La Presse Bisontine 91 - Septembre 2008

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

N° 91 Septembre 2008

2 €

Le troisième mercredi du mois

Mensuel d’information de Besançon et des cantons d’Audeux, Boussières, Marchaux, Quingey et Roulans.

Cocaïne à Besançon : un marché discret En dix ans, le prix de la cocaïne a été divisé par deux. Cette sub- stance n’est plus réservée aux milieux aisés. Mais le phénomè- ne reste difficile à appréhender localement. p. 9 Sénatoriales : trois fauteuils à prendre

CLASSEMENT À L’UNESCO Comment Besançon doit gérer l’après-Vauban Le dossier p. 13 à 17 des années de retard, encore 95 millions d’euros à trouver… Contournement de Besançon Lire l’événement p. 6 et 7

Les élections sénatoriales ont lieu le 21 septembre. Des trois sénateurs du Doubs, un seul brigue un nouveau mandat. De quoi aiguiser les convoitises, à gauche comme à droite. Le rap- port de forces pourrait changer. p. 29 Semaine de 4 jours : les écoles s’organisent Si toutes les écoles primaires ne travailleront plus que quatre jours par semaine, chaque éta- blissement devra en revanche s’organiser pour ventiler les heures de soutien scolaire. Soit le matin, le midi, le soir ou enco- re le mercredi. p. 20

Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 5 bis, Grande rue - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n°91 - Septembre 2008

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Éditorial

SALON DU LIVRE

À nouveau présent aux Mots Doubs

L’auteur revient une nouvelle fois aux Mots Doubs à la ren- contre des lecteurs du département, du 12 au 14 septembre à Besançon, sur le site de la Gare d’Eau. Richard Bohringer : “Je ne me fixe aucun interdit”

Statu quo Un candidat aux prochaines sénatoriales dans le Doubs a certainement vu juste quand à la question de savoir pourquoi il postulait à un mandat au Palais du Luxembourg, il a pour première répon- se : “La responsabilité appelle la res- ponsabilité.” On est maire, on devient conseiller général ou régional, il paraît logique de postuler à un mandat natio- nal, quʼil soit de député ou, quand les places sont déjà prises, de sénateur. Une sorte de boulimie naturelle en quelque sorte mais cette drogue ne tou- cherait pas que le monde politique. Cʼest aussi vrai dans les affaires ou dans le syndicalisme. Pour la plupart des autres candidats, devenir sénateur, cʼest répondre à cette exigence de devenir le représentant des collectivités locales, le défenseur du monde rural à Paris. À croire quʼun maire ou quʼun conseiller général qui ne serait pas sénateur met- trait en péril lʼexistence même de son territoire, son département ou sa com- mune. Les candidats aux sénatoriales brandissent alors lʼargument imparable dʼune saine complémentarité entre un mandat national et un mandat local pour justifier le fait que dans leur cas, le cumul des mandats est justifié, voire néces- saire. Le maire de Besançon défend-il moins bien les intérêts de sa ville depuis quʼil nʼest plus parlementaire ? Non. Au contraire, serait-onmême tenté dʼaffirmer. Lʼélection sénatoriale suscite les plus grandes interrogations. Faut-il tout bon- nement, comme lʼavancent certains, supprimer cette chambre obscure où sont élus des hommes (et quelques femmes) dans un scrutin qui échappe totalement aux citoyens, sans aucun compte de campagne et presque sans comptes à rendre ? Sans tomber dans cet excès facile et un brin populiste (quoique…), il paraît néanmoins indis- pensable de refondre en profondeur le fonctionnement de cette chambre hau- te et la représentativité de ses locataires. Car à y regarder de plus près, on a bien du mal, malgré toute la bonne volonté du monde, à évaluer précisément en quoi un sénateur représente au quoti- dien - ou plutôt au cours des deux jours par semaine quʼil passe à Paris -, les collectivités locales desquelles ils tien- nent un premier mandat. Mais a priori le statu quo satisfait tout le monde : le Sénat est la seule institution qui a été totalement épargnée par la réforme constitutionnelle adoptée cet été. Jean-François Hauser

L a Presse Bisontine : Comment va Richard Bohringer ? Vous avez enchaîné festivals et lectures, tout l’été, et vous continuez avec entre autres Les Mots Doubs à Besançon. Pas trop fatigué ? Richard Bohringer : Pas du tout. Ce sont des choses qui me plaisent. Ce n’est pas fatigant de faire les choses qu’on aime. Je vais partout, ne me fixe aucun interdit car tout est intéressant. Besançon est un super-salon. La ville est magnifique, c’est la “mon- tagne”, ça change. Les lecteurs très nombreux. Besançon, c’est vraiment un endroit super et je suis ravi d’y retourner. (C’est sa troisième participa- tion). L.P.B. : Vous présentez votre dernier ouvrage, sorti en mai dernier, “Bouts Lambeaux”. Pourquoi ce livre ? R.B. : Pourquoi, pourquoi (il s’énerve)… parce que j’avais envie de l’écrire. Il n’y a pas de réponse au pourquoi pour un poète. “Bouts Lambeaux”, c’est un recueil de textes de nouvelles, de pièces que j’ai écrits entre 17 ans et 66 ans. Et si dedans il y a aussi des dessins, des photos, c’est parce que ça fait partie du même truc. Les dessins ont été faits en même temps. Tous les livres ne se ressemblent pas et heureusement. L.P.B. : Le livre contient aussi le D.V.D. de votre film “C’est beau une ville la nuit”, adaptation cinématographique de votre best-seller, sorti en 1988 et qui s’est vendu à 1,3 million d’exemplaires. Le film, sorti en 2006, a eu moins de succès. C’est pour le diffuser à plus grande échelle que vous avez souhaité le joindre au livre ?

R.B. : C’est quoi cette question ? Encore un pourquoi ! Je vais vous dire. “C’est beau une ville la nuit” est un film avec ma fille, c’est un bout lambeau de ma vie. Il était donc logique qu’il soit là. Et puis je suis un homme qui donne. L.P.B. : Et cette dédicace à Bernard Girau- deau ? R.B. : C’est mon ami. Quelqu’un qu’on estime, on a envie de le garder dans son cœur. C’est tout, et ce n’est pas plus compliqué que ça. J’ai fait la route et aujourd’hui, je trouve que tout se complique entre les humains alors forcément, il y a des disputes. Si on parle des vraies choses, des choses simples, il n’y a pas de pro- blème.

L.P.B. : Pourquoi fai- re tous ces salons ? (aïe, encore un pour- quoi qui redéclenche sa colère). Votre nom ne suffirait-il pas pour vendre vos livres ? R.B. : Je vais dans les salons parce que j’aime les gens et j’adore échan- ger avec eux. Ça me nourrit, tous les jours. J’attends qu’ils me disent si c’est avec plaisir ou déplaisir qu’ils ont lu mon livre. Quant à

“Je suis un homme qui donne.”

Richard Bohringer revient à

mon nom, non, il ne suffirait pas pour faire vendre. J’étais écrivain avant de faire l’acteur. Je suis un mec qui écrit depuis toujours. Ce bouquin, j’y tiens et je suis ravi d’aller le défendre à Besançon. Richard Bohringer sera présent sur le salon Les Mots Doubs les 13 et 14 septembre. Un conseil, évitez les pourquoi, parlez-lui de son style plu- tôt que de ses motivations qui l’ont conduit à signer ce 7 ème ouvrage. “Bouts Lambeaux”, ce sont des mor- ceaux de vie, des moments vécus par cet artiste qui reste malgré ses 66 ans, toujours aussi fougueux et écor- ché vif. Les idées s’enchaînent, les mots parfois se bousculent mais com- me il l’écrit dans les premières pages “la tête va plus vite que le style.” Propos recueillis par A.B

Besançon présenter son dernier ouvrage, “Bouts Lambeaux”.

L’auteur : Richard Bohringer est comédien, dramaturge, édi- teur, scénariste, producteur, musicien, chanteur. Il est lʼauteur de plusieurs best-sellers : “Cʼest beau une ville la nuit” (Denoël 1988), quʼil a adapté lui- même au cinéma (2006), “Le Bord intime des rivières” (Denoël 1994) et “LʼUltime Conviction du désir” (Flammarion 2005). “Carnet du Sénégal”, paru en 2007 aux éditions Arthaud, sʼest vendu à plus de 10 000 exemplaires.

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 5 bis, Grande Rue B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : publipresse@wanadoo.fr Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction :

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Besançon Médias Diffusion - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Août 2008 Commission paritaire : 1102I80130

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Crédits photos : La Presse Bisontine, Christian Sigrand, Micronora, Réseau Vauban.

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Cités des arts : le coût du projet sera connu en octobre

L’actualité bouge, les dossiers évoluent.

A vantmême lepremier coup de pioche donné à la futu- re cité des arts de Besan- çon, qui doit prendre place sur le site de l’ancien port fluvial, le pro- jet avait provoqué une vive polé- mique au début de l’été suite à l’évaluation faite par l’équipe de l’architecte japonaisKengoKuma. Des 20 millions d’euros prévus au départ, il avait annoncé une facture qui avoisinerait plutôt les 36millions. Ces16millionsd’euros de dérapage, avait notamment dénoncé le M.O.D.E.M. de Phi- lippeGonon, représentent la réno- vation de 530 logements sociaux. “Nous avons ajourné le premier avant-projet sommaire car un certain nombre de postes de dépenses ne correspondaient pas au cahier des charges que nous avions demandé tient à ras-

La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”.

surer Loïc Niepceron, l’élu char- gé de la culture à la Région Franche-Comté. Mais les chif- frages avancés ne correspon- daient à rien de précis. Le bud- get sera affiné quand le résultat des appels d’offres sera connu. Ceux qui nous savonnent la planche racontent des inepties.” Le 2 juillet dernier, suite à ces polémiques, le comité de pilo- tage de ce projet d’envergure s’est réuni, en présence de l’architecte nippon. Malgré les ajustements réclamés par les élus, “Kengo Kuma et son équi- pe sont parvenus à conserver la fonctionnalité globale du bâti- ment ainsi que la qualité et l’originalité architecturale des esquisses” affirment les trois col- lectivités impliquées dans le pro- jet : Ville de Besançon, C.A.G.B.

et Région. Néanmoins, les déci- deurs ont demandé quelques améliorations concernant : la toi- ture qui “doit faire l’objet d’études complémentaires” , les perfor- mances énergétiques du bâti- ment et la “réduction de l’écart financier prévisionnel” évalué par l’architecte entre 1,6 et 2 mil-

lions d’euros. Les élus locaux tiennent aussi à préciser que la validation de cet avant-projet sommaire début juillet “ne vaut pas acceptation du coût indi- qué.” La validation budgétaire doit intervenir en octobre pro- chain aumoment où l’avant-pro- jet définitif sera présenté.

Une motion nationale pour sauver le C.H.U. bisontin

Le théâtre, municipal et musical

L ors du dernier conseil muni- cipal avant l’été, les élus bisontins ont adopté une motion pour alerter de la grave situation financière dans laquel- le sont tombés la plupart des centres hospitaliers universi- taires français qui accuseraient, au total, près de 400 millions d’euros de déficit cumulé ! “Les prévisions pour 2008 attestent de la poursuite de cette dégra- dation” annoncent les élus bison- tins qui ont donc pris part à ce mouvement national d’alerte. Ils poursuivent : “Cette situation financière, perceptible depuis quelques années, s’est particu- lièrement aggravée depuis le passage à 100 % de la tarifica- tion à l’activité. Le décrochage est manifeste.” Le maire de Besançon recon- naît toutefois que “le mode de financement à l’activité reste intéressant dans l’esprit” mais, dit-il, “ les modalités d’application comportent plusieurs désavan-

P remière saison pour Loïc Boissier, nouveau directeur du Théâtre de Besançon qui amorce un change- ment de cap en rebaptisant lieu mais pas seulement. “J’ai l’ambition de mêler les gens et démêler les styles” prévient Loïc Boissier, nouveau directeur du théâtre de Besançon. Pour afficher lisiblement cette volonté, il a opté pour une nouvelle appel- lation du lieu. LʼOpéra-Théâtre laisse la pla- ce au Théâtre Musical. “Je suis conscient que ce n’est pas simple mais ce change- ment n’est pas innocent.” Le nouveau diri- geant précise son attachement au mot théâtre, référence historique et municipa- le de la ville et justifie lʼajout de lʼadjectif musical : “C’est le théâtre de tous et pas une chapelle où l’on ne fait que de la musique savante et de l’opéra.” Résultat, lors de cette première saison, le public pourra écouter et voir trois opéras mais aussi une trilogie de Philippe Glass, du hip-hop, Jean-Louis Murat ou la der- nière création de lʼensemble Justiniana. Plusieurs spectacles sont programmés en partenariat avec les autres scènes bison- tines (Cylindre, Nouveau Théâtre, Espa-

tages pour les grands établis- sements (tarifs sous-évalués, financement insuffisant des mis- sions d’intérêt général…).” À l’image de Jean-Louis Fous- seret, aussi président du C.H.U. bisontin, de nombreux maires des grandes villes de France ont voulu interpeller le gouverne- ment avec cette motion natio- nale. Ils sollicitent plusieurs choses : une application adap- tée de la tarification à l’activité aux missions spécifiques de chaque C.H.U., une réévalua- tion des tarifs et un financement plus soutenu des missions de service public et des missions spécifiques des C.H.U. comme l’enseignement ou la recherche. Tous ces maires, à l’image de celui de Besançon, refusent que “le retour à l’équilibre se fasse d’abord au détriment des per- sonnels alors même que ceux- ci sont déjà très sollicités et que leur dévouement est connu et apprécié de la population.”

ce), “une façon de mêler les publics et leur donner plus de lisibilité sur ce qu’il se fait à Besançon.” Enfin, Loïc Boissier a revu la politique tarifaire du lieu : quatre tarifs (de 39 à 18 euros), des abonnements et lʼinstauration dʼun tarif jeune pour les moins de 26 ans. “La place dans la galerie, qui n’est plus numérotée est à 9 euros quel que soit le spectacle et si 30 minutes avant la

représentation, de meilleures places sont disponibles, ils peuvent s’y installer.” Toutes les musiques, tous les publics, Loïc Boissier veut mélanger les genres et les gens dans son théâtre musical. La saison débute le 3 octobre avec Don Quichotte de la Cie Étoile du Jour, en partenariat avec Musiques de Rues.

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L’ÉVÉNEMENT

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Les automobilistes n’ont plus que deux ans à attendre avant de pouvoir - enfin - circuler sur la voie des Mercu- reaux qui relie La Vèze à Beure. Les habitués du bouchon matinal de la côte de Morre pourront retrouver un mini- mum de sérénité avec la mise en service en 2010 de cette 2 x 2 voies. L’ouverture de cet axe routier va-t-elle régler tous les problèmes de circulation ? Pas sûr. De toute évi- dence, la situation va s’améliorer. Mais on peut d’ores et déjà redouter que le trafic soit obstrué aux heures de poin- te au giratoire de Beure, là où s’arrêtera la voie des Mer- cureaux. Cela fait partie des incohérences de ce projet d’aménagement du territoire lancée en 1988. Pour donner toute sa cohérence et sa pleine efficacité au contourne- ment Ouest de Besançon, la logique aurait voulu que soit réalisée dans le même le maillon manquant entre Beure et la voie des Montboucons, la 2 x 2 voies qui file sur École- Valentin. Or ce tronçon de 5 km ne fait l’objet d’aucune étude et encore moins de financement. Consternant. Quid de Planoise et de La Vèze ? Le contournement finira-t-il par être achevé un jour ? Il reste 7 kilomètres de route à réaliser pour finaliser le contourne- ment Ouest de Besançon. Or, il n’y a ni budget ni calendrier pour les tronçons de Beure-Planoise, et le Trou-au-Loup-La Vèze. VOIE DES MERCUREAUX : LE CHANTIER DE TOUS LES EXCÈS ET APRÈS

L’ ouverture de la 2 x 2 voies entre Beure et La Vèze en 2010 ne signifie pas que le contourne- ment de Besançon par l’Ouest est terminé. Il le sera lorsque les deux tronçons manquants (Le Trou au Loup-La Vèze et Beure-Planoise) auront été réalisés. Ce n’est pas pour demain ! Le commentaire du préfet Jacques Barthélémy sur le projet est une nouvelle invitation à la patien- ce. Il faudra encore attendre. “Le coût estimatif du tronçon de 2 km entre le Trou-au-Loup et La Vèze est de 25 millions d’euros. Celui de 5 km entre Beure et Planoise est de 70 mil- lions d’euros. Il reste donc 95 mil- lions d’euros de travaux pour ces deux

parties qu’il faudra faire. Mais dans quel délai, c’est un peu tôt pour le dire, même s’il faudra terminer un jour ce contournement” a-t-il décla- ré le 21 août lors de la visite du chan- tier des Mercureaux. À une époque où l’État surveille son porte-monnaie, il est improbable qu’il abonde largement au financement de ces derniers tronçons. D’autant que depuis le Grenelle de l’Environnement, la priorité est moins donnée aux routes qu’aux infra- structures ferroviaires et fluviales. Le contexte n’est donc pas favorable aux élus qui défendent les intérêts de la capitale régionale et de la Franche-Comté pour décrocher des

La construc- tion du

viaduc de Velotte est en cours.

Cet office dispose d’une enveloppe de 800 millions d’euros à répartir entre 22 régions françaises. Les élus bisontins devront donc peser de tout leur poids politique pour espé- rer décrocher des crédits suffisants pour espérer engager les deux der- niers tronçons du contournement Ouest de Besançon. En juillet, Jean- Louis Fousseret, Françoise Branget et Jacques Grosperrin sont allés plai- der leur cause devant Dominique Bussereau, secrétaire d’État en char- ge des Transports. “Ensemble, nous avons dit que la liaison Beure-Pla- noise est d’une urgence absolue. L’exaspération de la population est totale” martèle la députée Françoi- se Branget. À ce jour, la parlemen- taire n’a pas obtenu du ministère de réponse écrite, mais elle pense avoir été entendue. L’avenir le dira. T.C.

qui définira le montant de l’enveloppe pour la Franche-Comté. On espère le meilleur arbitrage possible, en tenant compte qu’aujourd’hui, la dotation pour la région est de 20 millions d’euros par an” précise Jacques Bar- thélémy qui n’exclut pas pouvoir obte- nirmieux. “La Franche-Comté a besoin de désenclavements et d’équipements publics significatifs pour se dévelop- per.” Il est toutefois peu probable que le miracle se produise. Pour le P.D.M.I.,

crédits. Toutefois, le tronçon Trou-au-Loup- LaVèze a été inscrit au P.D.M.I. franc- comtois, ainsi qu’une demande de crédits d’étude pour la partie Beure- Planoise. Chaque région de France élabore son plan de déplacement et demodernisation des infrastructures. Sur la base de ce document et en fonc- tion de la pertinence des opérations qui y figurent, l’État apporte une contribution financière aux projets dans des proportions variables. “Nous avons une quinzaine d’opérations rou- tières dans la région dont le coût total est de 600 millions d’euros. C’est impossible d’obtenir une telle som- me” insiste le préfet avec réalisme. La Haute-Saône qui concentre 70 % des projets (R.N. 19, R.N. 57) semble prioritaire devant les maillons man- quants du contournement de Besan- çon. “C’est le ministère desTransports

la dotation provient de l’Agence Française des Investissements du Transport dont le bud- get découle de la ven- te par l’État des concessions autorou- tières (à partir de 2009, elle sera financée par la taxe sur l’essieu.)

“Une urgence absolue.”

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MERCUREAUX 161 millions d’euros Ouverture de la route fin 2010 Il ne resterait donc que deux petites années à attendre avant de pouvoir emprunter la voie des Mercureaux. Ouf !

I l y a deux chantiers : celui de la Ligne à GrandeVites- se qui avance au rythme d’un T.G.V. et celui de la voie des Mercureaux qui progresse à l’allure d’un tacot toussotant coûteux en entretien. C’est en tout cas l’impression qu’ils don- nent lorsque l’on passe de l’un à l’autre comme l’a fait le pré- fet Jacques Barthélémy le 21 août. Il s’est déplacé ce jour- là sur chacune de ces opéra- tions d’aménagement du ter- ritoire pour faire un point d’actualité. Le chantier duT.G.V. suit son cours comme celui des Mercureaux, à la différence près que pour ce dernier sub- sistent encore un certain nombre d’inconnues pour qu’il soit définitivement bouclé. Les habitants de l’agglo en ont pris leur parti depuis long- temps. Ils ne s’étonnent plus des mauvaises surprises, des reports de calendriers, des déra- pages financiers, qui finissent par les conforter dans l’idée que ce chantier est une cari- cature. La voie desMercureaux,

du quart du montant global du projet qui sur le terrain mobi- lise d’indiscutables moyens techniques et des compétences humaines. Ce bilan donne de l’eau aumou- lin de ceux qui ont toujours contesté la pertinence de ce tracé. Qu’importe, on ne refait pas l’histoire. La bonne nou- velle est l’échéance de fin 2010, date à laquelle la 2 x 2 voies sera ouverte à la circulation en La Vèze et Beure. Pour patien- ter, les services techniques invi- tent le public à visiter le chan- tier le 27 septembre.

c’est “6 km de route, 15 ans de travaux et 161 millions d’euros” a résumé simplement au pré- fet, Éric Sesboüé, directeur régional de l’Équipement. L’équivalent de 102 millions d’euros de travaux ont été réa- lisés et payés. Il en reste enco- re pour 59 millions d’euros. L’État et les collectivités locales participent conjointement au financement. Ici, le coût du kilo- mètre est quatre à cinq fois plus élevé que sur un chantier routier équivalent mais dans un environnement moins tour- menté. “Nous sommes sur un site très contraint sur le plan

Le préfet Jacques Barthélémy (à droite) et Éric Sesbouë, directeur régional de l’Équipement.

géographique et géologique” justi- fie le haut fonc- tionnaire. La mor- phologie de la zone impose des ouvrages d’art importants com- me le tunnel du bois de Peu ache- vé en 2007 qui a coûté 46 millions d’euros, soit près

“Nous sommes sur un site très contraint.”

IMPLANTATION

Une trentaine d’agents

La Vèze accueillera un centre névralgique de gestion de la voie C’est une station de contrôle digne des autoroutes que s’apprête à implanter la Direc- tion Interdépartementale des Routes de l’Est.

HISTORIQUE

Un cumul de promesses non tenues

Des années d’études, des promesses en l’air et un gouffre financier Il y a 30 ans, l’idée d’un contournement de la ville de Besan- çon était déjà évoquée. Plus de 15 ans après les premiers tra- vaux, rien n’a encore pu être mis en service. Problèmes tech- niques, problèmes financiers, comment les responsables expliquent-ils ces retards toujours plus importants ?

À terme, c’est à La Vèze que sera implanté le centre névralgique de gestion de la voie des Mercureaux. La Direction Interdépartementale des Routes de l’Est (DirEst) va construire ses bureaux sur cette commune, à proxi- mité de l’entrée du tunnel de Fontain. Cette structure accueillera “des agents qui s’occuperont de l’entretien et de l’exploitation de la voirie” explique Jean- Pierre Fleury, le chef de service à la DirEst et maître d’œuvre. Pour l’instant, cette unité est installée à Besançon. Ce centre technique abritera également une salle opérationnelle digne des sta- tions autoroutières. “Il y aura sur la voie des Mercureaux beaucoup d’équipements dynamiques comme des caméras et des panneaux à affichage variable. Tous ces équipements seront reliés à la salle opérationnelle” pour- suit Jean-Pierre Fleury. Pour commencer, ce pôle ne gérera que la voie des Mercureaux. Mais il est pré- vu qu’à terme, il surveille d’autres axes routiers de Franche-Comté et des Vosges. L’équipement de La Vèze est donc desti- né à devenir une base opérationnelle

importante. Une trentaine d’agents devraient y être affectés. Deux autres chantiers vont prochaine- ment débuter à La Vèze, puis à Beure. “En octobre, à La Vèze, nous allons réa- liser les travaux de raccordement de la voie des Mercureaux à la R.D. 104 qui vient du Trou-au-Loup.” Pour les besoins du chantier, deux giratoires vont être créés. Le chantier devrait se dérouler sans perturber la circulation sur la rou- te départementale.

Une opération équivalente aura lieu plus tard, à Beure, pour raccorder également la voie des Mercureaux à la rou- te Nationale 83. Un giratoi- re sera construit ainsi qu’un ouvrage de décharge (sorte de bassin) conformément à la loi sur l’eau qui aura pour fonction de limiter l’effet des crues du Doubs à Beure. Ces travaux risque d’occasionner davantage de gène à la cir- culation. C’est la raison pour laquelle ils sont programmés à l’été 2009.

“Caméras et des panneaux à affichage variable.”

C’ est dans les années soixante-dix que les premières réflexions autour d’une voie de contournement voient le jour. Ainsi, en 1974, le schéma direc- teur d’urbanisme prévoit à long terme la nécessité d’une déviation routière. Cet- te idée s’accompagne alors de tout un ensemble de réflexions, à savoir s’il est préférable d’aménager un petit ou un grand contournement. En 1980, un avant- projet sommaire de la voie des Mercu- reaux propose l’installation d’un viaduc au-dessus de la commune de Beure.Autant dire que le projet est rapidement aban- donné. Le problème majeur rencontré par les équipes chargées du dossier est le franchissement des deux crêtes : cel- le de la Chapelle-des-Buis et celle de Fon- tain. Un tunnel apparaît vite comme la solution la plus appropriée. Ce qui sup- pose de longues études pour connaître la nature géologique des terrains. De plus, la volonté d’optimiser les coûts implique l’étude de plusieurs variantes. En 1988, l’avant-projet est approuvé par le biais d’une première enquête publique, et déclaré d’intérêt public le 20 décembre 1988. Mais en 1989, les riverains de Beu- re mettent un terme à ce projet en invo- quant des vices de procédure. La pre- mière phase des travaux est alors repoussée au début des années quatre-

vingt-dix, avec les premières acquisitions foncières. La voie de contournement a alors été "tronçonnée" en plusieurs petits morceaux. En 1993, la déviation de la R.D. 104 devant La Vèze est réalisée. En 1995 et 1996, une galerie de recon- naissance est creusée pour se rendre compte de la géologie du terrain. Le Bois de Peu, dans le vallon des Mercureaux, s’avère alors tout de suite plus complexe que le domaine de Fontain. De 1997 à 1999, c’est donc le tunnel de Fontain qui est construit. Du côté du Bois de Peu, on continue les études pour ôter les doutes géologiques qui subsistent. Ces études ne seront terminées qu’en 2002. Les experts nationaux dépêchés sur place pour définir la géotechnique des têtes du tunnel, rendent compte d’un terrain peu stable. S’ensuit alors toute une série de démarches administratives, de passages devant des commissions nationales, de présentation de dossier et d’études de risques… En termes de financement, les dernières estimations ne sont guère réjouissantes. En février 2003, il y a 5 ans et demi, le préfet de Région d’alors confirmait que les travaux des Mercureaux se termine- raient en… 2008. En même temps, il s’engageait à commencer la tranchée cou- verte de Micropolis avant 2006.

Jean-Pierre Fleury, chef de service de la DirEst et maître d’œuvre.

BESANÇON

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VIE DES QUARTIERS Relativiser le problème Lamalaise persiste-t-il aux Époisses ? Premier quartier avec Ile-de-France à avoir vu le jour à Planoise en 1968, les Époisses et son centre commercial éponyme ont aujourd’hui triste mine. Mi- juillet, l’incendie qui a détruit la brasserie et entraîné la fermeture du tabac, de la boucherie et de la sandwicherie voisins n’a pas franchement amélioré la donne. Le salut viendra-t-il du plan de rénovation urbaine ?

L es immeubles ont vieilli et la zone commerciale abrite de plus en plus de cellules vides. “Il y a urgen- ce sur ce secteur” estime Jean- Noël Fleury, président du conseil de quartier et de l’association Planoise Avenir. Lui qui a grandi là se souvient “d’une mixité importante, d’un quar-

partis.” Lui a juste migré de quelques rues, ne voulant pas quitter cette “vil- le dans la ville” de 20 000 âmes. Bernard Chaffongean, opticien et pré- sident de l’association des commer- çants des Époisses partage les mêmes sentiments. Arrivé en 1971, il n’a pas eu d’autre choix que de s’installer à

tier agréable à vivre qui aujourd’hui fait place à un communautarisme inquiétant. Il y a un sentiment d’impunité. Les gens baissent les yeux. Plus personne ne dit rien malgré les incivilités. Il faut que les adultes et les jeunes se réconcilient. Les habitants, même les plus attachés à Planoise sont

Le centre commercial des Époisses et ses trop nombreuses cellules commer- ciales vides.

vaux ont débuté sur la place et en septembre, la rénovation du centre commercial commen- cera. Coût total de l’opération près 1 mil- lion d’euros (80 000 euros financés par la ville). L’opticien espère qu’après, “le marché ne débordera plus.” Jean-Noël Fleu- ry mise sur cette réno- vation pour impulser une nouvelle dyna-

ça irait déjà mieux. Il y a un sentiment d’abandon.” Chef de la sûreté départementale, le commissaire Probst n’est pas de cet avis. “Les Époisses ne sont pas une zone de non-droit. La police fait les mar- chés, mais en civil. Je suis allé sur pla- ce. On a planqué cinq semaines, déman- telé un réseau de vente de cannabis.” Certains d’ailleurs rapprochent ce coup de filet avec l’incendie survenu 15 jours plus tard mais l’enquête n’a établi aucun lien sérieux pour l’instant. Le commissaire évoque “un sentiment d’insécurité exacerbé” et rappelle qu’une équipe d’intervention de 7 policiers est dédiée à Planoise. Chaque soir, ceux que les jeunes ont surnommé “les chauves-souris” arpentent le quartier par trois ou quatre. Seul espoir pour le commerçant com- me pour le président du conseil de quartier, le Plan de Rénovation Urbai- ne. “C’est une chose positive. Le centre n’a pas été refait depuis 1989” souligne Bernard Chaffongean.Mi-août, les tra-

l’arrière du centre, fau- te de place disponible ailleurs. Aujourd’hui, il n’aurait que l’embarras du choix ! Mais il ne se plaint pas. Sa clientèle même si elle a déménagé, est restée fidèle. Pour lui, le problème vient en grande partie du mar- ché. “Les camions sont garés tout le long du centre, rendant impos- sible l’accès aux com- merces. Ils dégradent tous les piliers, les faïences.” Il évoque aus- si les cigarettes de contrebandes et les faux polos au crocodi- le qui ne se cachent pas. “Si la ville faisait res- pecter les interdictions,

mique. “Il ne faut pas se contenter d’un ravalement de façade.” Il veut agir en profondeur avec l’aide les habitants et des élus. “Il ne faut pas attendre le coup de trop.” Stopper l’indifférence, encou- rager les adultes à plus de solidarité, lutter contre les discriminations et encourager l’embauche des jeunes, il demande tout simplement une vraie politique de quartier. A.B.

Bernard Chaffongean est installé depuis 1971 aux Époisses.

12 13 14 SEPTEMBRE 2008 ENTRÉE GRATUITE

FÊTE DU LIVRE DU DOUBS P A R C D E L A G A R E D ’ E A U - B E S A N Ç O N 7 ème

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EN BREF

RÉFORME Levée de boucliers C’est la fin du logement social ? À Besançon, l’union locale de la C.N.L. (confédération nationale du logement) monte au créneau pour dénoncer le projet de loi de Chris- tine Boutin. Présenté en conseil des ministres en juillet, il devrait être soumis au vote des parlementaires en octobre. D’où l’urgence.

Affaire Fouzy Fouzy Sid, ex-membre de la liste Rosselot aux dernières municipales à Besançon, injustement mis en cause juste pour une affaire de grivèlerie d’essence, a porté plainte le 28 juillet dernier contre le pompiste de la station-service de la rue de Vesoul pour dénonciation calomnieuse. Il agit ainsi pour, dit-il, laver son honneur. “La manipulation politique n’a plus sa place aujourd’hui” affirme le candidat évincé. Toxicomanie La députée bisontine Françoise Branget s’apprête à conduire une mission parlementaire sur la toxicomanie dans le but d’évaluer et de faire des propositions sur la politique de sevrage. Géorgie Le Secours Catholique fait un appel aux dons pour soutenir les populations du Caucase à l’occasion du conflit entre Russie et Géorgie. Renseignements au 03 81 81 41 91.

“C’ est une remise en cause de tout le logement social en profondeur” affir-

me Jacques Poly, le président de l’union locale. “Cette réforme a pour objectif d’en restreindre l’accès.” Il évoque la diminution

des aides type A.P.L. (- 20 %) et le contrôle des locataires afin qu’ils ne vivent plus seuls dans des appartements jugés trop grands. Jean-Claude Pierron, secrétaire de la C.N.L. Besan- çon s’inquiète de cette mesure. “Moi, j’ai des meubles. J’ai tra- vaillé toute ma vie et j’ai droit à un logement décent pour rece- voir ma famille. Comment je vais accueillir ma belle-fille et mon gamin si on me reloge dans un F 2 ? s’interroge-t-il.AlainGenot, autre membre du bureau bison- tin, mentionne les nouveaux barèmes. “Jusqu’à présent, les ¾ des salariés avaient accès aux H.L.M.Avec ce projet, on va pas- ser à 50% et se retrouver loin de la mixité sociale.” La réforme de Christine Bou- tin prévoit aussi un surloyer pour ceux qui dépasseront le plafond (1 350 euros pour un célibataire contre 1 500 euros actuellement) et un déménage- ment pur et simple dans les trois ans pour ceux qui gagnent deux fois le S.M.I.C. “On va payer plus pour les mêmes prestations. Ç a

Jacques Poly, président de l’union locale C.N.L.

va inciter les gens à partir” déplo- re Alain Génot. Jacques Poly estime même que la ghettoïsa- tion est en route dans certains quartiers. Et comme les caisses sont vides, les offices auront obligation de vendre chaque année 1 % de leur parc s’ils ne veulent pas voir leurs crédits pour construire diminuer. À Besançon, 34 logements ont été vendus rue du Luxembourg “mais achetés par qui, on ne sait pas” note le président. Néolia, lui, a dû renoncer à vendre ses logements du boulevard Blum, son projet ayant été refusé par la ville.“Les locataires n’ont pas forcément les moyens d’acheter car se pose ensuite le problème des charges et de l’entretien. Et

pour certains, l’achat n’est pas un but en soi. Qui va racheter ? les promoteurs, les banquiers, les propriétaires privés ? D’ici le vote d’octobre, la C.N.L. veut informer,mobiliser les habi- tants et interpeller les élus locaux sur cette réforme du loge- ment qui fait grincer les dents des Compagnons d’Emmaüs comme des occupants. “Nous n’avons pas les mêmes valeurs que Madame Boutin” conclut Jacques Poly. A.B. C.N.L. Besançon 06 16 60 38 85 lacnl.besancon@laposte.net

Grand Besançon Habitat possède 5 600 logements des 16 000 H.L.M. que compte la ville.

SOCIÉTÉ

Les stupéfiants Cocaïne : un phénomène difficile à appréhender à Besançon

La cocaïne n’est plus une drogue réservée à la jet-set. Son prix a été divisé par deux en dix ans. À Besançon comme dans les autres villes de cette taille, la cocaïne peut toucher tous les milieux.

À 50 euros le gramme, la cocaï- ne se banalise. Sachant qu’un seul gramme permet de faire jusqu’à quatre doses et que chacune donnera lieu à deux voire trois rails, ce stupé- fiant se banalise. Autrefois drogue des happy few , la cocaïne n’est plus réservée à une certaine éli- te. “Depuis quelques années, on voit des possesseurs de cocaïne qui ne font pas des gens réputés appartenir à des catégories sociales supérieures” confirme le com- missaire de policeVincent Probst, directeur de la sûreté départe- mentale à Besançon. Conséquence

cès face à l’héroïne par exemple.” Cette drogue aux effets stimu- lants est prisée (une ligne de cocaï- ne se “sniffe”), parfois fumé, plus rarement injecté. Le revers de cette baisse de tarif - le gramme de cocaïne était enco- re à plus de 100 euros il y a moins de dix ans -, c’est sa banalisation dans tous les milieux et toutes les catégories d’âge. Et la pure- té du produit est rare. “Souvent, on trouve de la cocaïne coupée avec d’autres produits : bicarbo- nate de soude, sucre glace, sac- charose, farine…D’où également la baisse de son prix.” À Besançon, les grosses affaires de saisies de cocaïne ne sont pas fréquentes. Quelques centaines de grammes par an tout au plus. “Une saisie de 300 g il y a quelques semaines, dans un véhicule à Besançon. Mais ce qui nous inté- resse, ce n’est pas forcément de saisir telle quantité de drogue, c’est plutôt de révéler un trafic et matérialiser à la justice les quan- tités écoulées par les trafics et les réseaux” ajoute la police bisonti- ne. Du producteur au grossiste et au petit revendeur, la drogue suit le long cheminement du tra- fic international. “La cocaïne issue des feuilles de coca provient essen-

L’usage de cocaïne n’est plus réservé à l’élite. Son prix a énormément baissé en dix ans.

indirecte de la “banalisation” de ce s t u p é f i a n t : l’héroïne a quasi- ment disparu des statistiques. Les campagnes de pré- vention d’ordre sanitaire conju- guées à l’aspect “sanguinolent” de cette drogue ont fait chuter sa consom- mation au bénéfice de la cocaïne. “La cocaïne a toujours un profil plus propre, d’où son suc-

de Dijon ou de Mulhouse) est en partie alimenté par des “gros- sistes” basés dans la région de Dole. Ces grossistes revendent à des semi-grossistes à coup de 500 g ou 1 kg, qui écoulent à leur tour la marchandise à des reven- deurs qui achètent 30 à 50 g qu’ils vont ensuite dealer au consom- mateur final. “Les utilisateurs deviennent parfois petits reven- deurs. Au départ, leurs bénéfices servent à payer leur consomma- tion personnelle puis ils arrivent à leur tour à faire des petits béné- fices.” Des bénéfices naturelle- ment non imposables… Pour révéler l’existence de tra-

fics, la police de Besançon mène parfois des enquêtes de “non-jus- tification de ressources quand le train de vie d’un individu est bien supérieur à ses ressources décla- rées” note le commissaire Probst. Besançon a la chance de ne pas être sur un “couloir de la drogue”. La consommation de cocaïne serait, selon la police, légèrement inférieure à la moyenne natio- nale, contrairement à l’usage de cannabis, supérieure aux chiffres nationaux. Ce dernier chiffre s’expliquerait par la forte densi- té d’étudiants qu’abrite la capi- tale régionale. J.-F.H.

tiellement d’Amérique du Sud, dans les Andes et également de la région de l’Afghanistan et du Pakistan.” À Besançon, cinq policiers com- posent la brigade des stupéfiants. L’antenne de la police judiciaire est également concernée par les enquêtes en matière de stupé- fiants. La brigade anti-crimina- lité, chargée de patrouiller en vil- le jour et nuit, est aussi susceptible de faire des interpellations en matière de détention de drogue. Sur une année classique à Besan- çon, la police parvient à saisir “entre 1 kg et 1,5 kg de cocaïne.” Le marché bisontin (comme celui

La filière doloise pour les grossistes.

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À LIRE

Un livre chacun Tel père, telle fille Léna, 14 ans, aime l’histoire en général et la mythologie en particulier. Son père Jean-Marc préfère les histoires, celles que l’on raconte aux enfants. Les deux Bisontins publient leur livre, chez le même éditeur, Thot.

C ertainement plus à l’aise à l’écrit, son crayon en main, Léna répond timi- dement aux questions et ne s’étend pas. Elle a écrit son livre ‘Le voyage extraordinaire” à 11 ans, alors qu’elle était en 6 ème . “On avait une rédaction à fai- re sur l’Égypte. J’ai eu une bon- ne note et la prof de français m’a demandé de continuer” explique l’intéressée, précisant qu’Internet l’a beaucoup aidée dans ses recherches sur Ram- sès II. “J’inventais au fur et à mesure. Chaque semaine, j’écrivais une double page que

envoie en même temps le manuscrit de son premier ouvra- ge créatif,“Ricou rencontre Noi- rou”, conte pour les 3-6 ans dont les protagonistes sont deux écu- reuils, “un noir et un roux, un canadien et un de chez nous.” Point commun aux deux ouvrages, ils sont illustrés par André Sapolin, graphiste, voi- sin et ami de la famille. “Réa- liser des bouquins illustrés me plaît énormément. J’aime la combinaison du texte et de l’image.” L’auteur explique avoir écrit l’histoire pour ses enfants quand ils étaient petits et a déjà en tête deux autres épisodes met- tant en scène ses écureuils. Un projet de B.D. avec André Sapo- lin est également en cours. Quant à Léna, elle a commen- cé “un autre truc, une histoire fantastique déjà dans ma tête mais pas encore écrite faute de temps.” Elle fait la fierté de son collège de Clairs-Soleils, où elle démarre son année de 4 ème . Plus tard, elle aimerait “faire quelque chose en rapport avec l’histoire et écrire quand j’ai du temps.” En attendant, père et fille assu- rent ensemble la promo de leur ouvrage respectif et seront aux Mots Doubs mi-septembre.

je donnais à ma prof. Elle corri- geait les fautes et la lisait à la tou- te classe.” Ainsi sont nés les neuf chapitres rela- tant le voyage dans le temps du jeune Thomas, héros créé par Léna. L’aventure aurait pu

Jean-Marc Cerutti et sa fille Léna, unis aussi par

Ils seront aux Mots

s’arrêter là mais c’était sans comp- ter sur le papa, formateur à la ville qui ne cache pas son goût pour l’écriture. Début 2008, Jean-Marc Cerut- ti répond à une annonce publiée par les éditions Thot (basées en Isère) qui recherchent quelqu’un pour écrire une biographie sur une personnalité de Rhône- Alpes. Pour cause d’éloignement géographique, l’affaire ne se fait pas mais le contact est établi. “Ils m’ont demandé si j’avais autre chose à proposer et com- me j’avais trouvé l’histoire de Léna très bonne, je leur ai sou- mis.” Déjà auteur de nouvelles parues dans une revue univer- sitaire au Canada (où il a vécu une dizaine d’années) et d’un guide éco-citoyen pour la ville d’Avignon, Jean-Marc Cerutti Doubs mi- septembre.

le goût de l’écriture.

DISTINCTION Ordre du Mérite Fatima Demougeot, une femme laïque et républicaine En remettant fin juin à Fatima Demougeot les insignes de Chevalier de l’Ordre Natio- nal du Mérite, le préfet de Région Jacques Barthélémy a rendu hommage au par- cours et aux combats d’une femme républicaine jusqu’au bout des ongles. Enfin !

A.B.

P our définir sa vie, Fatima Demou- geot évoque “un parcours de fem- me humaniste impliquée dans l’environnement social.” Cette dis- tinction de chevalier est pour elle “importante. C’est un grand honneur qui salue le chemin parcouru et mon attachement à la République.” Et quand on lui demande si elle regrette que la reconnaissance soit arrivée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, elle répond avec fermeté : “La vraie ques- tion est pourquoi les autres ne l’ont pas fait ? C’est facile de critiquer ensuite ceux qui la donnent.” Elle précise même : “Personne ne m’a dit “on vous la donne et en contrepartie vous allez vous taire.” D’ailleurs mes amis, de tous bords, ne me posent pas cette ques- tion !” Fatima Demougeot est de ces femmes qui assument, quitte à y lais- ser des plumes et bien des années plus tard, ses convictions sont intactes. Son énergie aussi. “Mon histoire a commencé en Algérie.

dans les quartiers ou pour des situa- tions individuelles difficiles… “Je suis quelqu’un d’impliquée, c’est ainsi” admet-elle. Et de déplorer qu’on ne s’intéresse au mouvement Lip qu’au “masculin.” Les femmes représentaient 52 % du personnel et plus de 80 % des O.S. “Dans cette action, nous étions la majorité silencieuse.” Alors forcément, sa présence a bousculé les habitudes et fait grincer les dents des leaders . L’après n’a d’ailleurs pas été facile. “Ancienne Lip, syndicaliste femme et militante, de plus porteuse de “ce quelque chose venu d’ailleurs”, personne ne vous attend” rappelait-elle dans son dis- cours de remerciement lors de la céré- monie à la préfecture. Mais là encore, elle a rebondi. “J’ai dû assurer, sans soutien, ma reconversion profession- nelle. En poursuivant le militantisme. Ainsi, en 1991, on est venu me cher- cher pour prendre, dans l’urgence, la présidence d’une association de femmes de quartiers. J’ai été saisie par les ques- tions soulevées.” Plus tard, elle intègre la C.O.P.E.C., commission pour la pro- motion de l’égalité des chances et la citoyenneté où elle siège toujours. “On me sollicite, comment refuser ? Je suis une utopiste réaliste, le concret m’importe plus que tout. L’injustice est intolérable, dans le monde ouvrier comme dans les quartiers.” Aujourd’hui, Fatima Demougeot s’indigne du rejet “injustifié” de jeunes des quartiers. “Certains sont compé- tents et très motivés. À mon échelle, je les aide. Il faut des bonheurs à la hau- teur de ce qu’on vit” affirme, en toute humilité, celle qui mène aussi des réflexions avec les femmes, du type “foulard, emploi et laïcité” dans ces mêmes quartiers. Mélange des genres, des êtres, des pro- blématiques… À l’image de la céré- monie à la préfecture “multiculturel- le et multicolore avec des amis et des

personnes de tous bords”, celle qui se dit “animée par la République, une des plus belles valeurs qu’on puisse avoir” continue “à agir, à lutter contre les dis- criminations.” Nous, on aimerait aus- si qu’elle prenne un peu de temps pour elle, le temps d’écrire, de nous racon- ter “ses périodes de vie.” Elle y pense mais a tellement à faire pour d’autres… A.B.

Un voyage extraordinaire - Léna Cerutti Ricou rencontre Noirou “le début d’une belle amitié” Jean-Marc Cerutti

Séance de dédicace chez Camponovo le 6 septembre de 15 heures à 18 heures www.editionsthot.com

J’aimais, déjà, le fran- çais. À l’âge de 10 ans, la Croix Rouge est venue me solliciter pour être interprète dans les camps de regroupe- ment.” Arrivée en Fran- ce à 13 ans, Fatima qui ne s’appelle pas enco- re Demougeot a connu les petits emplois, pour aider sa famille à s’installer. À cette époque, elle apporte son soutien aux autres immigrés qui ne connaissent pas le fran- çais. Plus tard, il y eut Lip, le syndicalisme, la création de la commis- sion Femmes, la lutte pour le droit des femmes, puis l’action

Une rebelle en lutte contre toutes les injustices.

La République française, à travers le préfet de Région, a ren- du un bel hommage à la Bisontine Fatima Demougeot.

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JEUX OLYMPIQUES

Une fête en son honneur

Khedafi Djelkhir : l’argent lui va si bien Attendu à son retour comme un héros, le médaillé olympique de boxe a digéré son dernier combat. La boxe bisontine attendait une médaille depuis des décennies.

I l aura fallu attendre si longtemps. La glorieuse époque de la boxe bisontine a été marquée par Jean Josselin dans les années soixante. Sa participation aux J.O. de Rome en 1960 n’avait pas permis à la boxe bisontine de glaner sa première médaille. Plus près de nous, Morrade Hakkar aura suscité de nouveaux espoirs. Mais 40 ans après Jean Josselin, le jeune Khedafi Djel- khir est le deuxième boxeur local à entrer dans l’arène olym- pique. Aux J.O. d’Athèmes 2004, il échoue en 1/16 ème de finale, persuadé de faire mieux quatre ans plus tard. Ce 23 août 2008, il apporte à Besançon et à la France une médaille d’argent olympique. À 25 ans, le gamin du Besançon Ring Ath- létique (élu meilleur club français cette année) touche du doigt son rêve. Brisé au bout de moins de deux minutes de combat par un Ukrainien intouchable ce jour-là. Il se rendra compte - si ce n’est déjà fait - que l’exploit qu’il a réalisé en Chine est unique pour le monde de la boxe bisontine. Ces concitoyens sont fiers de lui.

Son entraîneur Ouahib Nasri n’a pas pu rete- nir ses larmes à l’issue du combat. L’émotion de la boxe.

Morrade Hak- kar (en haut à gauche), Nadir Amraoui, le président de son club (à côté de Morrade), les supporters : tous les Bison- tins passionnés de boxe étaient

Nadir Amraoui, président du Besançon Ring Athlétique : “Pour moi, ce n’est pas une surprise que Khedafi en soit arrivé là. À Athènes, il avait été dominé par le champion d’Europe qu’il avait battu quelques mois auparavant. Puis il a enchaîné les per- formances : deux fois champion du Monde, deux fois champion d’Europe, vainqueur du tournoi de l’Union Européenne l’an der- nier. On savait qu’il irait loin cette année.” Morrade Hakkar, ancien champion d’Europe de boxe : “Ce n’est pas une vraie défaite. Il est médaillé d’argent olym- pique. C’est vrai, on aurait tous rêvé qu’il soit champion olym- pique, ça aurait fait du bien à tout le monde. Maintenant, cette médaille, il est le premier boxeur franc-comtois à l’avoir décro- chée. Khedafi, c’est la relève. Tous les jeunes qui ont vu son par- cours peuvent y croire à leur tour. Finalement, cette médaille d’argent, c’est un peu comme une médaille d’or. Son parcours est excellent, il est rapide, puissant, complet. À 24 ans, ce boxeur a encore tout l’avenir devant lui.” Ouahib Nasri, son entraîneur : “Il était à 100 % de ses moyens mais son adversaire avait par- faitement préparé son coup et Khedafi s’est fait malheureuse- ment toucher. On savait que le premier round est toujours est toujours infernal pour lui. En général, c’est dans le deuxième puis le troisième round qu’il s’impose. Là, hélas, il n’a pas eu le temps. Malgré tout, pour moi, Khedafi sera toujours notre cham- pion.”

déçus mais fiers de leur champion.

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