Journal C'est à Dire 166 - Mai 2011

L E P O R T R A I T

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Denis Roy, une vie militante Il est de la génération de ceux qui se sont investis en politique, dans les associations et les syndicats. À 74 ans, l’ancien l’instituteur qui fut longtemps le porte-drapeau du P.S. local garde toujours un pied dans la vie active. Morteau

Donner du temps aux autres et pas seulement pour sa famille, voilà ce qui guide Denis Roy. Le bénévole en a pas- sé des heures depuis 1968 à la Maison des jeunes et de la Culture dont il est encore le vice-président. Des heures, il en donne encore pour le Repas des rois qui s’adresse à toutes les personnes de plus de soixante-dix ans, y compris aux pensionnaires de la maison de retraite de Morteau. Il se rend aussi disponible pour la fédération des retrai- tés de la fonction publique, la société de mycologie et l’Union des Anciens Combattants. “L’engagement associa- tif m’a aidé à ne pas vieillir.” Ajoutons à la liste qu’il fut aussi pendant 15 ans correspondant du quotidien suisse l’Impartial. Mais des heures, l’instituteur en a sur- tout passé avec ses élèves de primai- re à l’école Pergaud où il a enseigné de 1962 à 1989 avant de terminer sa car- rière en tant que directeur de l’école du Centre. En regardant les photos de classe de ces belles années, l’instit se souvient du nom de tous ces gamins qu’il a instruits. Le métier d’enseignant était bien différent. “L’école était le seul lieu où se dispensait le savoir. Il n’y avait pas de télévision, par de jeux, par d’Internet, il fallait venir à l’école pour progresser. L’entente entre les parents et le maître était bonne. Or, nous sommes désormais dans le règne de l’enfant-roi. C’est une dérive à mon sens qui, en plus, ne fait pas le bonheur des enfants. Refu- ser de donner des limites à un gamin, c’est le rendre incapable d’apprécier la liberté quand il sera adulte.” C’est dit, en toute franchise. À chacun de juger la portée du propos, réactionnaire ou lucide. Peu importe, il est comme ça Denis Roy, sans langue de bois. T.C.

Le 17 juin, l’ancien instituteur Denis Roy fera partie des convives ras- semblées à l’école Pergaud de Morteau qui fêtera ses cinquante ans.

D ominique Strauss-Kahn est hors jeu. Dont acte. Hurler avec les loups n’y changera rien. Alors, quand Denis Roy suit l’affaire D.S.K. à travers les médias, ce n’est pas aux ténors socialistes de la rue de Solferino qu’il songe. Ceux- là sont trop occupés à s’écharper pour savoir qui prendra la place laissée vide. Lui pense au peuple de gauche, aux hommes, aux femmes, aux anonymes, qui ont vu leurs attentes ruinées par les frasques supposées de l’ex-direc- teur du Fonds monétaire internatio- nal pressenti il y a quelques jours enco- re comme étant le meilleur candidat pour faire gagner la gauche à la pré- sidentielle de 2012. “Je ne porte pas de jugement dit-il un peu désabusé. Mais, à mon sens, cette affaire est une claque donnée aux militants de base qui distribuent des kilos de papier dans les boîtes aux lettres, qui collent des affiches, passent des nuits sans som- meil. Quand je vois que leur espoir est remis en cause par les péripéties d’un

homme, c’est regrettable.” Denis Roy sait de quoi il parle. Le militant actif qu’il était imagine sans peine le désarroi dans lequel peu- vent se trouver ses camarades socia- listes. La gifle l’aurait probablement secouée lui aussi si l’affaire avait écla- té lorsqu’il était engagé dans la vie poli- tique locale dont il fut un des piliers. Âgé de 74 ans aujourd’hui, cet homme

pour commencer et d’une mère qui avait pris la gestion de la coopérative de Mor- teau. Le couple a tenu la Coop de la rue Pasteur. Adhérent au parti socialiste, membre de la section locale de Villers-le-Lac, Denis Roy a été élu pour la première fois conseiller municipal de Morteau en 1965 alors qu’il se présentait sur une liste réunissant des gens du P.S.,

teau et Pontarlier. J’avais profité aus- si d’une division de la droite” se sou- vient-il amusé. Mais cela ne suffira pas à le faire élire député de la cinquiè- me circonscription. C’est Roland Vuillau- me qui aura finalement la faveur des électeurs. Néanmoins, à la fin des années quatre-vingt, Denis Roy était devenu dangereux pour la droite loca- le qui redouta qu’il puisse faire bas- culer la municipalité de Morteau. Le destin politique en décida autrement. Avec le recul, l’ancien élu est prati- quement convaincu d’une chose. “J’ai retourné le problème dans tous les sens. Je crois que le Val de Morteau restera à droite. Il y a en plus un élément nou- veau, c’est que la classe ouvrière a pra- tiquement disparu. L’embourgeoisement de la population cache d’ailleurs une certaine pauvreté. Pour compenser cet- te tendance naturelle du Val, il faudrait retrouver une personnalité qui s’engage fortement dans la vie locale.” Un peu comme lui qui a décidé d’y sauter à pieds joints.

avenant a été de beaucoup de combats. Il faisait encore par- tie de cette génération d’élus qui ont vécu au moins une guer- re, celle d’Algérie en ce qui le concerne, et qui franchissaient le pas de la politique pour fai-

du P.C. et d’autres républicains. Il avait 28 ans. Il fera quatre mandats dans l’opposition muni- cipale. “J’ai toujours eu la répu- tation d’un opposant construc- tif, qui faisait des contre-pro- positions.” Ouvert au dialogue,

“Le bonheur des enfants.”

re cheminer des idées et des valeurs en lesquelles ils croyaient. C’était une époque où la chose publique ne rimait pas avec pouvoir, médias, argent, sexe et petites phrases… Curieux spectacle. Le cœur de ce Mortuacien a toujours battu à gauche “par atavisme familial” reconnaît-il volontiers. Il est né d’un père comptable à la société du Tacot

mais pas docile. Au contraire, il en fal- lait de la détermination pour faire pro- gresser le souffle de gauche dans un fief qui était déjà acquis à la droite. Pourtant, le leader du P.S. qu’il sera jusqu’en 1990 dans le Haut-Doubs, y parviendra. “En 1988, lors des légis- latives, j’avais la majorité des voix dans les bourgs importants que sont Mor-

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