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L a charpente de Notre-Dame en feu et la combustion de la flèche de la cathédrale ont fait le tour du monde en une poignée de secondes le 15 avril dernier. Si la ca- thédrale a finalement ré- sisté, qui sait que ce joyau du Moyen Âge a déjà subi plusieurs transformations au cours des siècles ? « La flèche, comme la rosace, au sud du bâtiment, avaient été profondément mo- difiées au xix e  siècle » , raconte le guide Michel Lhéritier, fin connaisseur des lieux. Et cette impression de navire de pierres flottant sur la Seine résulte, elle aussi, d’un chamboulement ma- jeur : « Comme ailleurs dans la capitale, les grands travaux en- gagés par le baron Haussmann dont l’avenue de l’Opéra est un des exemples les plus représen- tatifs, ont conduit à la démoli- tion des immeubles et ruelles qui l’entouraient. Il s’agissait alors de répondre aux problèmes d’insa- lubrité, de sécurité et de circula- tion » , ajoute Pierre Pinon, histo- rien et architecte, spécialiste du xix e  siècle et du plan d’urbanisme

O n April 15, 2019, images of Notre Dame Cathedral in flames and its collapsing spire shocked the world. However, few onlookers realised that over the cen- turies the medieval jewel had already survived other trage- dies and transformations. As guide and lecturer Michel Lhéri- tier explains, “The spire, like the rose window at the south side of the building, was profoundly al- tered in the 19th century.” Our impression of a ship of stone floa- ting on the Seine is also the result of a major restoration: “As elsewhere in the capital, the trans- formations undertaken by Baron Haussmann, such as around the Avenue de l’Opéra, led to the de- molition of surrounding buildings and streets to address issues of sanitation, safety, and traffic,” confirms Pierre Pinon, a historian and architect who specialises in the urban planning of the 19th century under Napoléon III. These vast undertakings were emulated by Brussels, Cologne, Milan, and Vienna during the same period. Few major European cities have escaped the destruction of his- toric neighbourhoods, whether through war or human interven- tion, a fact that compelled cities to establish rules to prevent the annihilation of their history. “In France, the concept of heritage only dates to the beginning of the 19th century. Given the number of buildings, par ticularly churches, destroyed during the Revolution, writers like Prosper Mérimée made an inventory of what was left standing and what deserved to be saved,” explains Daniel Imbert, Secretary Gene- ral of the Commission du Vieux Paris, created in 1897 following the “second wave” of the city’s makeover, begun under Na- poleon III. Rome followed the example of Paris, after recogni- WHEN THE CAPITAL PAVED THE WAY

décidé sous Napoléon III, copié à l’époque par Bruxelles, Cologne, Milan et Vienne. QUAND LA CAPITALE JOUAIT LES ÉCLAIREUSES Peu de grandes villes européennes ont échappé à cette vague de des- truction de leurs quartiers histo- riques, incitant du même coup les métropoles à définir des règles pour éviter que des pans entiers de leur histoire ne soient rayés de la carte. « En France, la notion de patrimoine remonte en fait au début du xix e  siècle. Devant l’am- pleur des bâtiments (et surtout des églises) détruits à la Révolution, des écrivains, tel Mérimée, se sont mobilisés pour réaliser un inven- taire de ce qui existait et de ce qui

Le Grand Palais, vu du pont Alexandre-III, fut inauguré en 1900 lors de l’Exposition universelle de Paris. The Grand Palais, seen from Pont Alexandre III, was built for the 1900 Paris World Fair.

© ©PATRICKTOURNEBOEUF

102 - PARIS WORLDWIDE JUILLET  / AOÛT JULY  / AUGUST

2019

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