La Presse Bisontine 187 - Mai 2017

24 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 187 - Mai 2017

l Benoît Hamon Barbara Romagnan “Je veux continuer à participer au renouvellement des pratiques” La députée bisontine est un des plus proches soutiens du programme défendu par Benoît Hamon. Bien que distancé, le candidat du P.-S. propose selon elle le seul programme d’avenir.

sont construits depuis quarante ans autour de l’idée que la relance de la demande provoquait la croissance qui créait des emplois et de l’idée qu’on allait plus justement répartir les fruits de la croissance. Ce schéma ne marche plus et depuis quarante ans, nous per- dons un point de croissance tous les dix ans. L.P.B. : Si Benoît Hamon n’emporte pas une adhésion plus large, n’est-ce pas dû au fait que les gens ne croient plus au Père Noël ? B.R. : La question du revenu universel méritait d’être affinée, elle l’a été. 35 milliards d’euros, c’est moins que le pacte de responsabilité qui n’a créé aucune embauche. Cette mesure doit s’accompagner d’une vraie réforme fis- cale. Il ne faut pas oublier que la Fran- ce reste la 5 ème puissance économique du monde, c’est un pays très riche. Le fait d’investir massivement dans les énergies renouvelables est également une mesure de bon sens. C’est un coût au départ, mais pour combien d’éco- nomies à l’arrivée ? L.P.B. : Vous vous représentez également aux législatives en juin avec ce risque de payer votre attitude de frondeuse ! B.R. : Bien sûr, mais comme Benoît Hamon, je suis avant tout une mili- tante, je défends ce que j’ai porté devant les citoyens en me présentant. Nous sommes des porteurs d’utopies, mais cela ne signifie pas que les idées que l’on porte sont irréalisables. Je ferai aussi de nouvelles propositions com- me la création d’une assemblée loca- le tirée au sort dans la circonscription, payée grâce à une partie de mon indem- nité de frais de mandat, qui rendra compte et évaluera les travaux que je mènerai durant le mandat. Je veux continuer à participer au renouvelle- ment des pratiques et en même temps à la refondation de la gauche. n Propos recueillis par J.-F.H.

L a Presse Bisontine : Vous gardez le moral malgré les sondages en berne pour Benoît Hamon ? Barbara Romagnan : Bien sûr parce qu’il y a longtemps que je n’ai pas fait cam- pagne pour un candidat dans lequel je me retrouve autant. Benoît Hamon cherche à apporter de nouvelles réponses aux questions non résolues depuis trente ans comme le chômage de masse et la prise en compte de la question écologique. Il y a bien sûr des hauts et des bas dans cette campagne, mais les élections américaines d’une part, les deux primaires de droite et de gauche d’autre part nous ont quand même appris qu’il ne fallait pas tout miser sur les sondages. Et quand on voit que des hauts responsables qui s’étaient engagés à respecter les résul- tats de la primaire ne le font pas, ça complique aussi les choses.

L.P.B. : La première trahison n’a-t-elle pas été celle des frondeurs qui comme vous se sont opposés à la politique du gouvernement ? B.R. : Non car je ne me suis jamais per- mis de voter contre ou de m’abstenir

par rapport à des textes qui faisaient partie du programme sur lequel nous nous étions tous engagés en 2012. Je me suis opposée uniquement aux textes qui ne cor- respondaient pas aux engagements pris devant les Français : pacte de responsabilité, déchéan- ce de nationalité, non- renégociation des trai- tés européens… Je n’ai jamais été déloyale vis- à-vis du programme que l’on avait présenté.

Bien que frondeuse, Barbara Romagnan a été investie par le P.-S. pour briguer un nouveau mandat de députée en juin (photo Y. Petit).

“La question du revenu universel méritait d’être affinée.”

Même le ministre de la Justice a jugé qu’après six semaines, l’état d’urgen- ce ne servait plus à grand-chose. L.P.B. : L’attitude des frondeurs a également eu pour conséquence de fracturer un Parti socialiste qui est désormais en lambeaux… B.R. : L’ensemble de la gauche a à se refonder autour de la question écolo- gique, d’un rapport au travail qui a changé, de la question démocratique et de la question européenne. Sur la question de l’emploi, les socialistes se

L.P.B. : Et la reconduction de l’état d’urgen- ce que vous avez été la seule à ne pas voter. C’est toujours incompréhensible aux yeux de bon nombre de citoyens ! B.R. : J’ai voté contre avec la main qui tremble car ce n’était pas facile mais ce geste correspondait à mes convic- tions qui restent que la prolongation de cette mesure d’état d’urgence est porteuse de beaucoup de tensions dans notre société pour aucune utilité. Dans ce genre d’affaires, il faut des gens sur le terrain et beaucoup de discrétion.

l Jean-Luc Mélenchon Christophe Lime “Une vraie cohérence sur le plan social, économique et écologique” L’élu communiste bisontin Christophe Lime prend la défense du programme porté par Jean-Luc Mélenchon, tout en regrettant que la “vraie” gauche n’ait pas su trouver les moyens de s’unir.

L a Presse Bisontine : Pourquoi Jean-Luc Mélenchon serait-il le meilleur candidat ? Christophe Lime : Parce que son programme a une vraie cohé- rence sur le plan social, écono- mique et écologique, tout cela entouré par une boucle démo- cratique autour de la refonte des institutions. Le deuxième point fondamental de son programme, c’est qu’il souhaite organiser l’éco- nomie autour de l’humain, et non l’inverse.L’humain d’abord,c’était déjà son créneau dès 2002. L.P.B. : Quelles sont les mesures prin- cipales de ce programme selon vous ? C.L. : Le relèvement du S.M.I.C et des minima sociaux, le retour à la retraite à 60 ans, la règle verte selon laquelle on ne peut pas prélever à la nature plus qu’elle ne peut reconstituer, la réduction du temps de travail, l’allocation autonomie de 800 euros pour les 18-25 ans ou

encore l’accès gratuit à l’uni- versité. L.P.B. : Que des dépenses et un défi- cit qui s’envole ! C.L. : C’est un programme de 173milliards d’euros de dépenses supplémentaires.Mais avec des recettes en face. D’abord la fis- calité sur le revenu doit rappor- ter 33 milliards avec la création

public, il monterait à 4,8 % du P.I.B. les premières années. Oui, on s’assied provisoirement sur les critères imposés par l’Euro- pe. La France a les moyens : les capacités financières des 10mil- liardaires installés en France sont égales à deux fois le budget de l’Éducation nationale. L.P.B. Le discours de Jean-Luc Mélen- chon sur l’Europe ressemble fortement à celui de Marine Le Pen… C.L. : On dit juste que les poli- tiques d’austérité ne mènent à rien. On l’a vu avec la Grèce que plus on applique l’austérité, plus la dette s’alourdit et moins les recettes fiscales rentrent parce que l’activité est en baisse. Nous souhaitons commencer par rené- gocier les traités européens et si c’est impossible, on sort le plan B : un référendumpour sortir de l’Europe.

Christophe Lime prépare également les législatives de juin pour lesquelles il est candidat sur la IIème circonscription du Doubs.

souhaitions déjà pour cette pré- sidentielle un rapprochement avec Benoît Hamon. Pour les législatives, la désunion entre les forces de gauche serait une catastrophe. L.P.B. : En cas de deuxième Macron- Le Pen ou Fillon-Le Pen, que choisis- sez-vous ? C.L. : Notre A.D.N., c’est la lutte contre le fascisme. Depuis que le P.C.F. existe, ses valeurs his- toriques sont la lutte contre le fascisme, contre le colonialisme et pour la paix. n Propos recueillis par J.-F.H.

un trait sur la loi El Khomri ? C.L. : Oui, parce que, nous sou- haitons revenir à la loi de sécu- risation professionnelle et à la réduction du temps de travail. Nous souhaitons également amé- liorer la démocratie sociale au sein des entreprises.Notamment que les représentants des sala- riés puissent avoir des droits effectifs de contre-projet concer- nant la gestion de leur entre- prise, qu’ils bénéficient égale- ment d’un vote de défiance à l’égard de leurs dirigeants.

chon mais la France insoumise met- tra des candidats face à vous aux légis- latives. C’est à n’y rien comprendre… C.L. : Le P.C.F.dont je suis le repré- sentant s’inscrit dans le large mouvement de soutien à la can- didature de Jean-LucMélenchon et nous cherchons aumaximum l’unité à l’occasion de cette pré- sidentielle. La France insoumi- se, sans doute en vue de consti- tuer un vrai parti politique, a décidé de mettre des candidats partout, c’est son choix. Notre souhait à nous, c’est le rassem- blement de toutes les forces pro- gressistes de gauche.Nous,P.C.F.,

de 14 tranches dont la plus haute à 100 %. La fin du C.I.C.E. rapporte 40 milliards sup- plémentaires, la lut- te contre la fraude fiscale 20 milliards de plus et on assis- terait à une haus- se des recettes fis- cales de 60milliards liée à la relance de l’économie et de la consommation. Quant au déficit

“Notre A.D.N., c’est la lutte contre le fascisme.”

L.P.B. : Sur le volet social, vous tirez

L.P.B. : Vous soutenez Jean-LucMélen-

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