Visa pour les Etats-Unis

La désintermédiation est une autre caractéris- tique notable de la finance aux États-Unis. Les marchés constituent la source de financement principalepour les sociétésaméricaines. Lefinan- cement par fonds propres compte pour 78% du passif des sociétés non financières américaines (hors crédits commerciaux et dette fiscale), soit 10 points de plus qu’en France. Par ailleurs, la dette des sociétés non financières se compose pour 40%de titres émis et négociés sur les mar- chés (contremoins de 20% en France), les 60% restants étant constitués de crédits bancaires. Même du côté des ménages, alors que les banques conservent un rôle déterminant dans l’émission des crédits, la titrisation permet de transformer ces créditsen instruments financiers négociables sur les marchés et de les sortir des bilans bancaires. Cette pratique, largement à l’origine de la crise des subprimes de 2007, reste très couranteaux États-Uniset participeauphé- nomène de désintermédiation, puisque la vie du crédit, de lagarantieau recouvrement, n’est plus que marginalement gérée par les intermédiaires financiers traditionnels. Plus qu’en Europe, une multitude d’acteurs non bancaires participe donc au financement de l’économie américaine, formant un écosystème complexeet interconnecté. Ducôtéde l’épargne, cet écosystème s’articule autour de fonds de pension, qui gèrent pour plus de26000milliards de dollars d’actifs à fin mars 2021 (125 points de PIB), d’assureurs (9200 milliards pour l’assu- rance vie, 2900 milliards pour les autres seg- ments, soit 63 points de PIB), de fonds mutuels (20300 milliards, 96 points de PIB) et d’autres structures de gestion d’actifs.

Cette épargne est allouée via des infrastructures de marché développées, à la fois en termes d’acteurs et de produits. Le marché des actions est organisé autour de plusieurs Bourses, dont 16 affichent des capitalisations au-delà de 1000milliards de dollars, parmi lesquelles leNew YorkStockExchange (26000milliards) et leNas- daq (19000 milliards). La finance américaine se distingue également par desmarchés de dérivés divers et profonds, à la fois organisés (avec no- tamment lesBourses deChicago) et degréàgré. Mêmesi lafinanceest largement désintermédiée, les banques restent des acteurs importants aux États-Unis. La valeur de leurs actifs s’élève à 24200 milliards de dollars à fin mars 2021 (110pointsdePIB), àcomparer à36200milliards d’euros pour les banques de la zone euro (près de 320 points de PIB). Malgré un grand mouvement de consolidation qui avu lenombredebanquesaméricainesdivisé par deux depuis l’an 2000, le secteur bancaire aux États-Unis se caractérise par sa fragmenta- tion : on compte encore plus de 4 000 banques enregistrées sur le territoire américain à la fin 2020, un chiffre proche de celui de la zone euro (mais l’Allemagne à elle seule compte pour près de 1 500 entités !). Lesystèmebancaireaméricainsesépareendeux types d’entités. D’un côté, on trouve un nombre important debanquesdepetite taille, implantées dans un seul État ( state banks ), qui sont régies et régulées au niveau des États fédérés. Ces insti- tutions ont généralement un bilan de petite di- mension (inférieur à 1milliarddedollars) et offrent

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