Journal C'est à Dire 139 - Decembre 2008

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É C O N O M I E

Industrie La contrefaçon coûte cher aux entreprises Dans le Val de Morteau, l’entreprise Péquignet est confrontée à ce problème. Elle témoignait récem- ment lors d’une action de sensibilisation mise en place par la chambre régionale de commerce.

L acoste consacre chaque année plus de 3,5millions d’euros à la protection et à la défense de ses marques. En 2003, la marque au crocodile a engagé 2 000 procé- dures. Autre chiffre : en Europe, le nombre de saisies de produits contrefaits a littéralement explo-

sé en 5 ans : + 900% ! Récemment encore, une autre célèbremarque, Bic,a fait saisir 20millions de faux produits contrefaits. La contre- façon est désormais partout. À Morteau, la société Péquignet est également confrontée à cet épineux problème, pas pour ses montres, mais ses bijoux. “Les

montres sont des produits beau- coup plus techniques, il faut une

à copier la forme de nos maillons. Notre gamme Mooréa a été la

vraie technicité pour arriver à les contrefai- re. En revanche, ce sont nos gammes de bijoux qui sont les plus les plus

plus copiée, sur cer- taines copies on retrou- ve la marque Péquignet. Nous avons déposé toutes nos créations au

La société mortuacienne a engagé 5 procédures.

exposées. Malheureusement, les contrefacteurs arrivent à peu près

niveau technique et esthétique partout où on est présent, dans une quarantaine de pays. Mais tout cela n’empêche pas la contre- façon” explique Philippe Blan- chot, le directeur industriel de l’entreprise Péquignet. Depuis l’année 2000, la société mortuacienne a engagé 5 pro- cédures en contrefaçon devant les tribunaux. “Nous les avons perdus les 5. Tout simplement parce que les tribunaux se sont appuyés sur la jurisprudence dite du consommateur averti. Une copie est jugée copie seule- ment si elle trompe le consom- mateur. Si par exemple, le bom- bé d’une maille est légèrement différent de l’original, ce n’est pas considéré comme une contre- façon !” ajoute M. Blanchot. Seu- le une copie dite “servile”, c’est- à-dire strictement identique en apparence, est considérée com- me contrefaçon. “On se bat jus- tement sur ce point, les copies approchantes ne sont pas condamnables.” C’est quand ces modèles arri- vent dans leur service après- vente que les techniciens de chez Péquignet s’aperçoivent de la supercherie, “quand les bijou- tiers nous renvoient des modèles que leurs clients leur rapportent pour réparation.” L’intervention des douanes a permis une fois de remonter la piste jusqu’à une entreprise chinoise. Seulement, la localisation et la condamna- tion de ces entreprises hors- la-loi s’apparentent à une mis- sion quasi-impossible. L’entreprise Péquignet a noté une recrudescence de la contre- façon en transit par les Pays- Bas. Un vrai bijou Péquignet vaut aux environs de 300 euros. Une pâle copie est facturée entre 30 et 50 euros chez les vendeurs peu scrupuleux ou sur Inter- net. J.-F.H. J.-F.H.

Philippe Blanchot, directeur industriel de l’entreprise Péqui- gnet : “Notre gamme Mooréa a été la plus copiée.”

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