portails et de coffrages pon- tissalien né à Derrière-le-Mont (Montlebon) est contraint de se séparer d’une partie de son personnel pour faire face à la crise.

D ans un contexte éco- nomique différent,il est probable que l’entreprise Cofreco aurait échappé à la procédure de redressement judiciaire à laquelle elle fait face depuis le mois de novembre. La société pontissalienne innove depuis deux ans dans ses deux métiers. Elle vient de renouve- ler toute sa gamme de portails à destination des particuliers. Spé- cialisée aussi dans la fabrication de coffrages pour le bâtiment, elle a breveté un nouveau système pour la construction de piscines. ces produits dans leur élan com- mercial sur des marchés où les investissements sont en ber- ne. Le fruit de l’inventivité de Cofreco tombe au mauvais moment. “Ce n’est qu’une his- toire de calendrier” regrette Fran- çois Laurence, président de la société qui emploie 63 personnes sur le site de Pontarlier et 30 dans une unité de production en Bourgogne. Le responsable a un regain d’optimisme en ce qui concerne les coffrages pour piscine. “Ce nouvel outil doit nous permettre de tirer notre épingle du jeu. Il y a deux ans lorsque nous avons présenté ce produit, 27 pays Mais pour l’instant, ces innovations n’ont pas eu l’effet escompté sur l’activité de l’entreprise. Le renversement brutal de la conjoncture freine

difficiles dès la rentrée. Globa- lement, le volume d’activité de Cofreco chute de façon constan- te, malgré un coût des matières premières qui a tendance à bais- ser, ce qui joue en sa faveur (entre juillet et novembre, la ton- ne d’acier est passée de 3 000 dol- lars à 1 700 dollars). “Ce qui est une fois de plus paradoxal, c’est qu’il y a deux ans, j’ai refusé des commandes car je ne trouvais pas de main-d’œuvre. Nous avons mené, depuis, des actions de for- mation avec le G.R.E.T.A. Main- tenant que du personnel est for- mé, notre chiffre d’affaires recu- le et nous sommes en redresse- ment judiciaire.” Cofreco a six mois pour remettre ses comptes à flots et retrouver le rythme de la croissance. Pour passer le cap, le fabricant de cof- frage devra “réduire la voilure” en se séparant d’une partie de son personnel. Pour générer des liquidités, il est en passe de vendre le terrain qui jouxte la société et sur lequel un dis- counter alimentaire projette de s’implanter. L’entreprise pontissalienne tra- verse une nouvelle épreuve alors qu’elle est tout juste sortie de sa procédure de redressement judiciaire de 1995. La situation d’aujourd’hui est incomparable à la précédente. “Sur le papier, c’est moins grave qu’en 1995 lorsque nous étions mono-pro- duit. Tout était fabriqué en bois.

étrangers se sont montrés inté- ressés par le concept. C’est la preuve que notre système est inno- vant. Ce qui nous fait défaut aujourd’hui, c’est une force com- merciale à l’export pour trans- former l’essai.” Jusque-là, l’export n’a jamais fait partie de la stra- tégie de Cofreco qui regarde sur- tout sur le marché français. Son positionnement actuel la place dans les mêmes difficul- tés que la majorité des entre- prises qui travaillent dans le bâtiment. Toutes portent les mêmes symptômes de la crise économique : carnet de commandes vide ou presque, lisibilité à très court terme et une perte de confiance des investis- seurs qui attendent de voir comment les choses évoluent avant de mobiliser des capitaux. Ça fini par coincer. “Paradoxa- lement, l’année dernière à l’automne, alors qu’on ne par- lait pas encore de crise du bâti- ment, nous affichions un recul du chiffre d’affaires de l’ordre de 30 %. Cette année, à la même époque il fait un bond de plus 5 % alors que l’on subit de plein fouet la crise” observe Fran- çois Laurence. Ce sursaut est lié, selon lui, à la volonté des investisseurs de terminer les programmes immobiliers qu’ils ont lancés. Mais après cela, le chef d’entreprise est de ceux qui se préparent à des lendemains

“Moins grave qu’en 1995.”

Cofreco va se séparer d’une partie de son personnel.

ture ne s’améliore pas dans les meilleurs délais, elle pourrait lui être fatale comme elle le sera pour d’autres. T.C.

Désormais, le bois ne représen- te plus que 9 % de notre chiffre d’affaires. Nous disposons de tout une gamme de portails et coffrages, et d’un centre d’usinage moderne. Les outils de produc-

tion sont souples et le niveau de la dette est moins important qu’en 1995.” En 80 ans d’existence, Cofreco a connu des hauts et des bas. Mais cette fois-ci, si la conjonc-

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