La Presse Bisontine 64 - Mars 2006

LE PORTRAIT

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P IREY

Restauration de meubles anciens

Chargée de mission puis formatrice informatique au départ, Véronique Cuny a choisi de changer de vie il y a huit ans pour devenir restauratrice de meubles anciens. Depuis, elle répare et bichonne vieilles armoires et commodes dans son atelier de Pirey. Véronique Cuny, l’âme des meubles

L e petit atelier est envahi par un fin voile de sciure, qui flotte dans la lumière du soleil. Une odeur douce de bois se dégage de l’insert au fond, qui peine à réchauffer toute la pièce. Et partout des meubles de bois, débout ou couchés sur le sol, les pieds enserrés dans des étaux. Elles sont trois femmes à tra- vailler là. Véronique Cuny - la patronne - et deux stagiaires qui découvrent le métier. Comme pour tordre le cou aux préjugés, qui voudraient que les métiers de l’artisa- nat soient des métiers d’hommes. Véro- nique Cuny, elle, est une passionnée. “Ce que j’aime dans ce métier, c’est l’idée de

Pendant quatre ans, elle continue sa for- mation en apprentissage, dans des ate- liers de restauration. Un métier de patien- ce, pour arriver à maîtriser la technique de la patine ou du vernis au tampon. Pour acquérir les trucs et astuces qui “ facilitent la vie et forgent l’esprit.” Dans l’atelier, une des stagiaires a com- mencé à vernir un tiroir de commode. D’un geste calme, Véronique Cuny l’arrête, plan- te deux clous sur la table de travail et y suspend le tiroir. “Un des trucs qu’on apprend avec l’expérience, moins fatigant, explique-t-elle en souriant. La restaura- tion de meubles, on l’apprend dans les ate-

liers, pas à l’école. Il y a des savoir- faire qu’il faut pratiquer encore et encore avant de les reproduire.” Dans ses mains passent chaque mois des dizaines de meubles. Les artisans sont peu nombreux, il faut souvent attendre, parfois plu- sieurs mois, avant qu’un meuble ne trouve une place dans l’atelier. Et la demande de restauration ne faiblit pas. “Ce qui m’a toujours motivée dans la restauration, c’est

transmettre quelque chose. Quand le meuble arrive à l’atelier, on lui redonne sa forme, on le remet debout pour qu’il soit réutilisable. On lui donne vie” , s’anime-t-elle. Véronique Cuny parle desmeubles d’une voix presque maternelle. Commode raffinée du XVIII ème siècle, armoire rustique comtoi- se du siècle dernier, tous ces meubles passent entre ses mains. Elle les ausculte, les répare, leur

Les vieux meubles ont une âme, elle en est persuadée.

redonne un air de jeunesse. “Mais tout ce qu’on fait est réversible. On ne doit pas abî- mer ce qui existe” , explique l’ébéniste, spé- cialisée dans la restauration de meubles anciens. Installée dans le village de Pirey, Véro- nique Cuny exerce depuis quatre ans seu- lement. Une vocation venue sur le tard, à 35 ans. En congé maternité pour élever ses enfants, la jeune femme décide qu’il “est temps de se repositionner, de faire quelque chose qui m’était naturel.” Elle abandonne son travail de chargée de mis- sion et de formatrice en informatique. Et se lance dans un C.A.P. d’ébénisterie. “J’avais toujours été attirée par le bois. Lorsque j’avais dix ans, je me souviens avoir eu en cadeau une trousse de menui- serie. Depuis, je m’étais déjà amusée à déca- per des meubles, mais pas plus” , raconte- t-elle. De derrière un bureau à derrière un ciseau, la reconversion est abrupte. Le vieuxmeuble l’attire plus que le neuf, “parce que les angles sont plus doux” , poursuit-elle, tendre.

que les meubles sont chargés d’une histoi- re. Ils ont déjà servi, vont servir à nou- veau” , reprend la restauratrice. Les vieux meubles ont une âme, Véronique Cuny en est persuadée. Et c’est ce qui la fascine. Dans son atelier défilent des particuliers venus apporter leur commode ou leur armoi- re de grand-mère. Des meubles qui se trans- mettent en héritage, de génération en géné- ration. Qui renferment une partie de la mémoire des familles. “C’est ce qui fait qu’on se retrouve avec des meubles qui n’ont pas une grande valeur en soi, mais, parce qu’ils viennent de la grand-mère, sont impor- tants aux yeux des gens” , reprend Véro- nique Cuny, en admirant une haute armoi- re comtoise qui attend de retourner chez son propriétaire. Dans sa maison, juste à côté de l’atelier, l’amoureuse de meubles anciens a pour- tant aménagé son intérieur en meubles modernes. “L’avantage de mon métier, c’est que je profite des meubles, sans en être jamais encombrée” , sourit-elle. ■ S.D.

Véronique Cuny s’est installée à son compte depuis quatre ans. “Ce que j’aime dans ce métier, c’est l’idée de transmettre quelque chose”, dit-elle.

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