IFCAM a 40ans

DE NOUVELLES COMPÉTENCES POUR UNE BANQUE QUI S’ÉMANCIPE

Le saviez-vous ?

L’arbre aux Sabots, Palme d’or 1978, film

sur lequel les participants d’AP3 ont dû se pencher.

AP3, RÉVÉLATEUR DE TALENTS L’épreuve artistique finale révélera un participant tellement doué pour la peinture qu’il deviendra artiste professionnel et… quittera la banque ! Formation intensive et hautement qualitative, AP3 permit au Crédit Agricole de négocier un réel tournant dans son développement. AP3 a transformé la vie de nombreux cadres et la fidélité à l’entreprise s’en est trouvée renforcée. L’aventure aura duré 10 ans.

C I N É M A

et poète, ou encore Jean de Loisy, aujourd’hui direc- teur du Palais de Tokyo. Leur rôle était d’éveiller, de sensibiliser les participants à l’art. Comment regarder, comment apprécier, comment s’étonner ? L’objec- tif n’était pas la polémique, le travail était réalisé sur des œuvres connues et relativement classiques pour rendre l’exercice rapidement efficace. «On nous disait “nous visiterons deux salles consacrées à l’impressionnisme. Vous n’aurez vu que 10% du musée peut-être, mais vous les aurez vraiment vus” » , se souvient Daniel Videlier, responsable du secteur Formation générale de l’IFCAM. Les participants étaient très motivés. « Ils venaient de différentes Caisses régionales. Ils étaient très investis et passionnés. On avait inventé les trois demi-journées en une seule journée. Ils bossaient le matin, l’après midi et après le dîner, week-end compris. » « On ne laissait rien au hasard, tout était soi- gneusement préparé, chaque enseignement enrichissait les suivants », se souvient Michel Bac. Le principe péda- gogique devait permettre de relier des éléments dis- parates de la culture. « Comment je fais le pont entre ce que vient de m’expliquer ce spécialiste du cinéma, le film que j’ai vu et ma vie professionnelle ? Tout était prétexte et raison », rappelle Jean Favry. Comme pour la peinture, l’opéra ou le théâtre, les for- mateurs et les intervenants allaient donner aux parti- cipants les clés pour apprécier en quoi une réalisation artistique pouvait être considérée comme une œuvre majeure. «Mais apprécier certaines œuvres n’allait pas forcément de soi », raconte Daniel Videlier. Lors d’une séance consacrée au septième art, il fut décidé d’aller au cinéma Le Pasquier, non loin de la Fédération. On y projetait L’Arbre aux sabots . Nous sommes en 1978 et le film d’Ermanno Olmi vient de recevoir la Palme d’or à Cannes. Le chef-d’œuvre, sombre et réaliste retrace l’histoire de quatre familles de paysans pauvres dans une grande ferme en métairie à la fin du XIX e siècle, en Italie. UNE MÉTHODOLOGIE INÉDITE

alors ce que ce travail lui apportait et en quoi il lui permettait d’avancer dans sa vie professionnelle.

A priori, pas enthousiasmant pour qui n’a connu que la comédie. « J’ai rattrapé deux participants un peu cabots qui s’esquivaient pour voir le dernier Louis de Funès projeté dans l’autre salle », se souvient en riant Daniel Videlier. Pour lui qui avait commencé sa carrière dans le cinéma et avait produit quelques grandes affiches, l’anecdote a une saveur particulière ! Si pour certains, visiter une galerie ou assis- ter à un concert était une première, tous repartaient avec une nouvelle assurance et la conscience que le regard sur l’art est plus affaire de sensibilité que de classe sociale. « J’avais une belle expérience et on m’a donné les clés pour ouvrir chez moi certaines capacités » , confiera un participant. Mais à l’aube des années 90, AP3 est une formation ambitieuse et chère que certains jugent trop élitiste. Les jeunes diplômés font leur apparition et l’on recrute des commerciaux à bac +2 que l’on formera dans l’entreprise. AP3 s’efface devant l’apprentissage, l’alternance et les médias qui ont démocratisé l’accès à la culture et familiarisé le public avec les concepts de base de la communication. LA CULTURE SE DÉMOCRATISE, AP3 S’EFFACE NATURELLEMENT

LE BLUES DU BUSINESS MAN

Starmania, sorti en 1978, fait un tabac. « J’aurais voulu être un artiste pour pouvoir dire pourquoi j’existe », chante Zéro Janvier. Des millions de per- sonnes s’identifient au businessman qui chante dans cet opéra-rock, pourquoi pas les cadres du Crédit Agricole ? Pour clore le cursus AP3, chaque partici- pant doit créer une œuvre personnelle et la soute- nir devant un jury. Une grande liberté leur est laissée : œuvre picturale, écriture d’un roman, réalisation d’un documentaire et même préservation de l’environne- ment avec la dépollution d’une rivière, bien avant que l’écologie ne soit à la mode dans les ministères parisiens. Sélectionnés pour leur culture mais aussi pour leur capacité à faire partager leurs passions, les intervenants extérieurs étaient tous prestigieux, ori- ginaux et incontestés dans leurs disciplines. Ils étaient véritablement enthousiastes à l’idée d’ouvrir ces parti- cipants pas comme les autres à la musique, au cinéma, au théâtre, à l’économie… Parmi eux, Jean-Pierre Sereni, rédacteur en chef de la revue Le Nouvel Écono- miste , Jean Mambrino, critique de cinéma et de théâtre ÉVEILLER ET SENSIBILISER À L’ART

aidaient à la définition du sujet, à l’organisation à mettre en place, et les participants avaient un an pour réaliser leur œuvre.

Chaque participant doit créer une œuvre personnelle et la soutenir devant un jury

Lors de la cinquième semaine, chaque partici- pant présentait son « chef-d’œuvre » et analysait

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