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COPENHAGUE

promènent comme chez eux, le Français ne sort pas de chez lui, ni comme tou­ riste, ni comme commerçant. Imbu de ces fausses traditions qui, en France, font des pays et des peuples étrangers de véritables épouvantails, il s’imagine le voyage hérissé de mille difficultés insurmontables et comme, en outre, il ignore généralement les langues étran­ gères, et croyant que les autres peuples lui ressemblent sur ce point, il se croit tout de suite incompris, isolé, perdu, sitôt qu’il a franchi la frontière. Quand comprendra-t-on toute l’importance et l’utilité des voyages à l’étranger, et com­ bien de douloureux sacrifices faudra-t-il encore pour faire comprendre à nos commerçants et à nos touristes qu’en restant chez eux, ils mettent les plus chers intérêts de la patrie en péril, et qu’au lieu de nous créer des amis, ils isolent la France du reste du monde,

Voyager n ’a jamais été le faible des Français, et ce n ’est certainement pas sans raison que l’on a attribué à ce manque de curiosité des choses exté­ rieures, les malheurs et les déboires poli­ tiques qui ont frappé la France. Tout imbibé encore de l’idée arriérée que la France est le seul pays du monde (jui mérite d’être vu et qu’il n’y a rien à apprendre, rien à admirer au dehors, le Français s’étonne de voir les marchés étrangers lui échapper et passer aux mains de ses rivaux : les Allemands et les Anglais. Ceux-ci, en politiques plus avisés, sont, dès la jeunesse, formés aux voyages, et connaissant à fond les goûts des populations, les us et coutumes des pays, ils leur font une cour assidue, s’y font connaître et désirer et finalement s’y implantent. Tandis qu’ainsi tous les endroits agréables du monde sont envahis par les Anglais et les Allemands, qui s'y

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