La Presse Bisontine 187 - Mai 2017

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 187 - Mai 2017

5

Le squat face à la Citadelle dérange POLÉMIQUE Un groupe de travail pour les déloger Une dizaine de jeunes gens, marginaux pour la plupart, squattent depuis plus d’un an et demi dans des caravanes ou des mobile-homes sur le parking de la Rodia à Besançon. La Ville demande leur départ.

La plupart des squatteurs installés parking de la Rodia, comme Alban, sont respectueux. La Ville voudrait les déloger… pour une question d’hygiène et d’image.

L orsqu’il ouvre la porte de son mobile-home rafistolé,Alban, 27 ans, en prend chaquematin plein les yeux. “C’est pas mal ce jardin avec vue sur la Citadelle” commente avec le sourire le jeune homme, instal- lé à proximité du parking de la Rodia depuis plusieurs semaines.Un lieu idyl- lique pour 0 euro. Pas mal. Alban fait partie de la dizaine de “squat- teurs” de la Citadelle, un garçon accueillant conscient que sa présence dérange puisque la Police est venue leur rendre visite début avril. Les squat- teurs sont en règle. Le service juridique de laVille de Besançon leur a notifié le 13 avril par courrier leur expulsion. Motif : ils sont installés sur le domai- ne public. Si Alban assure ranger ses déchets, “et parfois ceux des autres” dit- il, la présence de son mobile-home ou des fourgons au pied de cette Citadel- le classée, détonne. Les palettes en bois sont utilisées comme séchoir à linge, les salons de jardins comme table à manger. C’est le système D. Lorsqu’ils descendent des bus affrétés par les tour-opérateurs, c’est la pre-

mière vision des touristes de passage à Besançon. De quoi inciter la Ville à réagir…qui prend avec les beaux jours l’étendue du “problème” même si les locataires “indésirables” ne font rien d’illégal. “C’est vrai que ce n’est pas la meilleure image” confie l’adjoint au tou- risme. Pourquoi les campeurs réguliers se pri- veraient-ils d’un parking gratuit à l’an-

lieu de stationnement pour ses mani- festations” commente la Ville, inquiète de voir le phénomène s’amplifier. Les occupants font valoir leurs droits : “Je ne suis même pas sur le parking de la Rodia mais sur un lieu privé… On vient nous emmerder (sic) mais per- sonne n’a osé dire quelque chose aux gens du voyage qui se sont installés là fin mars (au niveau de l’ancienne dis- cothèque)… et qui n’ont pas respecté les lieux. On n’a pas vu la Police” dit un campeur qui ne veut pas d’une solution dans une aire de gens du voyage. “Là- bas, on va se faire dépouiller : ils ne com- prennent rien les politiques. Si je suis là, c’est parce que je compte trouver un travail en Ville. Nous ne sommes pas des assistés” conclut ce dernier. La trou- pe fait bloc, attachée à “son” lieu. Les squatteurs font rempart… avec la bel- le Citadelle en arrière-plan. n E.Ch.

don et vandalisée. Elle traînait depuis plusieurs mois avenue Chardonnet. Faire de la Rodia un parking payant ? Besançon ne semble pas choisir cette hypothèse car il est devenu un parking- relais utilisé par de nombreux auto- mobilistes. Les Bâtiments de France ont rappelé à lamairie que ce périmètre était classé. La collectivité a donc créé un groupe de travail avec le service de la voirie, la Police municipale, en lien avec l’Office de tourisme, pour trouver une solution. Elle joue lamontre : “Dans quelques semaines, nous devrons libé- rer le parking pour permettre la venue de Circasismic puis le Trail des Forts ! À chaque fois, nous indiquons aux pro- priétaires de véhicules qu’il faut libérer l’espace. Les personnes respectent. Nous allons profiter de ces manifestations pour que les véhicules partent. D’ici l’été, on espère régler la situation d’autant que la Rodia a également besoin de ce

le cadre soit idéal mais d’un point de vue sanitaire et d’hygiène, cela soulève une véritable problématique car les alen- tours se dégradent. Et le phénomène a pris de l’ampleur. Sur ce secteur, il n’y a pas de toilettes, on retrouve des déjec- tions !” constate Marie Zehaf, adjointe en charge de la voirie. À côté de certains camions, boîtes de conserve et poubelles sont posées à même le sol. Certains ont des toilettes sèches et une douche, comme Alban, mais pas tous. Les déloger par la for- ce ? “Avec la Police municipale, nous avons travaillé ce sujet. On ne peut pas mettre une caravane à la fourrière car on n’est jamais certain qu’il ne reste pas quelqu’un dedans voire un chien. Léga- lement, c’est compliqué et il faut leur trouver une solution” dit la Ville. Les services techniques ont par exemple attendu la fin de la trêve hivernale pour enlever une caravane laissée à l’aban-

née, proche de la ville, ensoleillé, à quelques pas du Doubs ? LaVil- le confie son impuis- sance : “Nous n’avons pas les moyens pour le moment de les faire par- tir. Il faudrait prendre par exemple un arrêté pour interdire les cam- ping-cars ou les véhi- cules aménagés.La pro- blématique de ces caravanes et mobile- homes a été soulevée en janvier dernier. Un groupe de travail a été créé. Je comprends que

“On va se faire dépouiller dans un camp de gens du voyage.”

Made with FlippingBook Annual report