La Presse Bisontine 121 - Mai 2011

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 121 - Mai 2011

SOCIAL 120 entreprises ont coulé Besançon, ville pauvre

Ce sont les Maghrébins qui sont les plus nom- breux.

L’analyse annuelle des besoins sociaux, que Besançon est une des seules villes à rendre publique, met en lumière l’évolution inquiétante du tissu socio-économique local. Florilège.

L’isolement s’aggrave encore

Désormais à Besançon, plus d’un ménage sur deux est composé d’une personne seule. Au total, plus de 30 000 Bisontins vivent dans la solitude. La ville comp- te également plus de 5 000 familles monoparentales. Les cas deménages composés de per- sonnes seules sont majoritaires dans les quartiers suivants : But- te-Grette, Montrapon-Mont- boucons, Chaprais-Cras, centre- ville, Chapelle-des-Buis et Battant. Et l’on s’aperçoit que le lien exis- te bel et bien entre la composi- tion familiale et la pauvreté. Les 10 % des ménages les plus pauvres à Besançon ont un reve- nu annuel moyen de 4 500 euros

de nombreux étudiants étran- gers sur le territoire bisontin. 26 % seulement des étrangers qui résident à Besançon ont un emploi. La population étrangère est dif- férente d’un quartier à l’autre. C’est le secteur Epoisses-Bour- gogne à Planoise dans lequel vivent le plus d’étrangers : 27,5% de la population, suivi d’île de France, toujours à Planoise (24 %), puis Bouloie avec les étu- diants (22,5 %). En 2009, 419 personnes étrangères ont été accueillies à Besançon.

dans un ménage d’une person- ne, alors qu’il est de 6 500 euros pour les autresménages. Lamoi- tié des ménages a un revenu annuel inférieur à 16 190 euros dans lesménages composés d’une personnes contre 22 009 euros dans les autres ménages. Cette année, tous les partenaires sociaux se sont accordés pour souligner “l’augmentation du phénomène d’isolement” note le rapport. Ils soulignent “l’impact des politiques d’urbanisme - habi- tat vertical, diminution des espaces de rencontres,des bancs… - et l’impact de la montée de la

précarité économique en évo- quant le lien très fort entre cet- te dernière et l’isolement.” 9 064 étrangers à Besançon Le pourcentage d’étrangers rési- dant à Besançon s’élève à 7,7 % de la population, ce qui situe la ville à un niveau supérieur aux moyennes nationale, régionale et départementale. Par rapport à la population étrangère rési- dant en France, les étrangers bisontins se démarquent par une proportion plus forte de jeunes, due en majorité à la présence

2 000 emplois supprimés en deux ans

par unité de consommation) s’est à nouveau accru entre 2008 et 2009 : il s’établit à 9 900 ménages bisontins. Au 30 juin 2010, Besançon comptait 5 132 bénéficiaires du R.S.A. Concer- nant les familles monoparen- tales, c’est Planoise et les Tille- royes qui en abritent le plus. La population de la capitale régionale stagne depuis dix ans. Besançon compte 117 599 Bison- tines et Bisontins. C’est l’agglomération qui a vu sa popu- lation augmenter de 4 % en dix ans. Deux phénomènes à noter concernant les tranches d’âge : la baisse notable des jeunes de moins de 15 ans et la progres- sion des 60 ans et plus. A noter aussi la forte progression du nombre de personnes de 75 ans et plus qui atteignent désormais les 10 000 à Besançon. Le vieillissement de la population s’accentue

La ville de Besançon a payé cash la dégradation nationale de l’économie à partir de la fin 2008. Ainsi en 2009, pas moins de 120 entreprises ont mis la clé sous la porte sur le seul territoire bisontin. Par rapport à 2007, 1 918 emplois salariés privés ont été supprimés. Résultat logique : le nombre de deman- deurs d’emploi de catégorie A a fait un bond de 31 % entre décembre 2007 et décembre 2009. Le pic de deman- deurs d’emploi a été atteint en janvier 2010 où Besançon comp- tait 7 032 chômeurs. En décembre 2010, il se stabilisait à 6 425. de la pauvreté Alors qu’il s’était réduit entre 2007 et 2008, le nombre de ménages sous le seuil de bas revenus (924 euros mensuels L’augmentation

MUSIQUE

En formation à l’I.R.T.S.

Les mots pour le dire Chafic Zadhdoudi - nom de scène Shaffik Sufira - initie depuis plusieurs années les jeunes Bisontins à l’art de la composition à travers des ateliers d’écriture. Il a sorti son premier album solo le 5 avril.

E n finir avec cette idée précon- çue que le hip-hop, le rap et la poésie urbaine ne sont pas can- tonnés aux banlieues sinistres des grandes villes. À Besançon, cette culture-là est bien présente, elle touche beaucoup de jeunes, et n’est pas seu- lement l’apanage d’une certaine couche sociale ou d’une certaine population issue de l’immigration. Il suffit d’assister une fois aux ate- liers d’écriture prodigués par Chafic Zadhdoudi à la pour s’en convaincre. Ce jeune de 25 abns futur éducateur spécialisé qui termine sa formation à l’I.R.T.S. de Besançon, anime des ate- liers d’écriture à destination des ado- lescents. “Poser des mots sur des idées, c’est ce que j’apprends à ces jeunes âgés de 13 à 21 ans, sur des thèmes qui les intéressent. Puis on travaille sur les rimes et sur l’interprétation. Dans ce groupe très éclectique, chacun s’enrichit de la culture et des idées des autres” résume Chafic Zadhdoudi. De ces groupes de travail est né en 2009 un collectif de jeunes Mortuaciens bap- tisé “La plaidoirie d’une jeunesse”, qui écrit ses textes et les met en musique. En parallèle de sa formation, l’artiste originaire de Morteau continue à com- poser, lui qui a écrit ses premiers textes à 13 ans. En 2006, il sort son premier

C.D. 6 titres, “avec les moyens du bord.” En 2007, avec d’autres musiciens de Besan- çon, il sort une pre- mière compilation hip- hop et les premiers concerts dans les salles régionales s’enchaînent. Il peau- fine son travail de com- position avec plusieurs autres groupes les années suivantes tout en mûrissant son pre- mier album solo. “Ma rue est vers l’art”

“Ma rue est vers l’art” dans les

bacs le 5 avril.

est sorti dans les bacs le 5 avril. Ce premier album solo à consonance rap teintée de jazz et de soul sera dispo- nible dans quelques commerces bison- tins. C’est l’album d’un jeune de 25 ans qui a la musique et les mots dans la tête mais tout à la fois la tête sur les épaules. “Je vis une passion et j’aime la partager dans le cadre des ateliers d’écriture que j’anime” dit-il. Un pre- mier clip tiré du titre “Lettres de nobles- se”, tourné en partie à Besançon, accompagne la sortie de l’album. À découvrir notamment sur facebook avec “Shaffik Sufira” en mots-clés. J.-F.H.

Shaffik Sufira, alias Chafic Zadh- doudi, un gamin du quartier du Tremplin qui transmet sa passion des mots.

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