Journal C'est à Dire 111 - Mai 2006

V A L D E M O R T E A U

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La filière forestière s’est mise à l’heure européenne Importations de grumes en provenance de suisse, de sciages venus d’Allemagne, de Scandinavie, d’Autriche, la filière forestière locale continue à diversifier ses sources d’approvisionnement. Un constat toujours surprenant dans une région aussi boisée. Bois

D ans le Haut- Doubs, la ressour- ce forestière est importante mais insuffisamment mobilisée pour couvrir les besoins des scieries locales en quantité comme en qualité. Ten- dance au conservatisme des modes de gestion et de vente qui ne correspondent plus for-

cément aux évolutions du mar- ché, morcellement de la forêt privée, constante difficulté à trouver un terrain d’entente entre vendeurs et acheteurs, les freins sont multiples. Les solutions existent mais tardent à se mettre en place. Premier constat, difficile de se faire un point de vue objectif en écoutant les acteurs de la

filière, tous aussi passionnés, convaincus et convaincants d’être les plus mal lotis. De quoi y perdre son latin. D’un côté les propriétaires annoncent que les scieurs traversent depuis 1999 une période plutôt faste due à des prix de vente des bois qui n’ont toujours pas retrou- vé leurs cours d’avant tempê- te. Les intéressés se plaignent

La forêt privée est confrontée à d’autres problèmes et notam- ment celui du morcellement extrême des parcelles.

au contraire d’une stabilité des prix de vente des sciages depuis 30 ans et d’une augmentation régulière des charges et des coûts de production, le diffé- rentiel diminuant ainsi leurs revenus. Bonjour les contra- dictions. Pourquoi cette inadéquation entre l’offre et la demande ? “Si on va chercher des grumes en Suisse, c’est tout simplement parce que l’on ne trouve pas sur place ce qu’il nous faut” , explique René Louvrier, un scieur installé aux Granges- Narboz. Les coûts d’exploita- tion étant très chers en Suis- se, les propriétaires ont long- temps préféré garder leurs bois plutôt que de les vendre aux scieries qui ont peu à peu fer- mé leurs portes. Du coup, l’of- fice fédéral suisse s’est retrou- vé avec une grosse offre à écou- ler. “Comme les périmètres d’ap- provisionnement sont assez courts, ce n’est pas illogique que des bois suisses rentrent dans la plupart des scieries du Haut- Doubs. Le système de vente en lots homogènes et triés offre éga- lement plus de garanties” , ajou- te Étienne Renaud, scieur à Labergement-Sainte-Marie. mode de gestion préconisé par l’O.N.F. et suivi également par les propriétaires privés fut de privilégier la conservation des gros arbres. Une stratégie qui correspondait au besoin d’avoir des grandes portées adaptées à la taille des maisons. “On se retrouve aujourd’hui avec des forêts surcapitalisées aus- si bien en forêt publique que privée. On est resté un peu trop conservateur d’un point de vue production. On ne coupe pas assez” , analyse Stéphane Pou- choulou, conseiller forestier à Coforêt. Le marché de la construction a beaucoup évolué en quelques décennies. Les portées, les sec- tions des éléments de charpente ont diminué. “La donne a com- plètement basculé. Aujourd’hui, les gros arbres, aussi beaux soient-ils, valent de moins en moins cher. On ne peut pas dire que l’O.N.F. ait mal fait son boulot mais ils s’y sont pris un peu trop tard pour exploiter les gros bois. La tempête lui a plu- tôt donné un coup de pouce” , observe Jean-Paul Delacroix, exploitant forestier à Cour- vières. Sujet récurrent de désaccord entre l’O.N.F. qui assure la ven- Les grumes suisses ne sont pas moins chères qu’en France mais certainement plus accessibles. Pen- dant longtemps sur le Haut-Doubs, le

te des bois communaux et les scieurs : le mode de vente en bloc qui consiste à proposer un volume de bois estimé sur pied. Un dispositif qui impose aux acheteurs un cautionnement bancaire, qui peut générer sui- vant les années des décalages entre l’achat et l’exploitation et qui n’offre aux yeux des scieurs rencontrés aucune garantie en volume et en qua- lité. “Ce mode assez archaïque, opaque et inadapté représente encore 50 % des ventes réali- sées. On préfère de beaucoup acheter à l’unité de produits (U.P.) ou en prévente” , souligne Étienne Renaud. Ces deux systèmes sont assez proches et s’appuient sur un volume de bois livré bord de route trié et classé. La seule distinction réside dans la maî- trise de l’exploitation confiée au scieur en U.P. et gérée par la commune en prévente. “Après la tempête, les volumes à trai- ter dans l’urgence étaient trop importants pour procéder à des ventes en bloc. Tout s’écoulait à l’unité de produits. Les scieurs s’étaient engagés à payer les bois plus chers que partout ailleurs avec l’espoir que ce pro- ment celui du morcellement extrême des parcelles qui ne facilite ni les éventuelles tran- sactions ni l’exploitation de cet- te ressource qui représente quand même 44 % de la sur- face forestière départementa- le. Dans l’idée de faciliter les regroupements, le Centre Régional de la Propriété Fores- tière (C.R.P.F.) a été chargé de mener une opération de restruc- turation volontaire qui mérite d’être mentionnée. “Lancée en 2003, cette campagne vient de s’achever en février 2006. Elle était financée par la Région et le Conseil général. La démarche consistait à proposer à tous les propriétaires qui sou- haitaient acheter, vendre ou échanger des mesures incita- tives. Le vendeur bénéficiait de la gratuité de l’estimation et l’acheteur d’une exonération des frais de notaire. Résultat, 700 transactions pour une surface globale de 600 hectares de par- celles ont été réalisées sur 11 cantons franc-comtois. Il serait intéressant de poursuivre ce type d’initiative” , conclut André Clerc, représentant du C.R.P.F. à Pontarlier. F.C. cédé soit définitive- ment adopté. Finale- ment, on s’est fait avoir.” La forêt privée est confrontée à d’autres problèmes et notam-

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