La Presse Bisontine 187 - Mai 2017

BESANÇON 18

La Presse Bisontine n° 187 - Mai 2017

TOURISME

Écosystème fragile et essentiel

Naturalium : un nouvel espace d’exposition à découvrir à la Citadelle On l’attendait depuis la fermeture de l’ancien parcours de l’évolution. Il ouvrira ses portes au public le 23 mai et présentera la biodiversité dans toute sa richesse.

P lutôt que de reparler de l’évo- lution comme le faisait l’ancien espace d’exposition mis en pla- ce dans le milieu des années quatre-vingt-dix, il a été décidé de s’at- taquer à un sujet déterminant : la bio- diversité. Terme de plus en plus utili- sé, mais dont le sens scientifique échappe encore parfois au public. “Le Muséum se trouve directement concer- né par les enjeux de la biodiversité” , explique Lionel François, son conser- vateur. En cohérence avec les autres espaces animaliers, ces 170 m 2 situés en rez- de-chaussée du bâtiment des officiers,

permettront ainsi d’approfondir l’évo- lution des milieux et des espèces. Car la biodiversité regroupe l’ensemble du

la population.” Sans volonté moralisatrice ou accu- satrice, le Naturalium veut ainsi fai- re ouvrir les yeux au public sur ce qui l’entoure. “C’est une exposition qu’on voulait citoyenne.” En choisissant com- me principal cible les 7-14 ans et les familles, il a fallu faire “un gros tra- vail de vulgarisation” , le conservateur le reconnaît. Et surtout faire un choix sur ce qui serait exposé ou non. Volon- tairement réduit et orienté autour de projections multimédias, de manipu- lations ludiques et interactives. On joue même la carte de l’immersion avec la reconstitution d’une prairie

vivant, y compris les plantes et les micro-orga- nismes. “L’homme y a bien sûr sa place mais en est surtout dépendant” , rappelle Lionel François. “Il faut réussir à préser- ver la biodiversité néces- saire à la vie pour le futur de nos descendants. Si c’est une évidence scien- tifique, ce n’est pas for- cément le cas pour toute

1 heure de visite et de nouvelles pièces présentées.

Lionel François souhaite que cet espace puisse sensibiliser à la préservation de la biodiversité

comtoise visible depuis une cabane d’affût ainsi que d’un salon-cuisine. “Une table basse avec deux essences de bois locale et exotique et un toucan dans une cage trop petite évoquent notam-

ment les actions possibles à l’échelle individuelle.” Six salles composent au total ce nou- vel espace d’exposition permanente, toutes peintes dans une déclinaison de bleus et de verts évocateurs de la biosphère. Chose plutôt surprenante dans ce site classé ! Une concession a été trouvée avec les Bâtiments de Fran- ce dans un badigeon, facilement les- sivable. Durant une heure de visite, le public y découvrira donc de nouvelles pièces issues des collections zoologiques, bota- nique ou encore en paléontologique, “assez rarement vues” , et retrouvera en parallèle Boris, le tigre de Sibérie naturalisé ou le cœlacanthe (poisson fossile). Dès la première salle, une éton- nante structure évoquant le génome A.D.N. sera également présentée et quatre modules disposés çà et là dans la Citadelle feront le lien, dont un arbre fictif à côté de la volière. C’est le muséo- graphe belge Kascen, sélectionné sur appel d’offres, qui a mis tout cela en musique. Pour un coût total d’inves- tissement de 780 000 euros, à moitié financé par des mécènes. n S.G.

Une longue concertation a été engagée pour permettre la plus grande accessibilité de l’exposition. Le génome A.D.N. pourra ainsi être visible de tous (image Kascen).

MUSIQUE

Un talent précoce Il orchestre sa vie d’une main de maître Sa baguette à la main et à tout juste 22 ans, Mathieu Guilain dirige l’ensemble de l’Harmonie des Chaprais et sa cinquantaine de musiciens âgés de 8 à 70 ans.

D ans ses écouteurs est dif- fusé aussi bien du Bizet, que du IbrahimMaalouf ou du Sia. “Quand c’est bien fait, j’aime” , résume le jeu- ne chef qui continue de prendre des cours de direction au Conser- vatoire de Besançon. Son inté- Son parcours Mathieu Guilain, 22 ans, est ori- ginaire de Lille. Il est arrivé en 2001 à Besançon après la muta- tion de son père, une licence de musicologie en poche et un diplôme d’études musicales en cours au Conservatoire. Il a effectué un stage effectué à l’or- chestre philharmonique de Stras- bourg avec le chef résident Mako Letonja et Jonathan Darlington de l’opéra de Vancouver. n

rêt pour la musique s’est déve- loppé plutôt sur le tard au cours de son Bac littéraire, passé au lycée Pasteur à Besançon avec une option musique. Il avait commencé la guitare en autodidacte chez lui, sans que cela lui soit inspiré. Ses parents n’étant pas dumilieu, travaillant pour l’un dans la grande dis- tribution et pour l’autre chez Gîtes de France. Ce qui n’a pas empêché de susciter des voca- tions artistiques chez leurs deux fils. Mathieu, donc, à la direc- tion d’orchestre et son frère, dans le cinéma. Les deux pro- jettent d’ailleurs de travailler ensemble plus tard, si l’oppor- tunité se présente. Car, parmi d’autres cordes à son arc, le jeu- ne homme compose aussi des musiques de films avec des élèves du lycée Pasteur. Il est d’ailleurs intarissable sur le

sujet. Hans Zimmer, comme la musique de “Pirate des Caraïbes” ou de “Dragon” de John Powell, l’inspirent. “Je suis moins pas- sionné par l’image que par la bande-son” , reconnaît-il. C’est en regardant les Walt Disney plus jeune que cet attrait pour la composition est né. “Ces des- sins animés ont la particulari- té d’écrire leur bande-son à la façon d’une musique philhar- monique.”

le ressenti. Il y a quelque chose de l’indicible.” Rencontré en pleine répétition avec son ensemble pour le Car- naval de Besançon, par un dimanche plutôt frais de ce début avril, il semble s’investir com- plètement et ne compte pas son temps avec ses autres activités en parallèle. “Je n’ai plus de week-end jusqu’au 8 juillet” , s’amuse-t-il. Au sein de l’Har- monie, on le trouve “au top.” Et quand on soulève la question de son âge qui pourrait être en décalage avec les musiciens les plus expérimentés, Pierre, saxo- phoniste depuis 70 ans répond : “Il est jeune mais pas débutant de la musique !” De son côté, Alain, 50 ans de saxophone der- rière lui, trouve que “c’est tout l’intérêt de cette Harmonie, d’être intergénérationnelle.” Tandis qu’au sein de la famille des

L’Harmonie des Chaprais emploie Mathieu (à droite) depuis fin 2016. Ses musiciens trouvent en lui “un jeune chef charismatique.”

cuivres, on note que “cela per- met de renouveler le répertoire avec des choses plus modernes.” Avant cela, Mathieu avait aus- si pris la direction de l’orchestre d’harmonie de Pin-Émagny. “Dès lors qu’on leur apporte quelque chose, cela se passe bien.” Même s’il sait impossible de pouvoir satisfaire tout le monde. “Devant 50 musiciens, on vise 70 à 75 % de satisfaits. C’est une aventu- re humaine et l’humain est sou- vent difficile à gérer.”

Lui-même percussionniste, il joue sur les deux tableaux et sait que “le but d’un chef d’or- chestre est le langage para-ver- bal. On doit pouvoir être com- préhensible juste par un signe.” En la matière, chacun a son sty- le : des bras qui décollent des épaules, une attitude plus soft qui passe tout dans l’énergie… Lui joue aussi avec le regard tantôt sombre et fermé, tantôt lumineux. n S.G.

Chef d’orchestre ou c omp o s i t e u r ? Entre les deux, son cœur balance. “Le métier de la direc- tion, je le vois com- me un partage. Le chef, c’est l’ingé- nieur de l’orchestre et les musiciens sont les ouvriers. Cela se vit plus par

“Il y a quelque

chose de l’indicible dans la direction.”

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