Journal C'est à Dire 141 - Février 2009

D O S S I E R

14

Audemars Piguet : “Des commandes jusqu’en 2013” Le point de vue d’une entreprise horlogère Directeur général de l’entreprise Renaud et Papi (groupe Audemars Piguet) au Locle, Fabrice Deschanel évoque l’avenir avec optimisme. Il prévoit une stabilisation des commandes, une baisse des investissements, mais aucune suppression de postes pour l’instant. Entretien.

La manufacture suisse est positionnée sur le très haut de gamme.

C’ est àdire : Beaucoup d’entreprises horlo- gères annoncent une baisse de leur carnet de com- mandes. Est-ce le cas pour Audemars Piguet ? Sentez- vous un fléchissement de l’activité ? Fabrice Deschanel : Dans notre secteur, nous observons une sta- bilisation de l’activité. Càd : Votre société semble opti- miste pour l’avenir. Pour- quoi ? F.D. : Nous avons anticipé depuis diversification des clients, une baisse des investissements et une diminution des embauches. Nous avons tout misé sur le pro- duit. Chaque mouvement que nous fabriquons est une œuvre d’art, belle dans tous ses détails et d’une fiabilité exemplaire. Nous n’avons fait aucune conces- sion et travaillé très dur pen- dant les années d’euphorie pour être leaders dans le domaine des 2007, pendant deux ans nous avons donc pu nous préparer à la crise avec une consolidation du car- net de commandes, une

grandes complications. Càd : Quelle lisibilité par rap- port à votre carnet de com- mandes ? F.D. : Notre cycle d’activité est très long, de l’ordre de 3 à 5 ans, nous sommes donc en train de prendre des commandes pour 2011, 2012 et 2013. Nos clients restent optimistes pour cette période. Càd : Y aura-t-il des licen- ciements en 2009 ? Avez-vous ou aurez-vous recours au chô- mage partiel ?

Càd : Quel bilan tirez-vous du S.I.H.H. de Genève ? Espé- rez-vous davantage de com- mandes lors de la foire de Bâle ? Combien ? F.D. : Pour nous, le bilan du S.I.H.H. est positif puisque les commandes sont supérieures à nos prévisions. Nos prévisions pour Bâle comme pour le S.I.H.H. sont basées sur une stabilisa- tion de l’activité. Càd : Le Swiss made est-il un parachute pour éviter la cri- se ? F.D. : En effet, de nos jours, la montre de luxe est avant tout un objet culturel, en cas de cri- se ce sont les valeurs fonda- mentales de cet objet qui seront déterminantes lors de l’achat. Le Swiss made est l’une de ces valeurs fondamentales car il représente la qualité et la tra- dition. Évidemment, en soi, ce n’est pas suffisant et c’est à nous de sublimer ces valeurs pour créer un objet d’exception qui, lui-même, contribuera au mythe du Swiss made. Propos recueillis par E.Ch.

F.D. : A priori , nous n’aurons pas de baisse d’activité en 2009. Aucu- ne mesure de ce type n’est envisagée.

“À nous de nous sublimer.”

Càd : Les montres à forte valeur ajoutée se vendent- elles mieux que les autres ? F.D. : En effet, ce secteur est moins touché que les autres. Par contre et comme nous l’avions anticipé, nous constatons que les clients deviennent très exigeants tant sur le contenu émotionnel de la montre que sur la qualité de réalisation.

La qualité des montres du groupe Audemars Piguet permet de limiter les effets de la crise. Les clients deviendraient de plus en plus exigeants.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online