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CHOSES QUE J’AURAIS VOULU SAVOIR AVANT DE...

PRENDRE DES ANTI-INFLAMMATOIRES

Ibuprofène, diclofénac : au moins l’un de ces anti-inflammatoires se trouve dans nos armoires à pharmacie. Mais des études ne cessent de mettre en avant leurs effets indésirables. Les précautions à prendre. Mathilde Naja 1 ILS NE SOULAGENT PAS LE MAL DE DOS alors tenter de la soulager avec un anti-inflammatoire non

au-delà de 2 400 mg par jour (dose maximale autorisée) n’est pas dénué de risques cardio- vasculaires. Si vous souffrez d’hypertension ou d’une autre pathologie cardiovasculaire, il est prudent de limiter la dose d’AINS au minimum recom- mandé et la durée de traitement à deux à trois jours. Enfin, ces médicaments sont à proscrire chez les insuffisants rénaux, les insuffisants cardiaques et après un infarctus du myocarde. 4 ILS PEUVENT AGGRAVER DES INFECTIONS Des études épidémiologiques réalisées depuis 2002 suggèrent que ces médicaments augmentent le risque d’infections comme le zona, la varicelle, les infections pulmonaires, les angines ou encore les otites. Sans oublier les infections dentaires. « Supprimer l’inflammation revient aussi à supprimer un mécanisme de défense de l’organisme, et cela peut favoriser les infections », dit le Dr Bernard Bégaud, professeur de pharmacologie à l’université de Bordeaux. De plus, le fait de soulager la douleur peut masquer les signes

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stéroïdien (AINS), seul ou en alternance avec le paracétamol. L’ibuprofène se prend d’abord en comprimé de 200 mg, puis de 400 mg si nécessaire, sans dépasser 1 200 mg par jour. 3 CERTAINS PRÉSENTENT DES RISQUES CARDIOVASCULAIRES Ce serait en particulier le cas du diclofénac (Voltarène), disponible sur ordonnance. Une vaste étude danoise, publiée en septembre 2018, a montré que cette molécule, prise par voie orale, entraînait un risque accru de problèmes cardiovasculaires graves (fibrillation auriculaire, AVC, insuffisance cardiaque…), même chez les personnes n’ayant aucun facteur de risque. « Ce risque était déjà connu, explique Nathalie Richard. La nouveauté est d’avoir montré que le diclofénac présente un risque de 20 à 30 % supérieur aux autres anti-inflammatoires non stéroïdiens, et cela même à faibles doses (moins de 100 mg par jour), et sur des durées courtes. » De fait, la prudence est de mise. L’ibuprofène pris

Arthrose, arthrite, sciatique, règles douloureuses, migraine, entorses, foulures, tendinites : les douleurs d’origine inflammatoire sont la première indication de ces médicaments. Toutefois en cas de lombalgie, il semble inutile de se précipiter sur la boîte d’ibuprofène : en 2017, une étude publiée par des chercheurs australiens montrait qu’il ne soulageait qu’un patient sur six. Pour les autres, le placebo faisait aussi bien. 2 EN AUTOMÉDI­ CATION, ON COMMENCE PAR LE PARACÉTAMOL Le message des autorités sanitaires est clair : toujours commencer par le paracétamol. « Bien utilisé, cet antalgique est très sûr, dit Nathalie Richard, directrice adjointe des médicaments en antalgie de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM), à prendre d’abord en dose de 500 mg puis d’un gramme si nécessaire. » Si la douleur ne baisse pas après un ou deux jours de traitement, on peut

Dr Bernard Bégaud professeur de pharmacologie à l’université de Bordeaux

Nathalie Richard directrice

adjointe des médicaments en antalgie, Agence nationale de sécurité des médicaments

DANIEL AMILHASTRE - VOISIN / PHANIE

78 SANTÉ MAGAZINE I janvier 2019

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