Journal C'est à Dire 119 - Février 2007

É C O N O M I E

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Automobile

Depuis le début de l’année, il est seul aux commandes du groupe Deffeuille. À 38 ans, le dirigeant est aujourd’hui à la tête de 550 sala- riés. Il trace ses priorités pour renforcer sa position dans un marché de l’automobile de plus en plus concurrentiel. Vincent Deffeuille : “La vraie reconquête aura lieu en 2008”

C’ est à dire : Deffeuille Automobiles est désormais votre pro- priété à 100 % ? Vincent Deffeuille : C’est effec- tivement le cas depuis le 1er jan- vier. Avant, nous étions deux associés à 50-50, Jean-Pierre Cône et moi-même. Chacun gérait une partie de la Franche- Comté. En ce qui me concerne, c’était le Jura et le Haut-Doubs. J’ai tout simplement racheté les parts de mon associé qui est par- ti à la retraite. Càd : Que pèse aujourd’hui le groupe Deffeuille ? V.D. : En termes de chiffre d’af- faires, il est de l’ordre de 250 mil- lions d’euros. Le groupe emploie 550 salariés. Il est aujourd’hui, toutes marques confondues, le premier groupe de distribution d’automobiles en Franche-Com- té. Sur le plan français, nous sommes certainement dans les 20 premiers groupes. Et au niveau régional, avec 550 sala- riés, nous comptons désormais parmi les principales P.M.E. de Franche-Comté. Notre seul “souci”, c’est que nous ne sommes pas perçus comme un groupe. Chaque personne a dans l’idée que chacun de nos points de ven- te est un garage indépendant. Cela nous pose d’ailleurs quelques problèmes quand on souhaite recruter de jeunes talents en management, res- sources humaines ou marketing. Avec la taille que l’on a main- tenant, nous sommes une gros- se P.M.E. qui a besoin d’une nou- velle structuration.

groupe Deffeuille, c’est la marque Renault. Mais vous commercialisez aussi Nissan et Alfa Roméo. Quel est le niveau des ventes de ces trois marques ? V.D. : Nous avons vendu l’an dernier 7 500 véhicules neufs au total : 6 500 Renault, 600 Nis- san et une centaine d’Alfa Roméo. En ce qui concerne les véhicules d’occasion, nous en avons écoulé 10 000 : 4 000 à des particuliers et 6 000 à des gara- gistes. Càd : Vos points de vente sont répartis sur trois départe- ments de Franche-Comté (Doubs, Haute-Saône et concerne Renault, le Nord Franche-Comté est géré par une filiale en direct du constructeur. Logiquement, notre stratégie serait qu’à moyen terme - d’ici quatre ou cinq ans -, on puisse couvrir la Franche-Comté dans son intégralité. Les autres pro- jets, à plus court terme, c’est d’être présents en Haute-Saône avec Nissan et de développer également la marque Alfa Roméo. Càd : Les derniers chiffres de l’automobile sont plutôt pes- simistes, notamment pour les ventes de voitures françaises. Qu’en est-il des perspectives du groupe Deffeuille pour 2007 ? Jura). L’ambition du groupe Def- feuille est-elle de couvrir les quatre départements franc-comtois ? V.D. : En ce qui

V.D. : Sur le plan national, les ventes de voitures neuves se sont établies à 2,05 millions en 2006. En 2007, le marché devrait être à peu près étal. Pour Renault, nous sommes plutôt optimistes, l’année se fera en deux temps. Jusqu’en juin, les ventes ne devraient pas exploser. Mais la deuxième partie de l’année correspondra à deux actualités : la sortie de la nouvelle Twingo en juin et celle de la nouvelle Laguna en octobre. Voilà deux ans que Renault n’a pas sorti de nouveaux modèles, cela explique le tassement des ventes qui a été beaucoup médiatisé. À elle seule, la Twingo représente 2 % du marché total des voitures en France, toutes Mais la vraie reconquête aura lieu en 2008 avec la montée en puissance des deux nouveautés 2007 et la sortie l’an prochain de 11 nouveaux modèles (5 lan- cements et 6 restylages). Notre objectif est que Renault atteigne entre 27 et 30 % du marché fran- çais, contre 24 % ces derniers temps. Aujourd’hui, ce que veu- lent les consommateurs, c’est de la nouveauté. Càd : Repousser les sorties fait partie de la stratégie de Carlos Ghosn, le nouveau P.D.G. de Renault ? V.D. : Certainement. Le construc- teur a souhaité réduire les ventes “non profitables”, c’est-à-dire les ventes aux loueurs profession- marques confondues, c’est énorme. Notre objectif cette année est donc logiquement de faire mieux qu’en 2006.

Vincent Deffeuille, président du groupe éponyme, est à la tête d’un des dix premiers groupes Renault de France.

“Objectif : couvrir toute la Franche- Comté.”

Càd : Allez-vous imprimer votre “patte” maintenant que vous gérez le groupe seul ? V.D.: On a des procédures de fonctionnement en place qui mar- chent bien, il n’y a donc pas de raison de tout changer. Ceci dit, courant 2007, nous apporterons quelques évolutions dans le fonc- tionnement et la structuration du groupe. L’idée est notamment de mieux faire fonctionner les entreprises entre elles sur le plan géographique. Qu’il y ait plus de synergies entre les points de ven- te de Pontarlier, Besançon, Mor- teau par exemple pour le Doubs. L’idée est d’améliorer le fonc- tionnement global de l’entre- prise. C’est mon grand chantier de l’année 2007.

nels et les véhicules de servi- ce. D’où le tassement général. D’autre part, il a repoussé le lan- cement de certains nouveaux modèles. Ceci dit, sur la partie vente aux particuliers, on n’a pas enregistré de tassement des ventes en ce qui nous concerne. Ce n’est pas une chute des ventes de 30 % comme certains l’ont dit. Carlos Ghosn a voulu aussi repousser la sortie des nouveaux modèles pour être sûr d’appro- cher le zéro défaut quand ces voitures sortiront. Càd : Comment fonctionne votre concept de voitures à bas prix avec la Logan et sa nouvelle déclinaison fami- liale ? V.D. : C’est un vrai phénomène. Aujourd’hui, 34 % des ventes de Renault sur la France sont des Dacia (N.D.L.R. : la marque appartenant à Renault qui pro-

duit les Logan en Roumanie). Les acheteurs de Dacia sont les gens qui veulent rouler futé et utile, qui n’attachent pas d’im- portance aux voitures en géné- ral. Avec les modèles Dacia, nous accrochons beaucoup les gens qui ont toujours acheté des véhi- cules d’occasion et qui veulent, pour la première fois, avoir une voiture neuve. Cela nous per- met donc d’attirer des clients que nous n’avions jamais vus. C’est très bon pour nous. Càd : Comment se répartit votre chiffre d’affaires glo- bal de 250 millions d’euros ? V.D. : Les véhicules neufs repré- sentent 40 % du chiffre. Le res- te est réparti entre les véhicules d’occasion (1/3 du reste), l’ate- lier (1/3) et les pièces de rechan- ge (1/3). Le reste (2 à 3 % du chiffre) est constitué par la loca- tion.

Propos recueillis par J.-F.H.

Càd : La figure de proue du

Bonnétage

Depuis mi-janvier, le restaurant “les Perce-neige” est fermé pour cause de nouvelle décoration imminente. Bientôt tout en bois, l’établissement s’ac- cordera mieux avec l’identité du département. En bois et en Doubs

L e restaurant est fermé. Enfin pas tout à fait. Depuis le 21 jan- vier, “Les Perce-neige” fonc- tionnent en petite structure pour rénovation. Une volonté de Patrick Bole, propriétaire des lieux depuis 1983,

de revoir toute la décoration de l’éta- blissement familial. “Jusqu’à maintenant, la décoration était plutôt contemporaine. Mais j’avais envie de revenir à quelque chose de plus natu- rel, tout en bois vieilli et chauffé explique

le propriétaire. Un décor plus chaud, à l’ancienne, avec une petite cheminée.” Les aménagements devraient donc per- mettre une ambiance dans l’air du temps. “Aujourd’hui, chaque région essaye de retrouver son identité sou- ligne Patrick Bole. J’avais envie de rede- venir fidèle à notre département, de créer un petit coin sympa pour manger les bonnes choses de Franche-Comté : du fromage, du fumé…Et le bois a aus- si des avantages thermiques non négli- geables.” Une bonne idée qui exige tout de même quelques sacrifices. En effet, le res- taurant se retrouve cantonné dans une petite salle durant toute la durée des travaux. “ A priori , le chiffre d’affaires devrait baisser de 15 %. Mais nous

le coût des travaux avoisine les 150 000 euros.

chiffre qui ne perturbe pas Patrick Bole. “L’important, c’est de donner une nouvelle jeunesse à l’établissement, de travailler dans un nouveau cadre.” Il ajoute : “Et puis les clients ont envie de bou- ger, de circuler, de voir de nouvelles choses. Un res- taurant, c’est un plaisir dans l’assiette, mais c’est aussi un plaisir dans le cadre.” À croire que Patrick Bole a donné des idées au Conseil régional avec son

nouveau schéma de développement du tourisme dont les grandes lignes consis- tent à “proposer une meilleure struc- turation de l’offre touristique, en s’ap- puyant, notamment sur les atouts natu- rels et identitaires de la Franche-Com- té.” Et sachant que 43 % du territoi- re est constitué de bois et de forêt, qu’il existe 3 500 km de pistes de ski de fond, 7 000 km de sentiers pédestres et 320 km de voies navigables, entres autres, une déduction s’impose. Les touristes vont avoir faim.

avons choisi la période. En hiver, c’est un peu plus cal- me, avec le mauvais temps…” L’autre inconvénient d’une telle décision réside dans le

“Les clients ont envie de bouger, de circuler.”

coût des travaux. En engageant un décorateur d’intérieur, le budget, pour tout changer, de l’intérieur à l’exté- rieur, est estimé à 150 000 euros. Un

La décoration des Perce-neige a été entièrement repensée.

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