La Presse Bisontine 187 - Mai 2017

La Presse Bisontine n° 187 - Mai 2017

7

l Besançon

Plus de 3 000 logements neufs à venir La production de logements neufs explique en partie la baisse des loyers Le marché immobilier est toujours à l’équilibre à Besançon. La construction de logements neufs, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne fait pas monter les prix des loyers, au contraire. Explications.

quement Fabrice Jeannot, le président régional de la fédération des promo- teurs immobiliers. Et l’explication est logique. Depuis une bonne dizaine d’an- nées, des dispositifs d’incitation fisca- le existent pour les investisseurs qui sont soumis en contrepartie à des pla- fonnements de loyers. Ces plafonne- ments de loyers dans le neuf entraî- nent par ricochet un tassement des loyers y compris dans l’ancien qui s’aligne à la baisse.” Sur le Grand Besançon, environ 1 000 unités d’habitation nouvelles sont mises sur le marché tous les ans et sur ce millier, 60 à 70 % sont destinés aumar- ché locatif, soit 600 logements envi- ron, et donc 6 000 sur dix ans. Com- parés aux 35 000 appartements locatifs existants sur le Grand Besançon, ces nouveaux logements au loyer plafon- nés à 8 ou 9 euros le mètre carré repré- sentent donc environ 20 %. “Ce volu- me de logements plafonnés fait donc baisser la moyenne générale qui est à peu près à 11 euros le mètre carré” pour- suit M. Jeannot. On arrive même à des situations où un appartement ancien se loue parfois plus cher qu’un cher pourtant mieux isolé et moins éner-

givore. “Le plafonnement des loyers décidé par les dispositifs type Pinel aujourd’hui participe donc à la bais- se générale des loyers. Et c’est une bon- ne chose” résume le professionnel. En somme, le marché du neuf, plutôt que d’enrayer le locatif, le régule. L’Agence départementale d’informa- tion sur le logement (A.D.I.L.) qui elle aussi tient un observatoire des loyers sur le Grand Besançon, a une autre interprétation de la baisse des loyers. “S’il peut s’agir d’une “bonne nouvel- le” pour les locataires, ce recul peut aussi être interprété, s’il s’avérait durable, comme un phénomène inquié-

tion à une morosité économique sans réelle perspective d’amélioration, l’in- certitude demeure totale quant à l’évo- lution à venir dumarché locatif à Besan- çon” estiment les professionnels de l’A.D.I.L. Une interprétation que réfu- te donc le président des promoteurs qui estime qu’avec l’augmentation des logements devenus inhabitables fau- te d’entretien dans des copropriétés vieillissantes, ajoutée à la hausse annuelle de 2 000 habitants dans le Grand Besançon, “il y aura toujours besoin de nouveaux logements. Une vil- le qui ne construit plus est une ville qui meurt.” On considère par ailleurs qu’une uni- té d’habitation, ce sont 2,5 emplois à la clé. “Et le fait de produire du neuf oblige les propriétaires d’ancien à enga- ger des travaux d’amélioration de leurs logements. Au final, le consommateur est toujours bénéficiaire.” Sur Besançon, entre les programmes privés et la politique d’urbanisation de certains quartiers (Vaîtes, Vau- ban…), plus de 3 000 logements neufs vont être construit ces prochaines années. n J.-F.H.

L e taux de vacance sur le mar- ché locatif bisontin est stable, autour des 7 %, et en des- sous de la moyenne natio- nale à 8,5 %. Le montant des loyers, on l’a vu, est également stable

et même plutôt orienté à la baisse. La surabondance de biens est-elle à l’ori- gine de ce fléchissement des tarifs de location ? Le marché locatif bisontin est-il menacé par un excès de loge- ments neufs ? “Non, répond catégori-

tant car potentielle- ment “inhibateur” de l’investissement loca- tif, qu’il s’agisse de création ou de réno- vation de logements. Dans un contexte de restructuration terri- toriale d’ampleur (regroupement régio- nal), dont les consé- quences pour Besan- çon ne sont pas encore connues, en associa-

“Une ville qui ne construit plus est une ville qui meurt.”

La production de logements neufs explique en partie la baisse des loyers car souvent les loyers sont encadrés par le dispositif Pinel notamment. l Tendance Le neuf pas beaucoup plus cher Le neuf en passe de tuer l’ancien Louer un bien datant

trouve une raison simple à cela : les prix des loyers. “ Le neuf n’est guère plus cher voire moins cher que l’ancien, cela est dû au plafond de loyer dans le cadre des programmes de défiscalisa- tion, surtout si vous mettez les charges en face. Nous avons une forte deman- de dans ce type de bâtiment B.B.C. On s’aperçoit que les locataires sont beau- coup plus réceptifs quant à la consom- mation énergétique” poursuit le pro- fessionnel. Le neuf attire, c’est logique, au détriment de l’ancien. Sur un T4

M is à part le bâtiment “Le Président” avenue Den- fert-Rochereau, il est deve- nu compliqué de louer un appartement dans l’ancien à Besan- çon. “Ça se loue, mais difficilement. Là où je mettais deux mois pour louer, je mets quatre mois voire plus si le loge- ment n’a pas été rénové” témoigne un professionnel de l’immobilier. À Square Habitat Besançon, spécia- liste de la location pour les particu- liers et les entreprises, on se rend comp- te que les logements neufs ou très récents trouvent très vite preneur : “Lorsqu’un propriétaire nous manda- te pour louer son bien neuf, on a déjà le locataire” explique Frédéric Vermot, directeur de l’agence Square Habitat rue de la République. Le spécialiste des années soixante-dix à Besançon est devenu difficile, notamment en centre-ville. Un phénomène nouveau.

des années soixante, la facture énergétique peut être 80 % plus chère que pour un logement neuf. Faute d’avoir tardé à rénover, des bailleurs se retrouvent le bec dans l’eau notamment en centre-ville. Le neuf répond aussi à de nou- veaux standards et à des lieux géographiques. “Un T2 aux Hauts-du-Cha- zal, vous trouverez dif- ficilement alors qu’un T2 identique à Micaud, vous trouverez plus faci-

Les logements

Les “vieux” appartements du centre-ville ou des années soixante en location subissent de plein fouet l’arrivée du neuf.

neufs loués avant d’être livrés.

à la location notamment au-dessus des Clairs-Soleils, en direction de Bregil- le. Est-ce peut-être l’occasion de profi- ter de la vacance locative pour réno- ver, remettre aux normes, baisser le loyer ? La question mérite de se poser lorsque l’on sait qu’un loyer sort à 8,75 euros dum 2 (pour un appartement sans terrasses) grâce au Pinel. n

lement” indique une agence immobi- lière qui s’inquiète. Le départ de la faculté de médecine du centre-ville et le développement des Hauts-du-Cha- zal ont nourri encore davantage cet afflux pour ces zones périphériques au détriment du centre. “Les locataires deviennent de plus en plus exigeants, et c’est bien normal. Plus personne ne

veut résider dans un grenier au centre- ville.” 3 000 logements neufs supplémentaires arriveront dans les prochaines années sur lemarché bisontin (lire par ailleurs). Une bonne nouvelle pour les futurs locataires, moins bonne pour ceux qui possèdent des mètres carrés dans la Boucle. Des secteurs sont en difficulté

Made with FlippingBook Annual report