La Presse Bisontine 121 - Mai 2011

La Presse Bisontine n° 121 - Mai 2011

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OBSERVATOIRE 30 montres en 2010 La renaissance de la vipère bisontine Le retour espéré de marques prestigieuses à Besançon doit redonner vie au laboratoire de l’observatoire qui certifie les montres chronomètres. Avec son célèbre poinçon à tête de vipère.

François Meyer, directeur du service chronomé- trique à l’observatoi re, dans la minuscule pièce qui certifie les

C’ est l’histoire d’un jeune trader new-yorkais de 35 ans. Passionné de montres, il a commandé à un horloger genevois d’origine fin- landaise, Kari Voutilainen, une montre haut de gamme. Envi- ron 80 000 dollars la pièce. Exi- gence supplémentaire du ban- quier : que cette montre unique soit marquée du poinçon de la vipère bisontine, qu’elle soit donc certifiée par la laboratoire de chronométrie de l’observatoire

de Besançon. “Le must à Man- hattan, c’est d’avoir un objet unique. Ce New-Yorkais est donc venu spécifiquement à Besan- çon chercher sa montre. Dans le monde du luxe, on ne veut rien faire comme les autres. Si un New-Yorkais est capable de se déplacer à Besançon pour une montre, il y a certainement un potentiel” commente un des acteurs locaux de l’horlogerie. Alors le célèbre poinçon à tête de vipère, créé en 1897 quelques

années après la création offi- cielle de l’observatoire (1878), peut-il devenir le symbole de la renaissance de l’horlogerie bison- tine ? Depuis 2007, un homme pousse pour que les autorités bisontines considèrent ce fameux poinçon qui était quasiment tombé aux oubliettes, comme un des faire-valoir de la ville en matière d’horlogerie, c’est Fran- çois Meyer, le directeur du ser- vice chronométrique de l’Université de Besançon. Depuis 2007, plusieurs fabri- cants de montres mécaniques de prestige ont demandé à l’observatoire de Besançon de renouer avec ses anciennes acti- vités de certification. Le poin- çon à tête de vipère avait ces- sé d’être frappé il y a une trentaine d’années à la mort de l’horlogerie locale. Il reste cepen- dant un label très recherché par les amateurs d’horlogerie. Le poinçon est apposé sur une piè- ce du mouvement après une batterie de tests qui durent 16

chrono- mètres.

jours. Avec sa mission de fournir à l’industrie horlogère les réfé- rences de temps, l’observatoire de Besançon est resté le seul organisme national habilité à délivrer le titre de “chronomètre

dants de lamaison Dodane créée en 1857. Depuis cette année, la marque a mis en fabrication dans ses ateliers de Châtillon- le-Duc (entreprise Anode), un chronographe en partenariat avec l’armée de l’air française. François Meyer estime qu’il est nécessaire “d’y aller doucement, mais par le haut. L’idée est de créer un effet d’aspiration pour d’autres marques prestigieuses.” Il sera alors grand temps de doter le laboratoire de certifi- cation bisontin de locaux dignes du prestige que l’horlogerie haut de gamme est censée lui redon- ner. J.-F.H.

tradition d’excellence à Besan- çon. Il y a une vraie tendance des marques à revenir aux fon- damentaux. 90 % des marques se fichent éperdument d’une tel- le certification. C’est avec les 10 % restantes que l’on a à tra- vailler” estime François Meyer qui avait été un des tout pre- miers à alerter lamairie en 2007 de ce potentiel à redécouvrir. L’an dernier, c’est d’ailleurs une entreprise bisontine, la marque Dodane, qui a sollicité le plus le laboratoire bisontin, pour ses montres destinées à l’aviation et à l’armée de l’air. Dodane a été réactivé en 2001 par Lau- rent et Cédric Dodane, descen-

Les tests de certification durent 16 jours. Ils sont facturés aux fabri- cants à pei- ne 400 euros.

mécanique” aux montres. “L’an dernier, nous avons certifié une trentaine de montres. C’est très peu, mais on sent que ça redémarre. Ce label peut être porteur, il y a un héritage, une

“Créer un effet d’aspiration pour d’autres marques.”

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