La Presse Bisontine 163 - Mars 2015

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 163 - Mars 2015

CONTESTATION

Une pétition suivie Lesmécontents du transport en communmontent au créneau

Le Collectif des mécontents des transports en commun de Besançon a recueilli les témoignages de dizaines d’usagers qui protestent contre la nouvelle organisation du réseau. Des remarques que ce groupement citoyen va faire remonter à l’Agglo.

L ongtemps le réseau de bus de Besançon a fait la fierté de la ville. Il était un des plus perfor- mants de France. Mais ça, c’était avant le tram. Son implantation dans le paysage urbain s’est accompagnée d’une refonte complète du dispositif de transports en commun qui avait été organisé de telle sorte à irriguer tous les quartiers. Or, pour beaucoup d’usagers, le compte n’y est plus. L’évolution du réseau autour d’une association du bus et du tram à laquel- le sont venus se greffer des problèmes de circulation, s’est faite au détriment de la qualité de service.Trop d’endroits bien desservis hier par des bus le sont moins aujourd’hui, voire plus du tout. C’est précisément ce que déplore Jacques Amiot, un des animateurs du Collectif des mécontents des trans- ports en commun bisontins qui s’est constitué à la fin de l’année dernière. Ce groupement citoyen a identifié plu- sieurs sources d’insatisfaction parmi lesquelles : la suppression de lignes sans concertation, des quartiers moins bien desservis, des bus bondés, de nom- breux arrêts sans abris, trop peu de bus, des durées de trajet beaucoup plus importantes. “Il y amoins de bus. L’Agglo a privilégié des axes qu’elle a définis comme majeur par rapport à d’autres. Résultat dans certains quartiers, des gens ont désormais du mal à trouver

un moyen de transport en commun pour se déplacer. Ce n’est pas accep- table. Dans le quartier de la Butte par exemple, on avait une ligne de bus qui nous emmenait jusqu’au centre-ville. Aujourd’hui, pour s’y rendre, il faut descendre à Chamars et prendre le tram. En résumé, les lignes de bus arro- sent les stations de tram mais pas les quartiers. Pour les personnes âgées, ce n’est pas facile. J’ajoute que pour les habitants du secteur Butte, le tram ne sert à rien puisque le premier arrêt est à 1 kilomètre” observe Monsieur Amiot. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Depuis que le Collectif a lancé une pétition sur le net, chez les commer- çants et dans les boîtes aux lettres de Besançon, les plaintes à l’égard du ser- vice de transport s’accumulent. Ceux qui sont à l’origine de cette initiative se doutaient d’un mécontentement

Jacques Amiot estime “mensongère” la promesse de l’Agglo qui expliquait que la mise en service du tram allait permettre d’irriguer les quartiers de manière plus fine avec les bus.

de la prof de fac qui s’est résignée à reprendre sa voiture pour se rendre à la Bouloie, à un retraité qui ne des- cend en plus en ville faute de bus, en passant par une dame qui se plaint que le temps d’attente à l’arrêt de bus est tel qu’elle n’arrive plus à faire l’aller- retour avec un seul billet. Un usager a même fini par rendre sa carte d’abonnement au réseau Ginko. Ce sont principalement des femmes âgées qui ont répondu à l’enquête. Elles dénon- cent pêle-mêle “la diminution des fré- quences de passage” , “les changements imposés” , “la marche à pied” , “les lignes

tent d’affiner notre diagnostic de la situation, et surtout de dire que nous n’avons pas tapé à côté du problème. Le travail que nous avons engagé est long, mais il est payant” ajoute Jacques Amiot. Les quartiers où il y a de la grogne ont été identifiés par le Col- lectif. “On voit qu’il y a des soucis dans les secteurs Butte, Clemenceau, Vil- larceau. Il y en a aussi dans les quar- tiers de Saint-Claude et Point-du-Jour. Beaucoup de personnes des quartiers de Montrapon et de Montjoux nous ont également fait part des difficultés qu’elles rencontrent.” Les commentaires vont

supprimées.” C’est avec ce cahier de doléances que des représentants du Collectif sont attendus à l’Agglo fin février. Ils ont demandé un rendez-vous qu’ils ont obtenu pour faire un point sur la situa- tion. “Tous ces témoignages vont nous permettre d’être crédibles” remarque Jacques Amiot. Le Collectif attend de l’Agglo qu’elle prenne conscience de la mesure du problème qui, selon lui, est le fruit “d’une absence d’analyse et d’une mauvaise gestion.” T.C.

sans imaginer qu’il avait pris cette ampleur. “Nous avons distribué près de 4 000 tracts, en donnant la possibilité aux gens de nous répondre. J’ai déjà reçu une centaine de témoi- gnages de personnes qui ont pris la peine de nous écrire et plus de 70 sur la pétition en ligne (plus de 200 personnes l’ont signée). Leurs remarques permet-

“Une absence d’analyse.”

ORGANISATION Plus de bus ? Les chauffeurs s’y mettent aussi ! Des commerçants du centre- ville ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires depuis qu’il y a moins de bus en cir- culation dans la Boucle. F inalement, la grogne vient de toutes parts contre la nouvelle organisation du réseau de transport en commun de Besançon. Les chauffeurs de bus mon- tent à la charge avec les usagers et les com- merçants. “Le réseau de bus est dégradé. C’est dommage car on adore notre travail” déplore Franck Martel, délégué du personnel conduc- teur au dépôt de Planoise. Il ajoute : “142 départs de bus ont été supprimés. C’est très important. Forcément, le service rendu aux usa- gers est moins performant. Les passagers ne

ÉCONOMIE

L’inquiétude des commerçants No traffic, no business !

Des commerçants du centre-ville ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires depuis qu’il y a moins de bus en circulation dans la Boucle.

Patricia Mesnier de la Boulangerie des Carmes située au carrefour de la Grande rue et de la rue de la Préfecture. “Les élus n’ont pas mesu- ré à quel point la fréquence des bus drainait l’activité économique dans ce secteur de la vil- le. Le pire, c’est que ça n’interpelle personne. Si à cela j’ajoute la fermeture de l’hôpital Saint- Jacques, le départ de la fac de médecine, ça com- mence à faire beaucoup.” Face aux difficultés, la boulangerie a dû se séparer d’une vendeuse, et n’a repris qu’un apprenti sur les quatre qu’elle formait habituellement. Un peu plus bas, place du 8-Septembre, un res- taurateur qui travaille beaucoup avec les étu- diants a vu son activité baisser d’environ 15 % ces derniers mois. “Avant la réorganisation du réseau, ils descendaient tous les jours au centre- ville depuis le campus. Maintenant, ils ne vien- nent plus en ville parce qu’il n’y a plus de bus” observe le restaurateur.

A uparavant, 10 lignes de bus traversaient le centre-ville. Il n’y en a plus que trois aujourd’hui. Le nombre de passages pla- ce du 8-Septembre a été divisé par deux. Moins de trafic, c’est aussi moins de clients dans

les commerces. Ils sont nombreux à avoir enre- gistré une baisse de leur chiffre d’affaires depuis la mise en place du nouveau réseau. “Il a chu- té d’environ 50 % ! C’est une catastrophe ! La fréquentation a été divisée par quatre” s’inquiète

On mesure aussi un recul de fré- quentation place de la Révolution où s’arrête pourtant le tram. “Il y a une baisse, c’est indéniable. Le problème ne vient pas du tram,mais du fait que des gens aujourd’hui ont des difficultés à descendre au centre-ville en utilisant les trans- ports en commun. Ils rencontrent des problèmes de correspondance, les temps de trajet ou d’attente sont trop long. Il arrive qu’un ticket ne leur suffise pas pour faire ce qu’ils ont à faire. Cela s’ajoute aux diffi- cultés conjoncturelles” remarque- t-on du côté de l’enseigne Nicolas. Des commerçants souhaiteraient une concertation avec la munici- palité et l’Agglo pour débattre de ces problématiques afin d’envisager des solutions.

“Les gens ne vien- nent plus en ville.”

s’insurgentmême plus.Ils sont rési- gnés car ils voient que rienne chan- ge. Nous ne voyons qu’une solu- tion, c’est de remettre des lignes de bus pour irriguer correctement les quartiers et desservir efficacement le centre-ville.” Problème : au-delà de la ques- tion financière qui s’imposerait à ce débat, augmenter le niveau de service des bus reviendrait à reconnaître que la performance du tram n’est pas à la hauteur des attentes.

“Le réseau de bus est dégradé.”

Patricia Mesnier, de la boulangerie des Carmes, est surprise que la situation économique du centre-ville n’interpelle pas plus les élus.

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