La Presse Bisontine 86 - Mars 2008

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 86 - Mars 2008

2

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 5 bis, Grande rue B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : publipresse@wanadoo.fr Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Aline Bilinski, Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Solène Davesne, Jean-François Hauser. Régie publicitaire : Besançon Médias Diffusion - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Février 2008 Commission paritaire : 1102I80130 Crédits photos : La Presse Bisontine, B.A.F., Jean-Michel Bahbouh, Kookaburra, Mutualité Française Doubs, P.S., MoDem, U.M.P., Dahmane Soudani,Ville de Besançon. Compétition “Tu m’as piqué une des mes anciennes coéquipières, je t’en débauche une autre.” “Tu veux jouer l’ouverture dans les quar- tiers, je fais de la surenchère.” La consti- tution des listes des principaux candidats à la mairie de Besançon sʼest faite dans un drôle de climat cette année. Le maire actuel, fort de son statut de sortant, ne manque pas de railler son principal oppo- sant de droite qui, il faut bien le recon- naître, cumule la “scoumoune” : ralliement tardif des “fédéralistes”, faux déboires judi- ciaires de certains co-listiers… nʼont pas facilité la tâchede JeanRosselot qui, pour- tant, se bat comme un beau diable dans cette campagne aux relents revanchards. Une fois encore, ces ratés nʼiront pas dans le sens dʼune union sacrée de lʼélectorat de droite autour de son candidat officiel. Ajoutons à cela une précampagne loca- le sous forme dʼétripage entre les anciens candidats à la candidature, et un contex- te national pas franchement favorable à la droite, et cʼest Jean-Louis Fousseret qui boit du petit-lait. Mais attention, lʼexcès de confiance nʼa pas que du bon. La liste black-blanc-beur de Jean Rosselot a au moins lʼavantage de détonner de la part dʼun candidat étiquetéU.M.P. et, lui-même lʼa bien compris, il a fait de la déshéren- ce de certains quartiers un des socles sur lesquels il a décidé dʼaxer sa campagne. Son intime conviction quʼil peut gagner, contre vents et marées, contrebalance lʼimage dʼimprovisation quʼa laissée le dévoilement tardif de sa liste. Mais le vrai suspense dans ces municipales 2008, il faut aller le chercher àquelques kilomètres de Besançon. Dans ces communes qui, à lʼimage deThise (la deuxième duGrand Besançonen termesdepopulation), Deve- cey, Châtillon-le-Duc, Saint-Vit ou encore Saône,donneront lieuàdevraiesbagarres, serrées, où la personnalité de chacun des co-listiers comptera. Celaest dʼautant plus vrai que dans la plupart de ces communes périphériques, lʼimpitoyable règledupana- chagesubsiste. Cʼest dans ces communes pour la plupart appartenant à la commu- nauté dʼagglomération du Grand Besan- çon que les rapports de force apparais- sent les plus serrés. Lʼagglomération, cʼest dʼailleurs le principal challenge à réussir dans les six prochaines années. Gros bébé de sept ans aux allures encore balourdes, lʼagglo doit impérativement prouver toute son efficience dans le pro- chain mandat. Ce sont les élus intercom- munauxqui auront lachargede faire rayon- ner Besançon et ses environs dans la compétition internationale de demain. Jean-François Hauser Éditorial

SPORT

L’ancien champion du monde de biathlon Raphaël Poirée : “Transmettre ma passion du biathlon, c’est obligatoire” Après avoir raccroché sa carabine l’année dernière, Raphaël Poi- rée s’est élancé cette année dans le marathon de la Transjura- sienne. Et s’est classé quatrième. Mais pour le jeune retraité, il ne s’agit pas d’une seconde carrière. Juste de skier pour le plaisir.

L a Presse Bisontine : Vous avez fini quatrième de la Transjurasienne. C’est parce que vous n’arrivez pas à raccrocher les skis que vous vous êtes lancé dans cette course ? Raphaël Poirée : Non. Tout d’abord, je suis militaire. Donc soit je fais des compétitions, soit je suis dans une caserne. Mais je voulais faire des courses de longue distance. Ne pas avoir de carabine sur le dos, être au milieu des gens. Même lorsque j’étais ath- lète, je rêvais de faire sur des longues distances. Et en France, la Transjurasienne est de loin la course la plus connue. Ce qui est agréable, c’est d’être avec le public. À chaque fois ils m’encouragent, on arri- ve à échanger après la course. C’est une dimension qui était plus difficile à avoir en biathlon parce que les manches de coupe du monde ont forcément lieu à l’étranger. Les spectateurs ne nous voient qu’à la télévision. L.P.B. : Vous vous êtes beaucoup préparé pour cette course ? R.P. : Non, je ne m’entraîne pas beaucoup. À la fin de la saison dernière, j’ai passé cinq mois où je n’ai vraiment rien fait du tout. Je dois skier trois ou quatre fois par semaine seulement. Lorsque j’étais en compétition, je skiais 800 heures par an, là je dois en être à 150 à peine. Je vis sur mes acquis pour l’instant, et les acquis ne durent pas longtemps. L.P.B. : Finir quatrième, c’est quand même une performance plutôt correcte… R.P. : J’étais assez content, c’est vrai. J’ai fait une très belle course.Mais pour moi, ce n’est que du plai- sir. Je n’ai aucun objectif. Bien sûr, lorsque je prends le départ, c’est pour gagner. La compétition, j’ai cela

dans le sang. Je dois encore parti- ciper à quelques courses, dont les

championnats de France de ski à la fin de la saison. Mais pour moi, ce n’est en aucun cas une seconde carrière. C’est juste le plaisir de ne pas avoir de pres- sion, de skier sans que les gens et les médias atten- dent quelque chose de vous… L.P.B. : Vous avez mis fin à votre carrière à la fin de la saison dernière. À quoi ressemble votre vie de jeune retraité ? R.P. : : Je profite beaucoup de mes enfants. Je suis aussi en train de mettre en place des projets pour l’avenir. J’aide aussi des athlètes qui me le deman- dent. Je travaille beaucoup avec le jeune Simon Fourcade. Je ne suis pas son coach , mais je lui appor- te une aide, à tous les niveaux que ce soit mental ou technique. Le biathlon est un sport extrêmement complet. On se téléphone souvent, on fait aussi des stages ensemble. L.P.B. : Avez-vous d’autres projets dans le biathlon ? R.P. : J’ai consacré 15 à 20 ans de ma vie à ce sport. Je ne peux pas garder tout cela pour moi. J’ai une obligation de le transmettre. Je veux vraiment m’investir dans la formation des jeunes. Après, il faut qu’on me laisse le faire et c’est une autre his- toire. L.P.B. : Vous entretenez des relations toujours tendues avec la Fédération ? R.P. : Je n’en dirai pas plus. Les rapports ne sont plus les mêmes quand on arrête d’être athlète. On pas- se de l’autre côté de la barrière. Quand on est spor- tif, on est beaucoup utilisé. On vous traite comme

un roi…quand vous ramenez des médailles seulement. L.P.B. : Quel regard portez-vous sur l’équipe de France de biathlon actuel- le ? R.P. : Il y a des jeunes qui pointent leur nez, chez les dames surtout. C’est encourageant.Mais en biath- lon, il faut beaucoup d’expérience, de patience pour réussir. Il faut savoir attendre. Et il y a bien sûr toujoursVincent Defrasne et San- drine Bailly. Ce sont à eux demon- trer le chemin aux autres. L.P.B. : Le biathlon est certainement le sport qui compte le plus de médaillés olympiques par rapport au nombre de licenciés. Pourquoi ? R.P. : C’est une bonne question. Je

Retraité sportif depuis avril 2007, Raphaël Poirée possède l’un des plus beaux palmarès du biathlon avec trois médailles olympiques et quatre globes de cristal.

pense que nous avons eu des générations un peu exceptionnelles. Le biathlon est un sport très dur, il n’y a que des gens très durs qui peuvent y arri- ver. En France, on dispose d’un véritable savoir-fai- re au niveau du tir. C’est un énorme avantage car un bon résultat au tir rattrape largement un ski moins bon. Le ski est plutôt une faiblesse. Mais ça ne s’acquiert pas du jour au lendemain. L.P.B. : Le meilleur souvenir de votre carrière ? R.P. : Je ne suis pas quelqu’un qui me tourne vers le

passé. Je n’ai pas en tête une cour- se en particulier. Par contre, ce qui est important pour moi, c’est com- ment j’y suis arrivé. Tout le tra- vail, les heures d’entraînement qu’il y a derrière. La victoire, c’est la finalité seulement. L.P.B. :Vous commentez la coupe dumon- de pour Eurosport. ça fait bizarre de se trouver de l’autre côté ? R.P. : Non.Même quand je vais voir les membres de l’équipe de Fran- ce, je sens une petite barrière. Ce n’est plus mon monde et je n’ai plus envie d’y retourner. J’ai fait mon temps. Le biathlon, c’est bel et bien fini pour moi. Un champion hors pair En dehors de lʼor olympique, il aura tout raflé. Quatre globes de cristal, trois médailles olympiques, 8 titres de champions du monde et 44 victoires en coupe du mon- de. Raphaël Poirée affiche un pal- marès impressionnant. Marié à la championne de biathlon Liv Gre- te-Poirée, le biathlète de Villars- de-Lans a pris sa retraite sporti- ve à 33 ans en avril dernier. Il est cette saison consultant sur Euro- sport. Il a écrit son autobiographie, “Poi- rée par Raphaël Poirée, On ne naît pas champion on le devient”, en collaboration avec le journa- liste Yves Perret (éditions Jacob- Duvernet - novembre 2007 - 19 euros) Propos recueillis par S.D.

Made with FlippingBook flipbook maker