SAM_517__BasseDef

On en parle

SANTÉ DE DEMAIN

À QUOI VONT VRAIMENT SERVIR LES ASSISTANTS MÉDICAUX ?

NOS EXPERTS

Dr Jacques Battistoni président du syndicat de généralistes MG France

Dans les prochains mois, un nouveau métier va faire son apparition dans les cabinets médicaux. Certains médecins devraient être épaulés par des assistants dans l’idée de leur faire gagner du temps pour voir plus de patients. Véronique Hunsinger

D ans son plan l’Assurance-maladie allait aider financièrement les praticiens à en embaucher environ 4 000 assistants médicaux, à l’horizon 2022. « L’idée est de pouvoir alléger le médecin de toute une série de tâches afin de lui faire gagner du temps médical et permettre que davantage de patients soient pris en charge », explique Nicolas Revel, directeur général de l’Assurance-maladie. La Cnam (Caisse nationale de l’Assurance-maladie) va ainsi négocier, dans les prochaines semaines, les conditions de son soutien financier à l’embauche de ces assistants. Mais un certain nombre de conditions ont d’ores et déjà été posées par les pouvoirs publics. Seuls les médecins exerçant en cabinet de groupe et de manière coordonnée avec les autres professionnels de santé de leur territoire pourront y prétendre. En contrepartie de cette aide, les médecins généralistes devront s’engager à prendre de nouveaux patients “Ma santé 2022”, Emmanuel Macron, président de la République, a annoncé, en septembre 2018, que

et les médecins spécialistes à réduire leur délai d’attente pour obtenir un rendez-vous. Cela ne résoudra pas tous les problèmes des 5,7 millions de Français vivant dans des déserts médicaux, mais pourrait, en théorie, favoriser leur accès aux soins. Préparer la consultation En revanche, le rôle de ces assistants médicaux reste encore un peu flou. « Ce sont des choses simples qui ne nécessitent pas d’être médecin mais qui sont importantes pour démarrer la consultation médicale et qui vont permettre au praticien de se concentrer sur le cœur de son métier qui est l’expertise médicale et le dialogue avec le patient », dit Nicolas Revel. Ainsi, en amont de la consultation, l’assistant médical pourrait, par exemple, poser des questions au patient sur son état de santé depuis la précédente consultation, vérifier si ses vaccinations sont à jour, prendre sa tension, son poids ou sa taille. À la sortie, il pourrait remplir le dossier médical, si nécessaire prendre les rendez-vous au laboratoire d’analyse ou dans le centre de radiologie ou encore remplir

des dossiers administratifs comme les formulaires d’entrée en Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Un poste hybride entre l’infirmière et la secrétaire ? Non, répond le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes MG France, un des premiers à avoir plaidé pour la création du métier d’assistant médical. « L’idée est d’améliorer la prise en charge des patients, tant sur le plan quantitatif, en permettant au médecin de prendre davantage de patients, que qualitatif, en travaillant en équipe », précise ce généraliste installé dans le Calvados. Une manière aussi de rassurer les infirmières libérales qui craignent aujourd’hui de se voir déposséder d’une partie de leur travail. « Les assistants médicaux nous semblent une fausse bonne idée, d’autant plus que l’on nous annonce cette mesure avant d’avoir réfléchi au contenu de ce nouveau métier, explique Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmiers et infirmières libéraux (Sniil). En tout cas, je ne vois pas les infirmières libérales intéressées par ce type de poste tel qu’il est décrit aujourd’hui. »

Catherine Kirnidis présidente du Syndicat national des infirmiers et infirmières libéraux (Sniil)

Nicolas Revel directeur général de l’Assurance- maladie

Alexis Vervialle chargé de mission pour France assos santé

Anne-Laure Zammit assistante médicale

L. JULLIAND / CONTEXTES - HERO IMAGES / GETTYIMAGES - DR

12 SANTÉ MAGAZINE I janvier 2019

Made with FlippingBook - Online catalogs