Journal C'est à Dire 119 - Février 2007

É C O N O M I E

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Affaire

Position Le Conseil général tourne la page Le conseiller général du canton d’Or- nans fait partie des rares élus à recon- naître que chacun savait ce qui se pas- sait à l’A.D.E.D. Commentaire. P our le Conseil général, l’Agence de Déve- loppement Économique du Doubs (A.D.E.D.) appartient désormais à de l’his- toire ancienne. Le rapport de la Chambre régio- nale des Comptes qui épinglait l’association sur son train de vie pendant la période 1997-2004 a été débattu en assemblée départementale le 13 juin 2006. La collectivité a pris bonne note des observations faites par l’organisme de contrô- le et en a tiré les conclusions qui s’imposaient. À partir de là, l’affaire est classée. Le président Claude Jeannerot et son équipe ont tourné la page en remaniant l’A.D.E.D. pour créer deux entités distinctes afin d’évi- ter les confusions entre les genres comme ce fut le cas dans le passé. L’A.D.E.D. a été scin- dée en deux pour créer d’un côté le comité dépar- temental du tourisme (C.D.T.) et de l’autre Développement 25 qui accompagne les projets économiques. “Nous avons procédé à une remi- se en ordre de l’organisation en créant deux organismes” précise Claude Jeannerot. Il ajou- te : “Nous avons élargi les bases dirigeantes de l’association en l’ouvrant au monde économique. Le Département n’a plus la majorité (Christian Jacquet, président de la Chambre de Métiers et Alain Boissière, président de la Fédération du Bâtiment sont dans le bureau). Et nous avons remis de l’ordre dans l’organisation comptable en supprimant notamment la carte bancaire. La seule chose qui compte désormais est que nous ayons mis en œuvre les mesures deman- dées par la Chambre. Mais je précise néanmoins que nous avions décidé de mettre en place un C.D.T. et Développement 25 avant que nous rece- vions ce rapport qui, finalement, nous a confor- tés dans nos choix. Nous avons anticipé les mesures.” Et Gérard Galliot, président de Déve- loppement 25 de préciser : “Nous sommes dans une phase de recrutement du futur directeur.” Bref, tout est reparti comme sur des roulettes, sur des bases saines. La page est tournée un peu trop vite selon certains observateurs proches de ce dossier qui estiment qu’en “dissolvant l’A.D.E.D., c’était le meilleur moyen, pour le Conseil général, de dissoudre d’un coup, tous les problèmes.” n

Réaction Jean-François Longeot : “Personne n’a eu le courage de lever ce lièvre” Le conseiller général du canton d’Ornans fait par- tie des rares élus à reconnaître que chacun savait ce qui se passait à l’A.D.E.D. Commentaire. C’ est à dire : Selon vous, les élus connais- saient-ils le fonctionnement de l’A.D.E.D. ? Jean-François Longeot : Je précise tout d’abord que je n’ai jamais été au conseil d’administration de l’A.D.E.D. À mon sens on n’a pas voulu voir ce qui se passait dans cette association. Tout le monde cautionnait. C’était malheureusement devenu “comme ça.” C’est évident que tout le monde savait, même le grand public s’en aper- cevait parfois. C.à.d. : Alors pourquoi n’avoir rien dit ? J.-F.L. : Je ne sais pas. Peut-être que personne n’a eu le courage de lever ce lièvre. C.à.d. : Quelles suites ont été données à ce dossier ? J.-F.L. : Aujourd’hui ce qui me gène, au-delà du fait d’avoir obtenu ce rapport et d’en avoir débattu, est qu’en tant que conseiller général, je ne sais même pas si Guy Millet, l’ancien direc- teur a été licencié ou s’il est parti de lui-même. Je trouve inquiétant que nous n’ayons pas été informés du départ du directeur. Il me semble important que le président Jeannerot informe les conseillers généraux sur cette question. C.à.d. : Guy Millet aurait été licencié sans indemnités ? J.-F.L. : Alors j’aimerais que l’on m’écrive et que l’on me prouve qu’il est parti sans indemnités sachant qu’il avait un contrat et que cela fai- sait 20 ans qu’il était en poste.

L’A.D.E.D. n’existe plus. Épinglée en juin par un rapport de la chambre régionale des comptes qui pointait du doigt “le standing” de cette association attachée au Conseil général, sa seule évocation ennuie les élus. A.D.E.D. : le dossier qui dérange

I l dérange ce rapport de la chambre régionale des comptes sur la gestion de l’agence de développement éco- nomique et touristique du Doubs (A.D.E.D.). Ce document de 53 pages publié en juin fait appa- raître des conclusions contras- tées. Certains points sont posi- tifs, d’autres font l’objet de vives critiques comme le paragraphe dans lequel est décortiqué le “standing de l’association.” Frais d’hôtel, de restaurant, de voya- ge, de réception, “le train de vie était parfois emprunt d’un laxis- me regrettable” indique la chambre régionale des comptes. La carte bancaire de l’A.D.E.D. utilisée par son directeur fonc- tionnait visiblement à l’excès. Le président disposait également d’un tel moyen de paiement. “Cer- taines dépenses peuvent paraître excessives s’agissant de deniers publics” précise le rapport qui porte sur la période 1997-2004. Ce sont ces dérives constatées

sur une si longue durée qui déran- gent les élus du Conseil général aujourd’hui. Comment ont-ils pu ne pas voir les dérapages finan- ciers de cette antenne du Dépar- tement. Pourquoi l’opposition n’a pas dénoncé ces abus ? “On s’est étonné à plusieurs reprises” remarque simplement Claude Jeannerot président du Conseil général du Doubs qui en faisait ser à côté de cela” s’insurge une source proche de ce dossier. D’au- tant que “certains faits relevés présentent un certain caractère de gravité. Mais au-delà des fron- tières de la Franche-Comté, cet- te affaire ne paraît pas excep- tionnelle” complète un spécia- liste financier. Les élus auraient donc fermé les yeux. Et aujourd’hui la page est tournée. Rares sont ceux à s’in- partie à l’époque. “Comment des élus qui passent du temps à éplucher des comptes, ont pu pas-

terroger sur les suites à don- ner à ce rapport. L’histoire est vite oubliée et la mémoire cour- te. Claude Jeannerot lui-même s’est peu soucié du sort du direc- teur de l’A.D.E.D. dont il ne sait pas s’il a été licencié ou s’il a démissionné. “Je peux vous dire qu’il n’a pas perçu d’indemnités.” Gérard Galliot, président actuel de Développement 25, (l’asso- a dit tout haut ce que tout lemon- de pensait tout bas est tombé à point nommé pour l’équipe Jean- nerot qui a mis fin à l’A.D.E.D. Mais la page de l’agence de déve- loppement économique et tou- ristique n’est peut-être pas enco- re complètement tournée. Le Par- quet de Besançon qui a connais- sance des faits, pourrait engager des poursuites. n T.C. ciation qui fait suite à l’A.D.E.D.). affirme que le directeur “a bien été licencié.” Fina- lement ce rapport qui

“On s’est étonné à plusieurs reprises.”

Jean-François Longeot : “Je trouve inquié- tant que nous n’ayons pas été informés du départ du directeur.”

Les élus du Conseil général du Doubs n’auraient rien vu venir.

Fuans

Suite au nouveau découpage des zones des Agences Locales pour l’Emploi (A.L.E.), en avril 2006, les chômeurs du pays de Pierrefontaine-Vercel dépendent désormais des A.N.P.E. et Assedic de Besançon. Un vrai casse-tête financier et d’organisation. Quelques dizaines de kilomètres pour aller à l’A.N.P.E.

“R endez-vous à l’A.N.P.E. de Besançon Palente.” La phrase peut sembler banale. Mais lorsqu’un demandeur d’emploi, tout nouvelle- ment inscrit, est domicilié à Fuans, par exemple, le fait est plus problématique. Suite à un nouveau découpage des zones d’Agences Locales pour l’Emploi (A.L.E.), le pays de Pierrefontaine-Ver- cel s’est retrouvé adjoint à la zone bison- tine. Un comble lorsque l’on sait que l’A.N.P.E., comme les Assedic, possè- dent une antenne à Morteau. “C’est une situation terrible regrette cette habitante de Fuans qui a sou- haité conserver son anonymat, en recherche d’emploi depuis le 6 janvier. Et je la trouve d’autant plus incroyable à l’heure où tout le monde parle d’éco- nomie d’énergie et de service de proxi- mité.” Car la différence est de taille. L’aller simple Fuans-Besançon nécessite 42 minutes de voiture, soit un peu plus de 49 kilomètres et 5 euros d’essen- ce. Fuans-Morteau : 16 minutes, 15 kilomètres et 1,50 euro. Et lorsqu’on sait qu’une inscription nécessite, au minimum, deux allers-retours, le coût

financier peut devenir lourd, pour une catégorie de personnes n’ayant géné- ralement qu’un revenu modeste. “Il faut aussi trouver quelqu’un pour gar- der les enfants signale cette chômeu- se. Quant au covoiturage, il n’est pas possible. En plus, il y a tous les services qu’offre gratuitement l’agence…” ajou- te-t-elle. En effet, les demandeurs d’emploi ont accès, au sein des A.L.E., aux photocopies, à Internet, aux fax et téléphones, à une impri- mante… Et si l’on n’a pas les moyens de se déplacer, ou d’avoir tous ces moyens de com- munication à domicile, “c’est la galè- re.” Interrogée sur la situation, la Direc- tion Régionale de l’A.N.P.E. explique : “Ce découpage émane d’une volonté des élus, dans le cadre des Pays.” Et pour Jean-François Pedrocchi, secrétaire général de la communauté de com- munes de Pierrefontaine-Vercel, la logique voulait ce changement. “C’est une question de pratique. Lorsque l’on est chômeur, on ne possède pas forcé- ment de véhicule. Or il n’existe pas de transports publics pour se rendre

à Pontarlier, ou à son antenne, à Mor- teau. Il semblait plus facile, lorsqu’on habite Pierrefontaine par exemple, d’al- ler à Valdahon ou à Avoudrey, puis de prendre le train pour Besançon.” Il souligne : “Fuans est un cas extrême. Cette commune fait partie de la limi- te de notre pays. Celui-ci est, en effet, un territoire très vaste de 50 communes. Et entre les deux extrémités… Je com-

prends en tout cas la réaction des chômeurs concernés par ce problème. Mais les élus ont agi pour le bénéfice du plus grand nombre.” Une solution semble toutefois

“C’est une vraie galère.”

se profiler du côté de Valdahon, à la Maison des services. Deux fois par mois environ, les agents bisontins de l’A.N.P.E. viennent y recevoir certains demandeurs d’emploi. En outre, Jean- François Pedrocchi précise : “Nous conti- nuons à demander à l’A.N.P.E. une pré- sence renforcée de ses services sur Val- dahon. La communauté de communes a proposé de financer les locaux et les bornes Internet. Mais c’est une idée qui doit encore faire son chemin.”

Le nouveau découpage des A.L.E.

inclut désormais le pays de Pierrefontaine-Vercel dans la zone de Besançon. (Source : Centre de Développement des Ressources pour l’Emploi).

J.C.

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