La Presse Bisontine 121 - Mai 2011

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 121 - Mai 2011

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RENCONTRE AVEC GUSTAVE Claude Coulet, généalogiste de Courbet

G ustave Courbet est véritablement entré dans la vie de Claude Coulet au prin- temps 2009.À l’époque, Frédérique Tho- mas-Maurin, conservatrice du musée d’Ornans, vient à la rencontre du généalogis- te de Mérey-sous-Montrond dont elle connaît les travaux. Le Conseil général s’apprête à ouvrir la ferme de Flagey où le peintre a séjour- né, et il souhaite agrémenter le lieu d’un arbre généalogique qui permette au visiteur de situer Gustave dans la lignée des Courbet. Retraité, passionné depuis longtemps par ce genre de recherche, Claude Coulet se laisse piquer au jeu. “J’ai adhéré au projet, car le personnage et le lieu de Flagey m’intéressaient. J’avais aus- si une certaine fierté à travailler sur le sujet.” Deux mois et demi lui seront nécessaires pour établir les filiations et peindre, à l’encre de chi- ne, un arbre aux branches majestueuses, dans lequel fleurissent les noms par centaines écrits à la main et en lettres gothiques. On y retrou- ve pêle-mêle les Droz-Bartholet, Magnenet, Bulle, Reverdy, Receveur, Morel, Équoy, Mar- quis, Ducouloux, Comte ou encore Tournier, bref tous font partie de la grande famille des cousins de Courbet dont pour sa part, la des- cendance s’est arrêtée à un fils. À 65 ans, cet ancien banquier se passionne pour la généalogie. En 2009, le Conseil général a frappé à sa porte pour lui proposer de s’intéresser à la famille du peintre né à Ornans.

Claude Coulet se passionne pour la généalogie. En 1995, il a réalisé l’arbre de sa famille sur lequel figurent 5 500 noms. À refaire aujourd’hui, il en compterait

plus de 10 000.

Claude Coulet a cherché des appuis pour pous- ser plus loin son enquête. “J’ai passé une peti- te annonce dans divers groupes de généalogie en précisant la nature de mes travaux pour voir si d’autres personnes avaient déjà des éléments sur d’éventuels liens de cousinage avec Gusta- ve” se souvient-il. Le passionné obtiendra des réponses. “Le gros problème pour moi était de vérifier toutes les informations qui me parve- naient. Je me suis fait épauler pour cela par le centre d’entraide de généalogie de Besançon” qu’il a d’ailleurs présidé. En voulant aller vite, la marge d’erreur augmente. Le risque de fai- re fausse route en se laissant tromper par des homonymies n’est jamais très loin. Vigilance donc. “La généalogie est un jeu de patience.” Il faut prendre le temps d’établir les preuves qui

permettent de confirmer avec certitude la filia- tion. Lorsqu’il commence à démêler ces fils de vie, Claude Coulet ne se limite pas à reporter des noms sur un papier. Sa curiosité l’invite sou- vent à s’intéresser au contexte dans lequel vivaient ces gens dont il découvre l’identité. C’est ainsi qu’il glane des informations histo- riques ou des anecdotes lors de ces vagabon- dages dans le temps. Concernant Gustave Cour- bet, beaucoup de choses ont été dites. “Il est issu d’une forme d’aristocratie paysanne. C’était une famille de riches agriculteurs à Flagey. Ce que l’on dit moins, c’est qu’elle n’était pas la seule à avoir une forte influence sur ce village. Il y avait également la famille Maire.” En se penchant sur les affaires communales, le généa- logiste a pu se faire une petite idée sur la per- sonnalité de Régis, le père de Gustave, qu’il décrit comme quelqu’un d’une certaine statu- re, mais d’assez dur. Le grand-père du peintre cette fois, Claude-Louis, aurait peut-être fait la fortune de la famille. Cultivateur à Flagey, il avait en même temps une charge d’archer- garde, qui lui donnait le pouvoir de régler les litiges. “Ce ne sont que des suppositions à par- tir de documents que l’on découvre. Mais je me dis que si Gustave Courbet qui avait un don était resté un paysan de classe moyenne à Fla- gey, il ne l’aurait sans doute pas développé” estime Claude Coulet. Ce passionné d’histoire révèle autre chose. “Quand je me suis intéressé à la famille Cour- bet, j’ai travaillé dans le même temps sur les Granges, les fermes d’aujourd’hui. J’en ai étu- dié une située sur le territoire de la commune de Cléron dite “Chez l’Bon”. J’ai découvert que le tiers de cette maison avait été acquis par Régis Courbet. Ce n’était probablement pas le bâtiment qui l’intéressait, mais les vignes. Plus tard, Gustave est venu là. Des peintures ont été réalisées sur les murs. On ne sait pas s’il en était l’auteur où s’il s’agissait de ses élèves. Aujourd’hui, cette maison est en ruine. Elle était encore habitée par des bûcherons au moment de la guerre de 40.” Des personnes ont vu ces peintures, d’autres auraient récupéré des mor- ceaux de mur. À sa façon, Claude Coulet est parti à la ren- contre du peintre, un homme qui a marqué son époque et son art. La généalogie a ceci de par- ticulier qu’il y a autant d’arbres possibles qu’il y a de vies. Cette fois-ci, le retraité en est sûr, même s’il éprouve de la sympathie pour le per- sonnage, lui et Courbet ne sont pas cousins. T.C.

généalogie dans un laps de temps somme tou- te assez court. L’ancien banquier avait déjà croisé la route de la famille du peintre lors de précédentes recherches. Il disposait donc d’une solide base d’informations sur les Courbet lorsque le Dépar- tement a frappé à sa porte.Originaire d’Amathay- Vésigneux, il menait depuis plusieurs années déjà des investigations sur les familles des vil- lages du plateau d’Amancey, à commencer par la sienne. C’est comme cela qu’il a établi par exemple que le nom de Courbet est l’évolution probable de celui de Corbet dont on retrouve les dernières traces au XVII ème siècle. “Il s’est sans doute transformé pour des raisons de pro- nonciation” suppose le spécialiste. Malgré une base de données déjà bien étayée,

Comme prévu, à l’été 2009, l’arbre est à sa place, accroché sur unmur face au bar du Café Juliette, à la ferme de Flagey. A la base du tronc est écrit en grosses lettres : Claude Cour- bet dit Garguet. L’ancêtre. “Il est né en 1613 et mort en 1675. J’ai établi sa descendance sur dix générations. Gustave (1819- 1877) arrive à la septième. La dernière personne qui figure sur cet arbre est née en 1932” explique Claude Coulet qui n’est pas parti d’une feuille blanche pour établir cette

Receveur, Morel, Équoy.

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