La Presse Bisontine 64 - Mars 2006

L’ INTERVI EW DU MOIS

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Éditorial

C INÉMA

Le phénomène “Les Bronzés 3”

“C’est une vraie amitié, sincère. C’est ce qui plaît aux gens”

Discret Les sectes ont changé de visage. Le temps est révolu des communautés où l’on vivait coupé du monde et des règles de société, en groupe et sous les ordres d’un gourou tout puissant. Des mouvements comme le Manda- rom, paroxysme du ridicule, ont fini par se noyer avec les délires de son “maître”. Quelques-uns de ces grands mouvements sectaires existent tou- jours, certes. Ils font étape de temps à autre à Besançon pour tenter de gla- ner quelques nouvelles victimes. L’es- sor de la scientologie, avec des figures de proue aussi porteuses que Tom Cruise atteste aussi de la puissance de ces mouvements de masse. Mais la mode actuelle est ailleurs. Ce qui prend racine subrepticement, et ce, dans toutes les couches de la socié- té et autant en campagne que dans les grandes villes, c’est une nouvelle toile de mouvements pseudo-médi- caux qui surfent sur la vague du bien- être et de la relaxation, sous des atours scientifiques que n’importe quel qui- dam n’hésite pas à s’approprier. Ces “nouvelles sectes” constituent pour beaucoup de gens paumés un pallia- tif aux problèmes actuels de la socié- té. Solitude, soucis d’argent, rythme effréné de la vie moderne, tout est pré- texte à faire de nouveaux adeptes. Les frontières entre la médecine et les thérapies fondées sur le bien-être sont de plus en plus floues. La difficulté aujourd’hui pour les pouvoirs publics est de circonscrire le périmètre de ces pratiques certes légales mais situées aux confins du charlatanisme dès lors qu’elles font appel à la dépendance psychologique et qu’elles sont coû- teuses pour leurs pratiquants. Si on ne peut pas forcément qualifier ces organisations de mouvements sec- taires, on peut sans conteste parler de dérives. Les autorités scientifiques et médicales autant que le législateur seraient bien inspirés de se pencher sérieusement sur cette question. Le rapport entre sectes et santé est le cheval de bataille d’une poignée de députés qui actuellement réclament l’ouverture d’une commission parle- mentaire sur ce problème aussi dis- cret que rampant. L’autre phénomè- ne montant est l’essor du satanisme. Diffus et incontrôlable car utilisant l’au- toroute internet, il est encore plus dif- ficile à maîtriser, donc d’autant plus pernicieux. ■ J ean-François Hauser

Le film “Les Bronzés 3” a attiré plus de six millions de spectateurs en à peine deux semaines dans les salles obscures. Comédienne, Caroline Réali vient de sortir un livre consacré à l’aventure du Splendid (*). Elle revient sur l’histoire de la troupe née du café-théâtre.

théâtre. Ils étaient sûrs que si ceux-ci riaient, alors le public aussi. Les techniciens se souviennent de moments de fou rire énormes. L.P.B. : Ils retravaillent ensemble après avoir mené leurs carrières de façon séparée. Quel est le secret de leur amitié ? C.R. : S’ils ont pu se retrou- ver, ce n’est que parce que tous les six ont fait une bel- le et grande carrière. Pour Jugnot, l’aboutissement est arrivé un peu tard, il a fallu mais a fait une belle carriè- re au théâtre. Ce qui est éton- nant, c’est qu’en dehors des films du Splendid, ils n’ont jamais tourné les uns avec les autres. À part dans “Gros- se fatigue”, le film de Michel Blanc, qui les réunit tous. Thierry Lhermitte et Josia- ne Balasko sont les seuls qu’on a pu retrouver ensemble plusieurs fois dans des films. Je pense que c’était volon- taire, il fallait que chacun fasse son chemin, tout seul, sans l’aide des autres. L.P.B. : Quand est née alors l’idée de se retrouver ? C.R. : Gérard Jugnot devrait réaliser l’adaptation d’Asté- rix en Hispanie et réunir tout le Splendid dans le film. Mais finalement, le projet est tom- bé à l’eau. Uderzo, qui n’avait pas trop apprécié “Astérix et Cléopâtre” d’Alain Chabat, a eu peur d’un village de bron- zés au milieu de son univers et l’a refusé. C’est à ce moment-là qu’a germé l’idée des “Bronzés 3”. L.P.B. : Quel est le membre du Splendid qui vous a le plus intri- gué ? C.R. : Incontestablement Michel Blanc. C’est celui que j’ai eu le plus de mal à dis- cerner. Il a une personnalité tellement particulière, très torturée. C’est le premier, après le tournage des “Bron- zés font du ski” qui a voulu partir du groupe. Il avait beaucoup de choses à se prou- ver et il n’a pas fini d’ailleurs de prouver, un peu comme Woody Allen. Il prend tou- jours des risques, c’est celui qui est allé le plus loin avec Balasko. C’est ce qui plaît au public. Les autres sont plus lisses, même si Christian Cla- vier essaye un peu de casser son image. ■ Propos recueillis par S.D. (*) L’aventure des Bronzés, éditions France-Empire attendre les “Choristes” pour vraiment être reconnu. Marie- Anne Chazel est restée un peu en retrait pour s’oc- cuper de sa fille

C.R. : En fait, oui. Ils ont pris des cours de théâtre classique avec Tsilla Chelton, qui inter- prétera plus tard “Tatie Danielle”. Elle leur a donné une solide base classique. Même sur le premier “Bron- zé”, où on pourrait croire que c’était un peu des vacances au soleil, tout était travaillé, précis. Pourtant, le filmn’était pas gagné. Comme il n’y avait pas de tête d’affiche, aucun réalisateur ne voulait faire le film. Finalement c’est Patri- ce Leconte, qui les connais- aussi eu des difficultés pour tourner sous la chaleur. Le souci majeur du film a peut- être été de maintenir Michel Blanc blanc pour son rôle. Il devait rester à l’ombre en per- manence. Mais cela n’a pas été aussi simple au monta- ge. La difficulté, c’est de ne pas couper n’importe où. Une seconde de trop et la chute du gag tombe à l’eau. La trou- pe venait du café-théâtre, le film était une suite de sketches. Leur but, sur le pla- teau, c’était de faire rire les seuls spectateurs, c’est-à-dire les techniciens, comme au sait bien, qui s’y colle. Ils sont par- tis en Côte d’Ivoi- re, dans un villa- ge concurrent du ClubMed qui leur avait refusé le tournage. Il y a

L a Presse Bisontine : Com- ment expliquez-vous que les films Les Bronzés soient devenus cultes ? Caroline Réali : Je crois que cela tient au départ à leur histoire d’amitié. Ils se sont rencon- trés au lycée. C’est une vraie amitié, sincère, pas préfa- briquée. C’est ce qui a plu aux gens, on sent qu’ils s’amu- sent sur l’écran. Et finale- ment, même si le premier film des Bronzés est un peu kitsch

écrivent des petites scènes. Mais c’est Jugnot qui les pous- se. Sans cela, ce n’est pas sûr que Christian Clavier et Thierry Lhermitte auraient persévéré dans la comédie. Marie-Anne Chazel est arri- vée un peu après. Pendant longtemps, elle les a suivis avant de jouer avec eux. Puis Balasko et Lamotte sont arri- vés. L.P.B. : Est-ce qu’il y avait une répartition des tâches au sein du groupe ? C.R. : Dès le départ, ils ont fait le choix d’être une vraie com- pagnie. Tout le monde met la main à la pâte pour écrire, repeindre le théâtre… Ils ont tous touché à tout. Coluche a un temps essayé de prendre la main sur le groupe. On lui a alors gentiment fait com- prendre qu’il n’en était pas question. Ça n’empêchait pas Coluche de continuer à les recevoir chez lui.

suivre le même parcours ? C.R. : C’est différent. Ça ne peut pas être le même phé- nomène qu’il y a trente ans. Je ne pense pas que celui là deviendra culte. Parce que tout est fait avec beaucoup moins de naïveté, tout est beaucoup plus calculé. Ce qui manque, c’est cette sponta- néité des premiers films. Même si c’est un plaisir de les retrouver réunis.

“Pour Jugnot, l’aboutissement est arrivé un peu tard.”

et n’a pas forcément très bien vieilli, on continue à rire en le voyant par ce que cet- te bonne humeur transparaît. Des films comme “Le père Noël est une ordure” ou “Les Bronzés font du ski” ont marqué au

L.P.B. : Comment démarre l’aventure du Splendid ? C.R. : Tout part de Gérard Jugnot, c’est lui qui avait un vrai désir de théâtre et de ciné- ma. Lorsqu’il arri- ve au lycée Pasteur

“Coluche a essayé de prendre la main sur le groupe.”

à Neuilly, il se présente à Cla- vier, Lhermitte et Blanc, com- me “Gérard Jugnot, 14 ans et demi, réalisateur”. À l’époque, c’était du bricolage. Ils ont l’occasion de se retrou- ver dans le ciné-club du lycée,

moins trois générations. C’était une époque où les gens s’amusaient. Pour le groupe du Splendid, tout part de mai 1968.

L.P.B. : C’était de gros travailleurs ?

L.P.B. : Et “Les Bronzés 3” vont-ils

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Caroline Réali surfe également sur la déferlante “Bronzés”.

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