La Presse Bisontine 121 - Mai 2011

BESANÇON 18

La Presse Bisontine n° 121 - Mai 2011

VIE MUNICIPALE

Du commerce au sport Les échappées belles de Jacques Mariot Le sport est comme accroché à sa boutonnière. L’adjoint au commerce et à

J acques Mariot est mordu d’actu. “Je ne déconnecte jamais de l’info, qu’elle soit locale, nationale ou internationale” dit-il, jetant un dernier coup d’œil à son téléphone por- table avant d’engager la discussion. Ce grand costaud de 63 ans au teint hâlé, avenant et souriant, est donc un obser- vateur attentif dumonde qui l’entoure. Parmi les news qui retiennent son atten- tion, il y a le sport évidemment. Cela ne surprendra pas les Bisontins qui le connaissent. Si la ville est devenue une place forte du handball féminin en France, c’est en partie sous l’influence de cet homme qui a embrigadé dans l’aventure du sport collectif toute la famille. Comment parler du père sans évoquer au moins l’une de ses quatre filles, SandrineMariot-Delerce, ex-capi- taine de l’équipe tricolore et joueuse incontournable de l’E.S.B.-F. qui a rem- porté en 2003 la coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. 2003, année de sécheresse en Gaule, mais pas pour le sport bisontin pour lequel pleuvent les bons résultats : le B.R.C. est en ligue 2, et le basket en Pro A. “C’était l’apothéose” se souvient Jacques Mariot. La gloire avant la débâcle. Les clubs ont dévissé l’un après l’autre, comme infectés d’un même virus. “Je crois plutôt qu’ils n’ont pas su rester raisonnables dans leur ges- tion. Les budgets prévoyaient beaucoup de recettes et peu de dépenses. Or, c’est l’inverse qui s’est produit. C’est regret- table pour Besançon” commente-t-il en observateur averti. Le sport local n’a plus beaucoup de secrets pour lui.Depuis un an, il a d’ailleurs repris du service en revenant au bureau de l’E.S.B.-F., un club qu’il a présidé de 1998 à 2002. Le travail sera long pour renouer avec les plus belles heures du haut niveau. Jacques Mariot n’est pas du genre à tirer sur l’ambulance. Au contraire, il reste un fervent supporter des clubs bisontins. Il ne se passe pas un week- end sans qu’on ne l’aperçoive au bord d’un terrain de handball, de foot, ou de basket. “Je ne manque pas un match de sport collectif. Le sport, c’est mon opium !” Il en a même fait son job. Monsieur Mariot est prof. Après avoir l’artisanat ne passe un week-end sans assister à un match de handball, de foot ou de basket. Le sport, c’est son “opium”.

Jacques Mariot a tapissé le mur de son bureau d’affiches qui témoignent des deux domaines dans lesquels il s’investit le plus, le sport et le commerce bisontin.

Ce qu’ils disent de lui…

Nicole Weinman, adjointe (majorité municipale) “Jacques Mariot est à l’image de son physique de colosse” “Jacques Mariot est une montagne. Il est à l’image de son physique de colosse. C’est un homme décidé et réactif. Nous travaillons très bien avec lui. Cet adjoint défend sa délégation et par conséquent les commerçants qu’il écoute. En tant qu’adjointe à la voirie, je suis concernée par certains de ses dossiers. Par exemple, dans le cas du Troc des Chaprais, dont il était difficile de maintenir la date compte tenu des travaux du tram, nous avons trouvé un compromis pour qu’elle puisse se dérouler dans les meilleures conditions, car c’est une manifestation importante pour les commerçants entre autres. Jacques Mariot est quelqu’un d’étonnant. Il a parfois des propos maladroits, des propos vifs, mais qui ne sont jamais méchants.” Édouard Sassard, U.M.P. (opposition municipale) “Il était fait pour être adjoint au sport” “Je pense que le rêve de Jacques Mariot était d’être adjoint au sport. Il était fait pour cela. Mais le maire a considéré qu’il ne pouvait pas lui confier cette fonction, redoutant sans doute qu’il y ait trop de proximité entre lui et l’E.S.B.-F. un club qu’il a présidé. C’est une erreur de la part de Jean-Louis Fousseret dans la gestion des hommes, d’autant que Jacques Mariot aime tous les sports. Cela n’avait aucun sens de le nommer adjoint au commerce alors que sa légitimité n’est pas celle-ci. C’est comme si en entrant au gouvernement, Bernard Laporte avait hérité du Commerce extérieur comme portefeuille. Je rappelle qu’en 2010, Jacques Mariot s’est abstenu sur la politique sportive de haut niveau proposée par Jean-Louis Fousseret et Patrick Bontemps adjoint au sport. Jacques Mariot aurait été parfait à ce poste. Il connaît tout du sponsoring, du management d’une équipe. Il était l’homme de la situation pour le sport de haut niveau. Aujourd’hui, il est président de l’office de tourisme, de l’office de commerce, malgré tout, c’est quelqu’un qui s’engage.”

l’agrégation et a écrit deux livres : “Hand- ball comportemental” (1985) et “Apprentis- sage du handball” (1992). À la différen- ce de la plupart de ses collègues, il peut se targuer d’avoir ensei- gné à tous les niveaux que le permet l’Éducation nationa- le, de la maternelle à l’université. Son ana- lyse du sport collectif lui vaut aujourd’hui

card”. “Je suis quelqu’un de très direct. Je ne sais pas ce que c’est que de faire l’anguille. C’est pour cela que je ne ferai jamais de politique. Pour ma part, je suis président du parti du bon sens. J’ai bien l’impression d’en être le seul membre” sourit-il. Le bon sens paysan semble n’avoir jamais quitté ce natif de Port-sur-Saône issu d’unmilieu agri- cole. C’est dans cet état d’esprit qu’il a travaillé pour comprendre et mettre en œuvre tous les mécanismes, com- plexes, de l’organisation d’une politique commerciale à l’échelle d’une ville com- me Besançon. À mi-chemin de son second mandat, l’élu est inquiet. Depuis que la Loi de Modernisation de l’Économie a trans- formé les C.D.E.C. (commission d’équipement commercial) en C.D.A.C. (commission d’aménagement com- mercial), les municipalités ont perdu de leur pouvoir de régulation et d’organisation de l’activité commer- ciale sur leur territoire. Cette évolu- tion ne serait pas sans conséquence. “Avant cela, 98 %des enseignes venaient voir la mairie car elles savaient que nous étions incontournables si elles vou- laient avoir l’autorisation de s’implanter. Nous avions notre mot à dire dans les projets. Ce n’est plus le cas. Désormais, 95 % ne viennent plus et moi je me bats pour tenter de trouver une grande enseigne qui accepte de s’installer aux Clairs-Soleils.” Le risque selon l’élu est que l’on assis- te à urbanisation commerciale dérai- sonnée avec des enseignes redondantes par les produits proposés. À ce ryth- me, lamécanique huilée par la consom- mation des ménages pourrait finir par se gripper. “Je constate que le nombre de mètres carrés se multiplie en péri- phérie. Pour autant, le pouvoir d’achat des familles est plus que stabilisé. Je redoute que l’on voie apparaître de plus en plus de friches commerciales com- me nous avons des friches industrielles. Il y a un autre facteur aggravant, c’est l’ e-commerce qui est en plein essor. Je

“Je suis président du parti du bon sens.”

d’être sollicité par la fédération fran- çaise de football qui lui demande d’intervenir dans un colloque au centre technique national de Clairefontaine. De toute évidence, le sport est le fil rou- ge de sa vie. Il n’y a qu’en politique où Jacques Mariot a accepté, à regret sans doute, de faire une exception après que Jean-Louis Fousseret l’ait sollicité pour faire partie de son équipe en 2001. Il n’aurait probablement pas dit non à une fonction d’adjoint au sport comp- te tenu de son curriculum vitae , mais le maire a préféré lui confier le com- merce et l’artisanat. Un secteur où fina- lement il faut être aussi bon tacticien que pédagogue pour mener sa barque, un peu comme un entraîneur cherche les meilleures recettes pour manager son groupe. Sans rechigner, l’élu s’est approprié la fonction avec pragmatis- me, épaulé par ses services, mais se défend de faire de la politique contrai- rement à son frère jumeau Jean-Paul Mariot, conseiller général socialiste de Haute-Saône, département dont il fut également député. Pour preuve l’adjoint bisontin a tou- jours refusé de s’encarter au P.S. mal- gré les sollicitations. Lui est issu de la société civile, point barre. “La politique, j’ai du mal à la ressentir. J’ai toujours un problème avec ce principe d’opposition systématique gauche-droite.” Il n’a pas non plus un tempérament de “politi-

fait ses premières armes en primaire, l’instituteur a tenté sa chance pour le profes- sorat d’éducation phy- sique. “J’ai réussi.” Il gravira les échelons jusqu’à rejoindre l’U.E.R.E.P.S. en 1977 (unité d’enseignement d’éducation physique et sportive) qui devien- dra l’U.F.R.-S.T.A.P.S. Il tire sa révérence en 2008. Entre-temps, le garçon a passé

ne dans le fief familial. Une fois sur place, son plaisir est d’empoigner sa tronçonneuse pour couper du bois. “C’est ma respiration de la semaine.” Quand il n’est pas en forêt, Jacques Mariot est sur le bord des terrains de sport à suivre attentivement les évolutions de ses petits-enfants cette fois (il en a dix au total) dont certains seraient paraît-il piqués du même virus que le grand- père. Le sport encore et toujours. Déci- dément, il ne changera pas. T.C.

suis enthousiaste à l’idée de voir émer- ger 36 500 mètres carrés dans la zone des Marnières, car cela va permettre de créer un équilibre commercial à Besan- çon. Mais je suis aussi inquiet de voir cette offre qui ne fait que grandir.” Le débat s’éloigne des valeurs de la terre sur lesquelles il s’est construit. Jacques Mariot n’a pas encore pris sa décision, mais si l’occasion se présen- te, il n’est pas certain de repartir pour un nouveau mandat. L’homme paraît aspirer à la tranquillité à laquelle il goûte dès qu’il s’échappe enHaute-Saô-

“La politique, j’ai du mal à la ressentir.”

Made with FlippingBook HTML5