Mon expérience de Satprem

et permanente au sein de cette Conscience qui travaillait, travaillait, vaste et exacte en même temps, sans effort ni tension, mais sans relâche… - dans cette atmosphère, donc, croiser S atprem à l’angle de deux rues, ou auprès du Samadhi, donnait expression à un partage du chemin, une communauté ou une fraternité ou une solidarité aux pieds de la Shakti, avec chacun notre lot d’obscurités à offrir à Son Action transformatrice. Ces instants étaient comme directement inscrits dans un présent qui demeure à jamais, part intégrale d’u n Rythme plus vrai. Par exemple, en Avril 1970 Colette ma mère physique était venue me rejoindre à l’Ashram pour deux semaines, afin de connaître un peu, et d’essayer de « comprendre » ce qui m’avait saisi, si loin de notre histoire partagée ; Colette eut ainsi l’occasion de voir Mère le jour de ma fête, le 9 avril, lorsqu’Elle me donna mon nom, et de recevoir d’Elle Ses bénédictions. Je revois donc, comme une scène incisée dans le diamant, cet instant où Colette et moi, assis dans un « cycle-rickshaw », virent tout à coup Satprem s’avancer presque au milieu de la rue, tranquille et concentré, et ses yeux se lever à notre rencontre – un instant qui disait la profondeur de ces « liens » psychiques qui rassemblent les êtres pour chaque nouvelle étape, quels que soient les circonstances apparentes et les déterminismes en jeu. (Colette reverrait Satprem des années plus tard, chez Carmen à Paris, pour une entrevue qui fut pour elle décisive.) Satprem était de taille moyenne, un corps fin et délié, la peau très pâle, les cheveux châtain, des yeux lumineux et intenses d’un bleu profond et vif à la fois, habités par une nouvelle naissance intérieure – la conscience vivante de Cela qui nous avait tant manqué … Il était toujours vêtu de shorts bleu marine et d’une chemise blanche, et sa concentration semblait constante et égale. Dans l’atmosphère physique de Mère il y avait ainsi un certain nombre d’êtres dont les corps mêmes étaient tangiblement réceptifs à cette nouvelle Conscience - dont la p résence incomparable s’exprimait aussi dans les yeux des quelques enfants qui naquirent à Auroville au cours des toutes premières années. Nous ne connaissions rien de l’Agenda de Mère à cette époque ; nous savions seulement que Mère avait confié à Satprem la tâche de traduire de nombreux

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